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Cela fait plus d’une semaine, désormais, qu’a débuté l’offensive russe en Ukraine. Mercredi 2 mars 2022, les bombardements se poursuivaient dans certaines villes du pays, dont Kharkiv et Kiyv, informe BFMTV. Le conflit a déjà jeté près d'un million de personnes sur les routes d’après l’ONU, fuyant la guerre. Une situation dramatique, qui ne peut que peser sur l’élection présidentielle, dont la tenue est prévue le 10 et le 24 avril prochain. Le président de la République, très occupé par la gestion de cette crise, ne s’est toujours pas formellement porté candidat.
Certains candidats, rapportent France Info, refusent catégoriquement d’annuler leurs meetings. C’est le cas de Valérie Pécresse, mais aussi d’Eric Zemmour qui estime que la France n’étant pas "un pays belligérant", la campagne a toutes les raisons de continuer. Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon ont eux aussi continué à rassembler les leurs. Mais peut-on vraiment penser que les choses ne changeront pas ? Quelques-unes des figures marquantes de cette élection sont d’ores et déjà taxées de postures pro-Russes qu’il pourrait être difficile de démentir…
Élection présidentielle : quel sera l’impact de la guerre en Ukraine ?
Sur le plan purement politique, estime le politologue Christophe Bouillaud, la guerre en Ukraine devrait avoir un impact conséquent : elle pourrait bien geler le tableau d’ores et déjà brossé par les candidats. "Le conflit ne restructurera pas le paysage politique français. Les rapports de force déjà établis ne devraient pas beaucoup bouger, ce qui veut dire que ce n’est pas une situation qui profitera à l’une ou à l’autre des figures déjà en lice. A l’exception d’Emmanuel Macron qui verra probablement sa propre dynamique se renforcer", indique en effet le chercheur, qui enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques (Sciences-Po) de Grenoble. Ce que le président sait probablement, note Le Figaro, qui rappelle combien le chef de l’Etat aime à se présenter en "capitaine des temps de tempêtes", en "gestionnaire de l’imprévu". Il a d’ailleurs, poursuit le quotidien national, bondi dans les études d’opinion… Reste à savoir, dès lors, s’il aura de nouveau l'occasion d’être élu. Peut-on vraiment maintenir l’élection présidentielle dans un pareil contexte ? La question doit être posée.
Guerre en Ukraine : faut-il s’attendre à l’annulation de l’élection présidentielle ?
D’aucuns estiment désormais, c’est le cas des Echos, qu’Emmanuel Macron écrase l’élection présidentielle qui approche à grand-pas. Mais pourra-t-on vraiment maintenir le scrutin en avril prochain ? Pour Christophe Bouillaud, trois scénarios sont possibles.
"Rappelons d’abord que le droit constitutionnel ne prévoit rien de particulier pour ce type de situations. Cela signifie donc qu’il n’est théoriquement pas possible de reporter l’élection présidentielle", explique-t-il d’entrée de jeu en réponse à l’interrogation soulevée par de nombreux internautes depuis les débuts du conflit. "Si la France devait s’engager dans le conflit du fait d’une attaque portée par la Russie contre un des pays de l’OTAN, par exemple, l’état de guerre viendrait certainement suspendre toutes les procédures en cours. Malheureusement, c’est une possibilité que l’on ne peut pas ignorer", juge en effet l’enseignant-chercheur. "La Russie a tendance à faire monter les enchères très vite. Le scénario n’est pas complètement improbable".
Avant d’en arriver à de telles extrémités, il faut aussi prendre en compte les autres pistes probables. "Le scénario le plus optimiste consiste encore à pouvoir mener l’élection présidentielle, que le contexte d’extrêmes tensions internationales ne peut que bouleverser. Cependant, il est aussi envisageable que la Russie mène contre la France et ses infrastructures une cyber-guerre susceptible de beaucoup perturber la vie économique et sociale du pays. Auquel cas, le gouvernement pourrait être tenté de faire jouer l’article 16 de la Constitution pour enjamber le scrutin jusqu’au retour de la paix", note encore le politologue.
Guerre en Ukraine : quid des législatives ?
L’élection présidentielle n’est peut-être pas la seule a s’avérer menacée. D’autres scrutins pourraient l’être également, si le conflit perdurait. "En temps de guerre, on ne tient pas d’élection. Toutes les précédentes présidentielles ont échappé à ce genre de contextes, ce qui fait de ce qui se passe en ce moment une situation aux circonstances exceptionnelles", souligne d’entrée de jeu Christophe Bouillaud, pour qui un parallèle peut être dressé avec les législatives de 1940.
"En 1940, les législatives ont été repoussées. Elles n’ont finalement jamais eu lieu, car en temps de guerre on ne pouvait tout simplement pas les faire. Aujourd’hui, il est encore possible que la situation se dégrade entre la tenue de l’élection présidentielle et celles des législatives. Auquel cas, les parlementaires qui siègent aujourd’hui à l’Assemblée nationale pourraient y rester. Au moins jusqu’au retour de la paix", analyse le spécialiste.