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Il a d'ores et déjà donné ses gages à la droite. Dorénavant, estiment certains commentateurs de la vie politique française, Emmanuel Macron court après sa gauche. Celle qui a, il faut le rappeler, largement contribué à son élection en 2017. Plusieurs signes viennent appuyer l'argumentaire de ces journalistes politiques et autres éditorialistes. Le 8 janvier 2021, rappelle Le Monde, il inaugurait "l'année Mitterrand" en se rendant sur la tombe du premier président socialiste de la Vème République. Après tout, avant son arrivée à l'Elysée, le chef de l'Etat décrivait son ambition pour la France comme un condensé de l'action du général de Gaulle et de celle du fossoyeur du PCF.
"La ligne que je veux avoir pour la France est celle que je qualifierais de gaullo-mitterrandienne : c'est l'indépendance de la France, c'est-à-dire une France forte, qui fasse ses réformes, qui soit crédible et qui soit forte en Europe", expliquait-il en effet à l'occasion du débat de l'entre-deux tour. Depuis, force est de constater que le président s'est davantage adressé à une certaine frange de la population, seulement. Et pas nécessairement la plus à gauche. Mais tout cela pourrait bien être en passe de changer…
Emmanuel Macron cherche à vous reconquérir : renouer avec le "en même temps" ?
C'est que l'hôte de l'Elysée, assure le magazine people Gala, n'hésite plus à "draguer" les Françaises et les Français dans l'espoir de retrouver leurs voix. "Il essaie de capter tous les héritages qui peuvent rapporter gros. Pour plaire à tous ces panels d'électeurs, quand on est 'en même temps', il faut endosser forcément un habit d'Arlequin", analyse pour sa part Catherine Nay, sur Europe 1. Une analyse qui rejoint d'ailleurs celle de Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande. "On a du mal à définir qui il est vraiment", assène-t-il sobrement.
Et les proches du président d'expliquer : "Il est assez adaptable. Il a une fascination pour l'ambiguïté." Mais cette capacité à ne pas tout dire, ou à faire des discours adaptés à son auditoire pourrait peut-être le déservir plus qu'elle ne saurait l'aider à vous séduire à nouveau…
Emmanuel Macron a-t-il raison de jouer sur l'ambiguïté ?
"Quand il s'est présenté en 2017, Emmanuel Macron l'a fait avec deux éléments de positionnement très clairs. Tout d'abord, une volonté de rupture avec la culture des partis constatée en France depuis des années : il a revendiqué sa liberté de penser et le désir de sanctionner les forces politiques qui se sont partagé le pouvoir pendant des décennies. Ensuite, son créneau ouvert, pro-européen et pro-business (sans doute davantage en tant que candidats des entreprises que candidat des riches, à ses yeux)", analyse d'entrée de jeu Emmanuel Rivière, directeur général France de l'institut Kantar, pour qui ces deux aspects ont constitué des composantes essentielles de son succès.
"Pour autant, il apparaît important de rappeler qu'il est théoriquement possible d'être élu sur un créneau, puis réélu sur un autre. Un président de la République a déjà su le faire : il s'agit justement de François Mitterrand. Néanmoins son exploit pourrait être dur à répliquer aujourd'hui. Et pour cause ! A l'époque, le monde politique était très polarisé et il lui était donc possible de s'ouvrir vers le centre gauche, voire une partie de la démocratie chrétienne. Il ne prenait d'ailleurs pas de risque à perdre une certaine gauche, faute de rivaux solide", poursuit l'expert, qui l'assure : Emmanuel Macron doit composer avec une réalité différente.
"Certes, il peut être tentant de se dire que l'on élargit le socle et que l'on cherche à aller plus loin. Sans doute serait-il possible de passer pour un président rassembleur, compte tenu du contexte épidémique actuel. Pour autant le risque de perdre d'un côté ce que l'on récupère de l'ordre est dangereux. Sans positionnement clair pour 2022, sans proposition identifiée, Emmanuel Macron ira au devant d'un gros problème électoral. D'autant plus que jouer les attrape-tout c'est aussi risquer l'accumulation des colères", explique encore le sondeur pour qui il serait dangereux pour le chef de l'Etat de manger à tous les râteliers.
Emmanuel Macron : les dangers de sa stratégie d'ambiguïté
"L'ambiguïté ne peut peut pas être une vertue aujourd'hui", juge Emmanuel Rivière qui estime d'ailleurs que la transparence et la clarté incarnent les seules réponses possibles à "un climat de méfiance à l'égard du politique, perturbé notamment par des bulles de désinformation et des biais d'auto-confirmation de son opinion".
"Il n'est plus possible, dorénavant, de se draper de l'ambiguïté du Sphinx et de se reposer sur la seule autorité de la figure tutélaire, de l'autorité presque régalienne, de l'incarnation de la figure du chef. Si Emmanuel Macron ne le comprend pas, il prend le risque de ne plus être compatible avec le moment politique qui est le nôtre", alerte l'expert.
Est-ce à dire que la ligne du chef de l'Etat n'est pas claire, actuellement ? Pas nécessairement. "Son action politique parle d'elle- même. Il a rapidement entrepris un rééquilibrage vers des politiques libérales, souvent lues comme des politiques fiscales favorables au business ou aux riches, selon la grille de lecture de la personne interrogée. Il a aussi fait le choix de questionner certains mécanismes de redistribution et cela a marqué sa ligne", souligne Emmanuel Rivière, qui estime cependant que le chef de l'Etat peine à incarner certaines des dimensions qu'il voulait pourtant remplir. En tête de liste, l'écologie, les questions régaliennes et… étonnamment, l'Europe.