De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Entre recul de l’âge légal de départ à la retraite, augmentation de la durée de cotisation et suppression des régimes spéciaux, la réforme des retraites prévoit un grand nombre de changements pour les Français. Souvent évoquée, la question de la pénibilité revient dans les débats pour des travailleurs inquiets des futures conséquences sur leur qualité de vie. Alors que le dispositif actuel rend déjà complexe la prise en compte de la pénibilité, qu’est-il prévu pour son amélioration dans la prochaine réforme des retraites ?
Réforme des retraites : une pénibilité mal reconnue ?
Malgré les annonces du gouvernement et un ensemble de communications voulues rassurantes, les Français craignent l’avenir de leur quotidien professionnel, notamment dans le cadre des métiers pénibles. Si l’exécutif assure vouloir “améliorer la prise en compte de la pénibilité” au travail, dans les faits, l’ensemble des procédures mises en place depuis 2017 connaît des ratés. Comme le rappelle Le Monde, les syndicats ont évoqué, après la présentation du projet de loi le 23 janvier, des dispositifs existants progressivement mis à mal depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.
En 2014, la loi Touraine avait ainsi créé le Compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), qui permettait aux salariés exposés à des conditions de travail difficiles de cumuler des points de financements de formations, mais aussi un temps partiel sans baisse de salaire et un départ à la retraite deux ans plus tôt. Parmi les dix facteurs de risques, le gouvernement d’Emmanuel Macron en a retiré quatre, excluant, dès lors, des travailleurs comme les déménageurs, les ouvriers du bâtiment ou les coiffeurs.
Réforme des retraites : la création d’un Fonds d’investissement pour la pénibilité
Afin de pallier ces manquements, le gouvernement a choisi d’intégrer pleinement la notion de pénibilité dans la prochaine réforme des retraites. Il mentionne trois “risques ergonomiques” représentés par le port de charges lourdes, les postures pénibles et les vibrations mécaniques. Ceux-ci font désormais partie d’un nouveau Fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle.
L’exécutif précise qu’il “aura pour mission de cofinancer avec les employeurs des actions de prévention (sensibilisation, aménagement de postes, formation et reconversion) au bénéfice de ces salariés exposés”. Ce changement ne s’accompagne pas pour autant d’une nouvelle possibilité de partir à la retraite avant l’âge légal. Ce Fonds d’investissement pour la pénibilité sera doté d’un milliard d’euros.
Réforme des retraites : d’autres changements majeurs pour la pénibilité
Grâce à la nouvelle réforme des retraites, le calcul des points pénibilité pour les salariés exposés aux facteurs de risques du C2P va être modifié. Il est prévu que le seuil du “travail de nuit” baisse de 120 à 100 nuits alors que celui du “travail en équipes successives alternantes” va évoluer de 50 à 30 nuits. Au total, ce sont environ 60 000 personnes qui vont entrer dans le C2P.
Le gouvernement projette également de déplafonner les points du C2P. La réforme des retraites devrait ainsi permettre aux salariés de cumuler plus de 100 points au cours de leur carrière, ce qui n’était pas autorisé jusqu’alors. Un suivi médical renforcé va parallèlement être mis en place avec une visite obligatoire de fin de carrière à 61 ans dans la perspective de favoriser un départ anticipé à 62 ans.