Colocation intergénérationnelle : comment Colette cherche la perle rareIstock
Cette entreprise spécialisée dans la mise en relation entre seniors qui souhaitent louer une chambre et jeunes qui en cherchent une, s'efforce d'associer des couples qui durent. Sa cofondatrice en livre quelques secrets.
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C’est une sorte de “Airbnb” mâtiné de “Meetic”... pour rencontrer des jeunes de confiance à qui on louerait volontiers une chambre. Colette, entreprise française fondée en 2019, facilite la mise en relation entre des seniors vivant seuls et des jeunes qui cherchent à se loger, souvent des étudiants de passage dans de grandes villes à l’occasion d’un stage, ou bien pour y poursuivre des études. Coline Guénel, psychomotricienne de formation, a cofondé l’entreprise avec deux acolytes. 

La” méthode” Colette

Pour tenter de rassurer des seniors plutôt réticents, Colette a développé sa “méthode”. Elle demande à chaque partie de renseigner un questionnaire en ligne avec les habitudes et désirs de chacun. Certains “n’ont pas envie de partager tous leurs repas”, tandis que d’autres souhaitent au contraire passer plus de temps ensemble, indique la cofondatrice de Colette. 

Une fois ces données remplies, les candidats sont invités à se présenter dans une vidéo d’une minute. “Cela permet de faire un premier tri car ceux qui ont la ‘flemme’ d’enregistrer une vidéo ne sont sans doute déjà pas les bon candidat pour la colocation”, note la directrice des opérations. L’une des difficultés consiste à associer entre deux des profils compatibles. Car, si “l’on ne veut pas de n’importe qui chez nous, cela va dans les deux sens”, relève-t-elle. Selon la responsable de Colette, il serait ainsi possible, en une dizaine de jours, de trouver chaussure à son pied. 

Bien sûr, une fois l’affaire conclue, mieux vaut se doter d’un cadre. Les “chartes de cohabitation” sont encouragées. Petit secret de professionnel ? Se r éserver des créneaux horaires pour l’usage cuisine, histoire d’y être un peu tranquille, et que chacun sache à l’avance à quoi s’en tenir. Et si, malgré toute les précautions et les efforts de communication, la cohabitation ne fonctionne pas, il est toujours possible de donner un préavis. Il ne durera qu’un mois). 

Un dispositif encouragé

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Avec l’allongement de la durée de vie, ce type de formule bénéficie du soutien des pouvoirs publics enclins depuis plusieurs années à soutenir les dispositifs permettant aux citoyens les plus âgés de vivre chez aussi aussi longtemps que possible

Ainsi, depuis le vote de la loi Elan (sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) votée en 2018, vous pouvez signer un contrat de cohabitation intergénérationnelle. Les conditions ? Être âgé de “soixante ans et plus” et louer ou sous-louer “à des personnes de moins de trente ans une partie du logement dont elles sont propriétaires ou locataires”, d’après l’article 118-1. 

Colette s’efforce de garantir un loyer “30%” inférieur aux prix du marché, soit 550 euros par mois en moyenne à Paris pour l’équivalent d’un 15m2, mais souvent dans un appartement bien plus vaste (bien moins en province). L’entreprise, qui se rémunère en obtenan t l’équivalent du premier mois de loyer dont la charge est répartie à parts égales entre le locataire et son hôte, sert également de garant pour les jeunes

Des revenus défiscalisés 

Autre point particulièrement attractif, une fiscalité particulièrement avantageuse. En effet, le dispositif prévoit que si les revenus ne dépassent pas 190 euros par m2 de surface habitable par an à Paris (140 euros dans le reste du pays), hors charges, les revenus ne sont pas imposables. Sur l’ensemble des hébergeants concernés, “personne n’a jamais payé d’impôt”, pointe Coline Guénel. 

Contre la solitude et l’isolement

La cheffe d’entreprise pointe aussi les bienfaits de la colocation intergénérationnelle. “Pour certains seniors qui se disent ‘je suis retraité, j’ai l’impression de ne plus servir à rien’, héberger un jeune représente une action très forte puisque 30% des étudiants arrêtent à cause de difficultés financières”. Difficultés très largement affectée par le coût des logements. 

A cela s’ajoutent le maintien de relations sociales, la présence constante à domicile, et parfois des coups de main bienvenus. Si les jeunes occupants hébergés ne sont pas là pour servir d’aidants, “changer une ampoule ou faire les courses de temps en temps”, fait partie du jeu, et “tout le monde s’y attend bien sûr”, précise Coline Guénel. Du reste, il arrive que la prestation de menus services soit formalisée, avec une rémunération en contrepartie. 

De belles histoires 

Surtout, de ces rencontres organisées au départ pour des raisons très pragmatiques naissent parfois de belles histoires d’amitié. Ce fut le cas, raconte Coline Guénel, de Constance, étudiante et de son hôte Bernard, devenus si proche, qu’après quelques années chez lui, elle l’a invité à son mariage.