De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Un allongement de la durée des cotisations
Pour la première fois, un gouvernement de gauche va devoir s’attaquer à l’une des réformes les plus impopulaires et les plus douloureuses : celle des retraites. La réforme Fillon de 2010 ne sera pas suffisante pour combler le déficit du système de pensions estimé à 20 milliards d’euros d’ici 2020. Le gouvernement se prépare donc à adopter de nouvelles mesures. Ce lundi, Jean-Marc Ayrault a pris la température en rencontrant les partenaires sociaux. Prochaine étape, la grande conférence sociale prévue les 20 et 21 juin prochains.
Début juin, la commission d’experts présidée par Yannick Moreau, anciennement à la tête du Conseil d’orientation des retraites, devrait également remettre à l’exécutif une feuille de route avec plusieurs scénarios possibles. Le gouvernement devra ensuite prendre rapidement sa décision, l’objectif étant que le texte de loi atterrisse sur le bureau du Parlement avant la fin de l’année. Parmi les options possibles, celle de l’allongement de la durée de cotisation. Elle est actuellement de 41,5 années, et pourrait donc être progressivement augmentée. « Comme on vit plus longtemps, il va falloir avoir des durées de cotisations plus longues » avait déjà indiqué François Hollande.
Le MEDEF se dit lui favorable à une durée de cotisations de 43 ans. Elle pourrait passer, selon Europe 1, à 44 ans. De son côté, le COR préconise un allongement par étapes (42 ans pour les personnes nées en 1962, 43 ans pour celles nées en 1975, 44 ans pour celles nées en 1989 et 44,75 ans pour celles nées en 2000), mais prévient déjà : cette mesure seule ne sera pas suffisante pour rétablir l’équilibre.
Report de l’âge légal de départ
François Hollande n’y est pas favorable et Jean-Marc Ayrault l’avait réaffirmé en mars dernier : « Nous ne toucherons pas à l’âge légal de la retraite » avait-il indiqué au JDD. L’âge légal du départ à la retraite est actuellement fixé à 62 ans. Si le gouvernement n’entend pas, a priori, relever le repousser à nouveau, augmenter la durée de cotisation revient de fait, pour les salariés, à décaler le départ à la retraite : s’il faut cotiser plus longtemps pour toucher une retraite à taux plein, il faudra donc partir à la retraite plus tard. De son côté, le MEDEF, s’il est contre une hausse des cotisations ou une baisse du montant des pensions, estime que c’est un mal nécessaire.
« Notre préconisation est d'allonger la durée de cotisation à 43 ans d'ici à 2020 et de repousser l'âge légal de la retraite à au moins 65 ans à l'horizon 2040 » a déclaré Laurence Parisot.
Désindexer les pensions
Il s’agit ici de ne pas calquer la revalorisation des retraites sur l’inflation. Une mesure qui a déjà été adoptée pour 2013, 2014 et 2015, pour tenter d’enrailler le naufrage des régimes complémentaires, mais qui pourrait être généralisée. Un point de revalorisation en moins permettrait en effet de faire environ un milliard d’euros d’économie. Une solution synonyme d’économies à court termes, mais qui équivaut aussi, si elle ne signifie pas une baisse officielle des pensions, à une baisse du pouvoir d’achat des retraités.
Pour que les retraités les plus modestes ne soient pas plus pénalisés, François Hollande souhaite fixer des garde-fous : ne pas toucher aux plus petites retraites et garantir le niveau actuel des pensions.
Les fonctionnaires seront-ils concernés ?
C’est une épineuse question, à laquelle le gouvernement a l’habitude de botter en touche. Soumis à un régime différent, les fonctionnaires seront-ils eux aussi touchés par la réforme ? Le gouvernement ne s’est pas clairement exprimé sur le sujet. Pour le patronat pourtant, tout le monde doit participer à l’effort, les salariés du régime général, comme les régimes spéciaux. « Nous n'avons plus les moyens de nous permettre des réformettes étant donné la gravité de la crise actuelle. Il faut revenir sur les 35 régimes différents » a estimé Laurence Parisot.
Dans les faits, les fonctionnaires ont tendance à partir à la retraite plus tôt que les salariés du privé (58,8 ans en moyenne contre 62,2 ans dans le privé), et touchent généralement une pension plus élevée. Les règles de calcul leur sont également plus favorables : la pension des fonctionnaires est calculée en fonction du salaire de leur six derniers mois d’activité, contre les 25 dernières années pour les salariés du privé.
Que touchent les retraités aujourd’hui ?
Une étude du ministère des Affaires sociales sur « les retraités et les retraites » comptait en 2011 environ 15 millions de retraités français. Tout régime confondu, la pension moyenne de ces retraités était de 1 256 euros par mois. Dans le détail, les anciens salariés du privé, soumis au régime général, touchaient environ 10 756 euros par an pour les non-cadres, et 20 000 euros pour les cadres.
Les fonctionnaires d’État touchaient eux une pension annuelle moyenne de 22 983 euros. Un ancien agent de la SNCF, soumis à l’un des nombreux régimes spéciaux existants, touchait lui environ 22 769 euros.