De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
L’image était pourtant belle, à un mois et demi des élections régionales : François Hollande s’invitant (avec quelques caméras) chez Lucette, une habitante de Meurthe-et-Moselle, pour prendre un café et deviser.
Seulement, comme l’a révélé l’intéressée à BFMtv quelques jours après, tout n’était qu’une mise en scène, du décor (fleurs, tasses, chaises) provenant de la mairie socialiste jusqu’aux questions qui étaient pour certaines interdites, d’autres prévues la veille. Même Lucette a été choisie pour sa proximité avec le maire (PS) de sa ville, Vandœuvre-lès-Nancy.
Un coup de communication – à cinq semaines des régionales – aux allures de "villages Potemkine", qui a beaucoup écorné l’image du président de la République et qui traduit surtout sa boulimie de communication depuis ces quelques jours.
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Rien que pour le mois d’octobre, on ne compte plus les déplacements de François Hollande sur le terrain avec parfois des fausses notes, comme le 20 octobre à La Courneuve, où il a été copieusement hué, ou encore le 13 octobre lorsqu’un syndicaliste a refusé de lui serrer la main, une image abondamment relayée dans les médias.
Mais bien souvent, les sorties de François Hollande sont l’occasion de bains de foule où le chef de l’Etat sacrifie un peu à sa stature présidentielle pour prendre des "selfies", cette nouvelle mode chez les jeunes qui consiste à se prendre soi-même en photo…
Hollande cible toutes les catégories
Car la cible de choix de la communication de François Hollande reste la jeunesse. Aussi a-t-on appris en début de semaine que le président de la République allait ouvrir un compte Snapchat, l’application de partage de photos à durée limitée. Un réseau social plutôt utilisé par les jeunes qui s’envoient des photos quelconques, voire des clichés coquins… Avant Snapchat, François Hollande avait (en plus de Twitter et Facebook) ouvert un compte Instagram, le réseau social de partage d’image (cette fois-ci restante), régulièrement alimenté de photos mettant en scène le président de la République. Quelques temps auparavant, il avait été l’invité de l’émission Le Supplément, sur Canal +, en compagnie de plusieurs étudiants qui l’avaient interpellé sur divers sujets.
Mais François Hollande ne s’arrête pas aux adolescents, puisqu’il a aussi invité fin août à l’Elysée de nombreux enfants et une caméra de l’émission enfantine Gulli avec quelques instants d’anthologie, quand par exemple une fillette lui demande : "Ça ne vous gêne pas de vivre dans l’or comme ça ?"
François Hollande a aussi beaucoup étonné en accordant des interviews à des magazines spécialisés et pas vraiment grand public, tel Society, un magazine "branché" pour les 25-35 ans, ou encore Le Chasseur français, un magazine qui, comme son nom l’indique, s’adresse aux chasseurs…
Gaspard Gantzer, le "monsieur communication de l’Elysée"
Le président de la République a aussi beaucoup ouvert l’Elysée aux caméras pour faire des reportages, ici pour Canal +, là pour M6, ou encore pour France 3, parfois pendant plusieurs mois. Le dernier en date, "Un temps de président" diffusé sur le service public, avait montré l’importance de la communication dans la vie présidentielle, et notamment le rôle de Gaspard Gantzer, "le monsieur communication de l’Elysée".
Dans le reportage, il est omniprésent, l’œil toujours rivé sur les réseaux sociaux tandis que son oreille est occupée par son téléphone portable. Et la critique n’a pas manqué à la sortie du documentaire ; d’aucuns y ont vu François Hollande comme le pantin de Gaspard Ganter et davantage obsédé par son image que par l’exercice du pouvoir.
"Cette frénésie de déplacements est surréaliste", s’agace un ministre
Une stratégie de la reconquête par l’hypercommunication qui commence à se retourner contre le président alors que celui-ci ne décolle toujours pas dans les sondages (20 % de bonnes opinions). "Il saute sur tout ce qui bouge, soupire au Figaro le député PS Christophe Caresche. Ce suractivisme communicationnel a des effets pervers : mettre en scène son impopularité et banaliser sa parole." Un ministre, également interrogé par le quotidien de droite, réagit aussi : "Cette frénésie de déplacements est surréaliste et rend illisible son action. En période de crise, plus vous vous agitez, plus vous faites peur. Il faut au contraire faire preuve de maîtrise, rester présidentiel."
Seulement, à l’Elysée et au PS on défend cette stratégie. "Hollande fait ce qu'il sait faire, ajoute un dirigeant PS. Quand il était à 3 % dans les sondages, il a fait toutes les Fêtes de la rose, tous les comices agricoles… Tout le monde disait qu'il était dingo ! À la fin, il est président de la République !", explique un dirigeant PS.
Côté opposition, on raille cette boulimie de la communication à la limite de l’indécence. Tel Eric Ciotti, député (Les Républicains) des Alpes-Maritimes qui critique notamment "l’exploitation médiatique" de l’accident du car de retraités à Puisseguin par le président qui a "transformé l’hommage aux victimes en meeting." "Il banalise sa présence médiatique au risque d'affaiblir encore une crédibilité largement entamée, juge encore le député. Les séquences compassionnelles, les commémorations à répétition, ça le transforme en président de la IVe République, tout juste bon à inaugurer les chrysanthèmes."
"Il donne le sentiment d’un président qui ne sait pas où il va"
Pour le politologue Jean-Daniel Lévy, la communication de François Hollande n’est pas dénuée d’arrière-pensées. "On est dans une période où le président est bas dans les sondages, où il a perdu de nombreux soutiens et dans laquelle il espère reconstruire le lien avec les Français, confie-t-il à Planet.fr. Dans sa ligne de mire, il y a évidemment l’élection présidentielle de 2017, ça ne fait plus de doute."
Seulement, cette hypercommunication peut se révéler une arme à double tranchant. "Dès qu’on a le sentiment que c’est de la communication, et qu’il n’y a pas de prise avec la réalité, comme le cas de Lucette, alors François Hollande perd en crédibilité car il ne donne plus de sens à son action de président de la République.", explique le directeur du département Politique & Opinion de l’institut Harris Interactive.
Pour Jean-Daniel Lévy, cet écueil vient s’ajouter à une critique récurrente adressée au chef de l’Etat : "On ne voit pas la politique qu’il mène. Il donne le sentiment d’un président qui ne sait pas où il va et sa communication au fil de l’eau n’arrange pas la chose."
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