De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Le premier tour de l’élection présidentielle approche à très grands pas. Il ne reste qu’une dizaine de jours, tout au plus, aux Françaises et aux Français qui n’ont pas encore fait leur choix : le 10 avril 2022, il faudra en effet se rendre aux urnes et voter, dans le secret de l’isoloir. Force est de constater, pour l’heure, que plusieurs candidats semblent se démarquer. Emmanuel Macron, le dernier à s’être annoncé, domine les sondages de longue date. Il est suivi de Marine Le Pen (donnée à 20% des intentions de vote, environ), dont l’entourage du président craint la potentielle percée à en croire Europe 1. Derrière eux, en “troisième homme” de l’élection, semble peu à peu s’imposer Jean-Luc Mélenchon, porté par une dynamique qu’illustrent maintenant de nombreuses études. Le candidat insoumis est donné, indique le quotidien Les Echos, à 15% des intentions de vote.
Le programme de Jean-Luc Mélenchon - que d’aucuns ont parfois taché de raccrocher à celui de Marine Le Pen, à commencer par la fille du Menhir elle-même en 2017 - diffère sensiblement de celui du Rassemblement national (RN, ex-FN). L’ancien socialiste prône en effet la sortie du nucléaire, la réduction du temps du travail (c’est-à-dire les 35 heures effectives), la hausse du salaire minimum interprofessionnel de croissance (qu’il entend porter à 1 400 euros nets mensuels, de même que les pensions de retraite les plus faibles pour une carrière complète) ou le retour de la retraite à 60 ans. Il souhaite aussi, informe BFMTV, organiser le rachat de la dette française par la Banque centrale européenne.
Le programme de Jean-Luc Mélenchon est-il dangereux pour les retraités ?
Autant de mesures qui ont de quoi inquiéter les retraités. “Le programme de Jean-Luc Mélenchon est un programme de rupture. Cela signifie que son application engendrerait de potentielles turbulences, comme un conflit avec la BCE, par exemple”, indique l’économiste Alexandre Delaigue, qui a enseigné l’économie-gestion à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et qui est aujourd’hui professeur agrégé à l’Université de Lille 1. “Le fait est que les revenus des retraités dépendent de la stabilité de l'État. C’est pourquoi un projet comme celui de Jean-Luc Mélenchon, en cela qu’il prône une cassure nette avec le monde économique actuel, peut s’avérer effrayant pour l’électorat âgé”, poursuit-il. Et lui de préciser : “En cas de bras de fer perdu avec l’UE ou les marchés, le risque c’est que les retraités se retrouvent à payer les pots cassés”.
D’après l’économiste, qui a signé plusieurs ouvrages, c’est moins le programme en lui-même qui est susceptible d’inquiéter les retraités que les remous qu’il est susceptible de provoquer. Reste à savoir, dès lors, s’il peut-être appliqué !
Jean-Luc Mélenchon : son programme économique est-il viable ?
“D’une manière générale, indépendamment des projets ici présentés, je pense qu’il faut souligner que l’ensemble des programmes portés par les candidats ont peu de chance de survivre très longtemps, après les élections”, annonce d’entrée de jeu Alexandre Delaigue, en guise de préambule. “Le contexte étant ce qu’il est et les programmes étant toujours appuyés sur des visions optimistes de l’avenir, il faudra dans tous les cas s’attendre à ce que la ou le président élu revoit quelque peu sa copie”, détaille-t-il encore.
“Le programme de Jean-Luc Mélenchon ne fait, à mon sens, pas exception. Il s'appuie sur des conjonctions de facteurs très favorables pour fonctionner, mais qui ne sont pas nécessairement des scénarios probables. S’il est élu, il lui faudra faire des choix et prioriser l’action à mener”, poursuit l’économiste.
“Pour justifier la viabilité de son programme, la France Insoumise entend jouer sur la fiscalité afin de dégager les ressources nécessaires. Seulement, voilà : on peut difficilement espérer aller au conflit avec la BCE pour qu’elle rachète la dette française et gagner le bras de fer. Ces trente dernières années, aucune nation européenne n’a su le faire. En outre, la France ne bénéficie pas d’une très grande marge de manœuvre fiscale”, analyse l’économiste.
Et lui de conclure : “L’expérience récente, à échelle européenne, de projets comme ceux-ci est connue. Plus dépenses publiques, des recettes qui n’arrivent pas et les marchés financiers internationaux qui viennent donc arbitrer la création et le financement de la dette nationale”. C’est à ce moment-là, quand l’austérité revient, que les retraités paient les premiers.
Le programme d’Emmanuel Macron ne devrait pas rassurer davantage les électeurs
Emmanuel Macron a fini par faire formellement acte de candidature et dévoile peu à peu son programme. En matière de retraites, il s’est aligné sur la proposition de Valérie Pécresse, pour partie au moins, et envisage donc une transformation paramétrique plutôt que systémique. Il s’agit, cette fois, de faire passer l’âge légal à 65 ans. Pour Alexandre Delaigue, cela aussi a de quoi effrayer certains électeurs.
"N'oublions pas non plus que le projet d’Emmanuel Macron repose en grande partie sur le report rapide de l’âge légal de départ à la retraite. Cela signifie donc que ce sont les quinquagénaires qui vont devoir fournir le gros de l’effort. En outre, le président émane d’une famille politique qui estime que le principal point d’économie possible en France, ce sont les retraites”, rappelle encore l’enseignant-chercheur.