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C'est peu dire que le résultat du scrutin ce mercredi 26 juillet était attendu. Avec 80% des voix par scrutin électronique et sans l'ombre d'un suspens, le député de la première circonscription parisienne Sylvain Maillard a été élu à la présidence du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. Il triomphe de Frédéric Descrozaille, député du Val-de-Marne qui a peiné à convaincre les députés de la Macronie. Considéré par beaucoup comme favori, le poulain d'Aurore Bergé, nommée ministre des solidarités la semaine passée, devrait incarner la continuité et la stabilité, alors que l'automne qui se profile promet de nouveaux challenges pour le camp présidentiel.
La continuité, c'est lui
Même son rival l'a reconnu : "Voter pour Sylvain, c'est voter pour la continuité", estimait Frédéric Descrozaille à franceinfo mardi. Et pour cause, Sylvain Maillard a officié un temps en tant que vice-président du groupe Renaissance, numéro 2 et bras droit d'Aurore Bergé. Il a "largement fait le job en tant que vice-président ", concède d'ailleurs Frédéric Descrozaille, jusqu'à remplacer en intérim la désormais ministre des Solidarités lors de son congé maternité en novembre dernier. Pendant la réforme des retraites, il a été chargé de coordonner le groupe Renaissance lors de l'examen de la loi par l'Assemblée. Une opération sous tensions, quand on sait que la tentation était grande chez certains députés du groupe de voter contre le texte, avant qu'un passage en force ne soit décidé le 16 mars par Elisabeth Borne via le 49.3.
A droite puis au centre
Natif du Val-de-Marne et Chiraquien dans sa jeunesse, Sylvain Maillard a été encarté successivement à l'Union pour la démocratie française (UDF), au Nouveau Centre puis à l'Union des démocrates et indépendants. "Fondamentalement, j'ai toujours été centriste", affirme-t-il au Parisien en juin 2017. Campé sur la liste de Delphine Bürkli, qui a pris la mairie du 9ème arrondissement en 2014, il a ensuite évolué en tant qu'adjoint à la maire et conseiller d'arrondissement pendant six ans. En 2016, dans les premières heures de la Macronie, il rejoint le futur président et devient un des porte-parole de la campagne de l'ancien ministre de l'Economie qui décolle. C'est sous l'étiquette LREM qu'il est élu au premier tour député de la première circonscription de Paris cette année-là, un poste qu'il se verra confirmer en second tour en 2022.
Un entrepreneur embarqué dans l'affaire des "Pandora papers"
Le nouveau président de Renaissance présente un profil hybride, à mi-chemin entre le privé et le public, puisqu'il se revendique lui-même sur son site internet "entrepreneur dans l'âme". Il a crée à l'aube du millénaire la société Alantys Technology, qui commercialise des composants électroniques. "Sylvain est quelqu’un qui a un très fort leadership. C’est un chef d’entreprise, il sait manager, il a le sens de la communication, il est très présent dans l’Hémicycle et il sait répondre aux oppositions", salue le président Renaissance de la commission des affaires économiques, Guillaume Kasbarian. Un chef d'entreprise qui a aussi été mis en cause dans l'affaire des Pandora papers, révélée par Le Monde en 2021. L'enquête menée par le Consortium international des journalistes d'investigation révélait la création en 2010 aux Seychelles d'une société offshore créée par des Français, parmi lesquels Sylvain Maillard et le co-créateur d'Alantys Technology, condamné dans cette affaire pour contrefaçon et préjudice commercial . La société a, elle, été jugée complice. Sylvain Maillard a de son côté plaidé l'innocence, argant qu'il ne savait rien de la société aux Seychelles. Il a porté plainte pour diffamation contre Le Monde. "J’ai eu une vie d’entrepreneur avant, j’aurai une vie d’entrepreneur après", déclarait le député sur BFMTV en 2017.
Les challenges qui l'attendent
On l'a choisit pour la continuité, et pour l'autorité. Après le vote sanction de 2022, qui a acté pour le camp présidentiel la perte de la majorité absolue, puis les vélléités de scission dans le groupe Renaissance en mars dernier, Sylvain Maillard aura la très lourde de tâche de préserver ce qui reste de consensus dans la majorité. Successeur naturel d'Aurore Bergé, le député doit camper l'autorité de sa prédecesseure, tout en attisant moins de critiques que la nouvelle ministre des Solidarités, accusée de fonctionnement "clanique". "Sylvain Maillard a compris qu’il fallait faire une force des différentes sensibilités qui existent dans le groupe, là où on a souvent cherché à les éteindre", assure la députée Renaissance des Yvelines Nadia Hai. Et il faudra que cela aille vite, car l'automne arrive, et avec lui l'examen à l'Assemblée de deux projets de loi de finances, du projet de loi sur l'immigration et de la loi de programmation sur l'énergie et le climat. Rien que ça.