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François Fillon et son épouse Penelope sont-ils victimes d’une instrumentalisation politique ? Les doutes viennent d’être ravivés par l’ancienne procureure financière, Eliane Houlette, en charge du dossier Fillon en 2017. Le 10 juin 2020, devant la commission d’enquête parlementaire à l'Assemblée nationale sur "l’indépendance du pouvoir judiciaire", celle qui était à la tête du Parquet national financier (PNF) a dénoncé les "pressions", qu’elle aurait subies de la part de sa hiérarchie, rapporte Le Point.
Passés d’abord inaperçus, les propos tenus par l’ex-magistrate, à la retraite depuis 2019, ont ensuite suscité une vive polémique au sein de la classe politique.
Affaire Fillon : "Lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice"
Les propos d'Eliane Houlette "ont suscité un émoi important" et "sont interprétés par certains comme révélant d’éventuelles pressions qui auraient pu être exercées sur la justice dans une procédure ouverte à un moment essentiel de notre vie démocratique", a déclaré l'Elysée vendredi 19 juin, dans un communiqué.
Ainsi, après deux jours de controverse, l'Elysée précise que le chef de l’Etat saisissait "pour avis" le Conseil supérieur de la magistrature. Objectif : "lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire".
D’après la présidence, Emmanuel Macron a demandé au Conseil supérieur de la magistrature "d’analyser si le parquet national financier a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression, dans le cadre d’un dialogue normal et habituel avec le parquet général".
Affaire Fillon : une "énorme pression"
Durant son audition à l'Assemblée nationale, à la suite de l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les soupçons d'emploi fictif révélés par le Canard enchaîné, Eliane Houlette a expliqué avoir reçu de "très très nombreuses demandes d'information sur l'enquête". Elle a dénoncé "un contrôle très étroit et une pression très lourde" du parquet général. Notamment de sa supérieure hiérarchique, la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault – placée sous tutelle de la chancellerie −, début 2017, lorsque le scandale Fillon a éclaté. Nous sommes alors en pleine campagne présidentielle.
Elle a assuré que le parquet général s’ingérait "au quotidien dans l’action publique" en détaillant que ces demandes étaient "d’un degré de précision ahurissante (…) Je les ai ressenties comme une énorme pression". "On ne peut que se poser des questions", a-t-elle estimé devant les députés.
Toutefois, face aux réactions virulentes qu’ont provoqué ses propos, l’ancienne magistrate a tenu à les éclaircir.
Affaire Fillon : des propos "déformés ou mal compris" ?
A la suite de ces déclarations rapportées dans les colonnes du Point mercredi 17 juin 2020, de nombreux responsables politiques se sont indignés. Notamment au sein de LR, parti dont François Fillon était le candidat à la présidentielle en 2017.
Alors que le jugement de l’affaire Fillon doit être rendu le 29 juin prochain, le député Les Républicains (LR) Eric Ciotti a réclamé au président de la République ce jeudi 18 juin, l’ouverture d’une enquête pour "forfaiture".
Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN), dont les partis sont actuellement visés par des enquêtes du PNF, y voient, eux, la preuve d'un contrôle politique sur la justice, une "instrumentalisation".
De son côté, vendredi 19 juin, Eliane Houlette a "regretté" que ses dires aient été "déformés ou mal compris" : elle a alors tenu à préciser, dans une déclaration à l'AFP, que les pressions évoquées ne portaient "pas sur les faits reprochés à M. Fillon ni sur le bien-fondé des poursuites". Ils "étaient d'ordre purement procédural. M. Fillon n'a pas été mis en examen à la demande ou sous la pression du pouvoir exécutif".