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Secret défense : les nombreux journalistes que la DGSI a décidé de faire convoquer
Ariane Chemin, à l’origine des révélations sur l’affaire Benalla, est peut-être la plus connue. Elle fait partie des nombreuses et nombreux journalistes à avoir été convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à la suite d’enquêtes menées sur des sujets sensibles aux yeux de l’Etat, rapporte le portail orange, avec l’AFP. Sont également concernés Valentine Oberti, une journaliste de Quotidien, et plusieurs autres en provenance du nouveau média d’investigation Disclose.
"Si on fait le compte, à notre connaissance, huit journalistes [ont été] convoqués, interrogés par la police en quatre mois", estimait d’ailleurs Valentine Oberti, qui enquêtait sur les échanges d’armes entre la France et l’Arabie Saoudite. Elle a été convoquée le 15 février et, selon elle, il s’agit "clairement" d’une procédure d’intimidation visant à identifier les sources des journalistes.
C’est sur un sujet comparable qu’enquêtaient les trois journalistes de Disclose et de Radio-France qui ont été convoqués, puisqu’ils travaillaient sur l’exportation d’armes françaises employées au Yémen. Ils ont tous dénoncé une "tentative d’intimidation". Un autre encore, travaillant toujours pour le nouveau journal d’investigation, sera entendu par la DGSI le 28 mai.
De son côté, Ariane Chemin, qui écrit pour Le Monde, sera convoquée le 29 mai, rappelle RTL. On lui reproche d’avoir révélé "l’identité d’un membre des unités des forces spéciales. La plainte aurait été déposée par Chokri Wakrim à la mi-avril, d’après des sources concordantes. "Cette enquête vise notamment nos informations sur le profil d’un sous-officier de l’armée de l’air, Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-cheffe de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout", confirme en effet le directeur de la rédaction du Monde.
Secret défense : quid de la protection des sources ?
Face au véritable tollé provoqué par cette série de convocations, le gouvernement a fini par sortir de sa réserve. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, s’est notamment exprimée sur Europe 1. Elle a justifié les événements par le besoin de "protéger un certain nombre de données nécessaires à des activités de défense", non sans estimer que les journalistes sont "des justiciables comme les autres".
"En tant que témoin notre journaliste ne pourra pas être assisté d’un avocat. Il ne pourra pas non plus faire valoir le droit droit au silence. Mais en tant que journaliste, il pourra invoquer le secret des sources", indique cependant le site d’investigation, qui dénonce une "nouvelle tentative du parquet de Paris de contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse et la protection des sources".
Secret défense : de nombreuses réactions
Des inquiétudes partagées par tout un pan de la profession, y compris par la rédaction de Planet, qui tient d’ailleurs à témoigner son soutien aux confrères et aux consoeurs convoqués par les services de l’Etat.
Du SNJ-CGT à Mediapart, en passant par la CFDT-Journalistes aux différents collectifs de sociétés des journalistes (SDJ), les réactions ont été nombreuses. Fabrice Arfi, co-responsable des enquêtes chez Mediapart, signe plusieurs tweets à ce sujet.
"Le secret-défense ne saurait être opposé au droit à l’information, indispensable à un débat public digne de ce nom, ni servir d’épée de Damoclès pour dissuader les journalistes d’enquêter", souligne pour sa part un collectif de SDJ, rejoint par l’AFP.
A gauche, le PS s’est également positionné sur la question, prenant la défense de la presse. Boris Vallaud, porte-parole du parti, a déclaré être "très préoccupé de la multiplication de ce type de convocations" et n’hésite pas à parler d’une "dérive inquiétante des pratiques du pouvoir".
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