Dépendance : le Conseil de la CNSA formule ses recommandationsabacapress
Le 27 avril, le conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a formulé ses recommandations pour le financement de la perte d'autonomie.

Dans une interview accordée à Planet.fr, le directeur de la CNSA avait rappelé le rôle de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA): "suite au drame de la canicule de l’été 2003. [...] Il a fallu créer une institution, la CNSA". Ayant un "double rôle", la CNSA réparti les financements pour "les sujets liés à la perte d’autonomie" et fait office aussi "d’agence d’animation" auprès des conseils généraux et des agences régionales de santé.

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Francis Idrac, président du Conseil de la CNSA, et Laurent Vachey, directeur de la CNSA ont présenté le 27 avril les recommandations du rapport annuel pour une politique de prévention au service de l'autonomie, en présence de Jeanine Dujay-Blaret et Jean-Marie Barbier (lire l'interview accordée à Planet.fr), vice-présidents du Conseil.

Elles complètent les réflexions partagées par les membres du Conseil depuis 2006 formulées pour créer ce nouveau champ de protection sociale, et viennent alimenter les travaux engagés par le gouvernement dans le cadre de la réforme de la dépendance.

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Le Conseil souhaite que le rôle que doivent jouer la prévention et les politiques de santé au regard de la perte d'autonomie soit mieux défini. Il veut faire de l'autonomie des personnes âgées et handicapées un objectif à part entière des politiques de prévention et de promotion de la santé, en privilégiant l'amélioration de l'état de santé tout au long de la vie et en ciblant les populations vulnérables et fragiles. Il souhaite que les leviers de l'action fassent l'objet d'un pilotage stratégique régional renforcé et que les missions de chacun des acteurs, dont la CNSA, soient précisées.

Définition de la prévention de la perte d'autonomie

Une politique de prévention de la perte d'autonomie doit avoir pour cible l'ensemble des événements péjoratifs dont la survenue porte ou peut porter atteinte à l'autonomie, définie comme l'exercice de la volonté personnelle et relationnelle des personnes, en tenant pleinement compte des facteurs sociaux et environnementaux.

La prévention de la perte d'autonomie ne se limite donc pas aux risques du grand âge, alors que Roselyne Bachelot avait dit que la réforme ne concernerait pas les handicapés.

L'espérance de vie sans incapacité, un enjeu majeur

Plus que le vieillissement ou l'espérance de vie, c'est l'espérance de vie sans incapacité qui constitue l'enjeu majeur d'aujourd'hui et des années à venir. L'espérance de vie sans incapacité a progressé au même rythme de l'accroissement de l'espérance de vie. Aujourd'hui, après 80 ans, six personnes sur dix sont encore autonomes.

Quatre recommandations

  1. Approfondir la connaissance des déterminants de la perte d'autonomie, de façon à mieux piloter et prioriser la politique de prévention. La connaissance des différents types de handicap et de leurs causes est indispensable à leur prévention. Tout comme peut l'être la connaissance du rôle des déterminants sociaux dans la fragilité des personnes âgées. 
  2. Améliorer l'état de santé tout au long de la vie. L'accès aux soins, à la prévention et à l'éducation à la santé des personnes en situation de perte d'autonomie est, en soi, un facteur de prévention de l'aggravation de leur situation. 
  3. Cibler les actions de prévention en direction des personnes fragiles, vulnérables, qui sont les plus éloignées des démarches de prévention et d'éducation à la santé. En effet, les inégalités sociales se retrouvent non seulement dans l'espérance de vie, mais aussi dans l'espérance de vie sans incapacité. Après 60 ans, les ouvriers et les ouvrières vivront en moyenne plus d'années avec que sans limitations fonctionnelles. Les incapacités les plus sévères occupent 16% de l'espérance de vie des ouvriers à 60 ans et 9% de celle des hommes cadres. Accompagner ces personnes fragiles dans le changement de leurs habitudes de vie constitue un axe majeur. 
  4. Reconnaitre la nécessité d'un pilotage stratégique et régional renforcé. Les axes stratégiques nationaux d'une politique de prévention doivent être mieux affirmés et davantage intégrés aux différentes politiques publiques, tout en étant déclinés en fonction des priorités et des spécificités locales. 

Source: CNSA

Photo: Laurent Vachey, président de la CNSA © Franck Beloncle