Les secrets et drames du Club DorothéeAFP
Attaques médiatiques et politiques, manque de budget, arrêt brutal de l'émission… Le Club Dorothée, l'émission de jeunesse phare des années 90, a connu de nombreuses polémiques. Malgré les sourires des présentateurs, de véritables drames se jouaient en coulisses. Révélations.
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Club Dorothée : des dessins animés trop violents

Depuis la sortie du film Nicky Larson et le Parfum de Cupidon mercredi 6 février, le Club Dorothée fait de nouveau parler de lui, le film de Philippe Lacheau étant une adaptation cinématographique d’un dessin animé diffusé dans le Club Dorothée dans les années 90. Dans le film, les références à l’émission de jeunesse culte sont également nombreuses et Dorothée elle-même y fait une apparition.

Mais l’émission, diffusée durant 10 ans, n’a pas été qu’une partie de rigolade entre copains comme elle pouvait le sembler en façade.

De nombreuses polémiques sont en effet venues ébranler l’institution qu’était devenue le "Club Do". La plus récurrente d’entre elles est la violence des programmes qui y étaient diffusés.

Dorothée sommée de s’expliquer sur la violence des dessins animés de l’époque

L’époque du Club Dorothée signe l’installation de l’animation japonaise en France dont on trouve les balbutiements dans les années 80 avec Capitaine Flam ou encore Goldorak, à la fin des années 70.

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Certains dessins animés diffusés dans le cadre de l’émission n’étaient pas destinés à un public jeune, et montraient des scènes violentes, ou à caractère sexuel. Ainsi, Ken le Survivant, Muscleman, Dragon Ball Z, Superboy ou encore Très cher frère ont été pointés du doigt. Cette dernière série, diffusée cryptée au Japon, a particulièrement été décriée en 1993 pour ses contenus évoquant notamment le suicide, à tel point le CSA se saisit du dossier, que sa diffusion est arrêtée et que Dorothée doit présenter des excuses publiques au JT de 20 heures de TF1.

Club Dorothée : les conséquences d'un budget (très) réduit

"Les budgets étaient très réduits" raconte Jean-Luc Azoulay, le producteur du Club Dorothée, dans le documentaire Génération Club Dorothée diffusé en décembre 2014 sur la chaîne D8. "TF1 ne payait pas ça très cher […] il fallait faire ça avec des bouts de ficelle" déclare-t-il, ce qui explique la réalisation de jeux potaches "artisanaux" comme le "Jacky seau" où il fallait deviner à quel moment l’animateur Jacky serait arrosé d’un seau d’eau ou le jeu de la tarte à la crème où les enfants devaient choisir, parmi les trois animateurs de l’émission, celui qui recevrait une tarte à la crème à la figure. 

Ces derniers ne cachaient d’ailleurs par leur lassitude et ne se privaient pas de râler en direct.

"C’était d’un pénible, c’était lamentable" décrivait Corbier en 2014 dans le documentaire Génération Club Dorothée, "mais ça marchait bien donc on continuait à le faire" poursuivait-il.

Ce genre de jeux et gags a alors suscité de nombreuses critiques, le Club Dorothée étant vu par ses détracteurs comme une émission abêtissante.

Le Club Dorothée contre Antoine de Caunes

Souvent montrée du doigt comme une émission abrutissante dans certains médias, le Club Dorothée est loin de faire l’unanimité. Antoine de Caunes a notamment été très virulent envers l’émission et ses animateurs.

Ces derniers décident de répliquer en musique. Les Musclés sortent en 1992 une chanson racontant l’histoire du "méchant Antoine Daicône" révélant au passage un fait peu connu sur l'animateur de Nulle part ailleurs, en effet, ce dernier était l'auteur de plusieurs génériques de dessins animés d’Antenne 2 (Cobra et X-OR) sous le pseudonyme de Paul Persavon.

"À 20 ans sous le nom de Paul Persavon il écrivit pour sa maman tout plein de chansons Hélas trois fois hélas il n’eut aucun succès et c’est depuis qu’Antoine déteste Bernard Minet" peut-on entendre dans la chanson.

Mais l’animosité de l’animateur envers le Club Dorothée pourrait avoir une autre explication, plus personnelle. La mère d’Antoine de Caunes, Jacqueline Joubert, était à la tête de l’unité jeunesse d’Antenne 2 et a lancé Dorothée qui a ensuite quitté la chaîne pour TF1, ce qui a créé une animosité entre la productrice et l’animatrice.

Le Club Dorothée contre Ségolène Royal

En plus des critiques venant des médias, le club Dorothée reçoit également des attaques venant de la classe politique. En 1989, Ségolène Royal, qui est alors députée, publie l’ouvrage Le ras-le-bol des bébés zappeurs traitant des programmes télé jeunesse. Elle y consacre un chapitre au Club Dorothée et interpelle la direction de TF1 à qui elle demande de changer de cap.

Cet affront, les protagonistes du Club Dorothée ne l’ont pas oublié. En 2015, Bernard Minet semble encore avoir du mal à avaler la pilule. Les propos qu’il tient alors dans une interview pour la Chaîne Youtube Génération Club Do font le buzz. Selon lui, si Ségolène Royal n’a pas remporté les élections présidentielles de 2007, ce serait en raison des jeunes téléspectateurs du Club Dorothée qui, vexés depuis l’époque, l’auraient boycottée à l’âge adulte.

"Si elle n’avait pas été aussi virulente contre le Club Dorothée, elle aurait pu gagner la présidentielle en 2007" déclare-t-il avant d’expliquer : "Pour moi, si Madame Royal a perdu les présidentielles de 2007, c'est en partie à cause de ce qu'elle a fait à Dorothée. J'en suis persuadé. C'est peut-être naïf mais l'explication m'amuse. J’ai vu défiler au moment de ces élections, 80 ou 90 % des messages de la communauté de Dorothée". 

"De toutes les méchancetés dont la patronne (Dorothée) a fait l’objet, celles de Ségolène Royal ont été les pires. J’ai récemment relu son Ras-le-bol des bébés zappeurs, que je considère comme le torchon le plus vomitif de l’année 1990. Comment peut-on publier une chose pareille ?" a-t-il affirmé.

Club Dorothée : les vraies raisons de l’arrêt de l’émission

En 1995, il y a de l’eau dans le gaz entre TF1 et AB production. La société qui produit le club Dorothée lance l’offre de bouquet satellite AB Sat qui concurrence TPS, l’offre satellite appartenant à TF1.

En réponse, la première chaîne réduit drastiquement la durée des émissions du Club Dorothée.

En 1996, malgré plusieurs tentatives de renouveler l’émission, la lassitude se fait sentir et deux des cinq animateurs du Club Dorothée (Patrick et Corbier) quittent l’aventure.

"On n'a plus eu les garçons parce que TF1 les trouvait trop vieux. Donc on s'est retrouvées, avec Dorothée, avec moins d'antenne et puis, après, on nous a remerciées" a révélé Ariane Carletti, la complice de Dorothée dans une interview pour MFM Radio en 2014.

En 1997, TF1 n’était plus lié contractuellement avec AB productions, la chaîne décide donc de mettre fin à l’émission mythique malgré les bonnes audiences. La nouvelle est annoncée officiellement en mars 1997 et la dernière émission du Club Dorothée est diffusée en août 1997. 

La fin du Club Dorothée est également synonyme de drame personnel pour l’animatrice star puisque Dorothée apprend le décès de sa mère quelques heures après avoir enregistré sa dernière émission.