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Après une légère accalmie, les affrontements à Kiev entre autorités et manifestants de l’opposition sont repartis de plus belle. Et l’Ukraine continue inexorablement sa sombrée dans le chaos, faisant croître l’indignation des acteurs internationaux. Dernier bilan en date : quelques 25 morts pour 241 hospitalisations lors de très vifs échanges dans la nuit du 19 février, et une capitale aux allures post-apocalyptiques (voir les photos). Un conflit désormais aux airs de guerre civile, dont l’extrême violence semble inadéquate avec tout vœu de dialogue.
Retour sur plusieurs mois de troubles
Depuis fin novembre dernier, le pays est ravagé par des violences plus que croissantes, et s’enlise dans un débat toujours plus stagnant. Cette discorde avait été provoquée à l’origine par l’abandon, le 21 novembre dernier, du projet de ratification d’un accord de libre-échange avec l’Union Européenne. La décision avait provoqué une vive indignation de la part des Ukrainiens pro-européens, qui se s'étaient rassemblés, toujours plus nombreux, sur la place de l’Indépendance, lieu devenu symbolique de l’opposition. A l’origine pacifistes, ces manifestations ont pris peu à peu une tournure toute autre en vue des réponses de Ianoukotitch, répliquant à coups de matraque. Voyant sa légitimité défaillir, celui-ci semble se complaire dans une politique de répression autoritaire et aveugle. Les pavés pleuvent de plus en plus dru, les bombes fument de façon discontinue, et les blessés s’amoncèlent. Après deux mois de violences croissantes, l’atmosphère a connu une accalmie significative suite à la signature, lundi 17 janvier, d’une loi d’amnistie à l’intention des manifestants poursuivis pour leurs actions. La place de l’Indépendance, et tous les bâtiments occupés par les manifestants, avaient été évacués.
Cependant, les événements des dernières semaines ont amené, outre la question de l’UE, celle de la légitimité de l’Etat en place. Une discussion stagnante, qui a entraîné, mardi matin, une manifestation de quelques 20 000 opposants devant le Parlement, alors théâtre d’un vif débat entre députés de l’opposition et partisans du pouvoir au sujet d’amendements constitutionnels visant à réduire le pouvoir du Viktor Ianoukovitch. Se voulant "une offensive pacifiste", le cortège a néanmoins été entravé par les forces de l’ordre. Cette volte-face, opérée avec force gaz lacrymogènes et tirs de flashballs, est pris pour une nouvelle défiance de la part de l’opposition. Sonnant le regain, davantage vivifié, des hostilités.
Un conflit "pavé" de bonnes intentions
Pluie de pavés et de cocktails Molotov répondant à une pluie tout aussi dense de bombes assourdissantes ou lacrymogènes, entre autres tirs de fusils kalachnikov : telle est, depuis maintenant plusieurs semaines, le quotidien des habitants de la capitale. Après une brève occupation du Parlement par quelques 200 opposants, le pouvoir leur lance un ultimatum : peu à peu encerclés, ceux-ci sont sommés de mettre fin aux "troubles" sous 18 heures. Délai qui, une fois expiré, sonnerait l’emploi de "mesures sévères" par le ministère de l’Intérieur, s’annoncant prêt à "rétablir l’ordre par tous les moyens légaux". Une menace au premier abord concluante : les affrontements cessent. Vitali Klitschko, l’un des leaders de l’opposition, prend la parole sur la place de l’Indépendance, et somme les 20 000 manifestants encore présents de se disperser, avouant son impuissance face à la volonté de l’exécutif, et souhaitant à tout prix "eviter de nouvelles victimes". Le calme semble revenir. L’espace de quelques heures seulement.
Quelques jours à peine après sa récupération par les autorités, la mairie de Kiev est reprise par les opposants. Le Pouvoir lance alors une "opération antiterroriste", et prend d’assaut le Maïdan, place centrale de la capitale. Et les engins des forces de l’ordre, fortes de canons à eau et de toujours davantage de bombes lacrymogènes, de lentement pénétrer dans le camp des manifestants, écrasant sans encombre les chétives barricades s’amoncelant çà et là. Les affrontements n’ont cependant toujours pas cessé. Au total, 25 morts, deux camps confondus, sont à déplorer. Parmi les 241 blessés, 79 policiers et quelques 5 journalistes ont été déclarés par le ministère de la Santé.
L’opinion internationale voit rouge
Ce nouveau bilan, qui tendrait à s’accroître, est l’occasion d’un nouvel émoi des acteurs internationaux. Avec, toujours, ce duel de lecture entre Russie et EU-UE. Tandis que le premier, se dédouanant de toute responsabilité, dénonce "une tentative de coup d’Etat", le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, considère que l’"ultime responsabilité des morts et des violences revient au président Ianoukovitch", qui a "du sang sur les mains." L’UE, quant à elle, incitée par Varsovie et soutenue par Laurent Fabius, réclame des sanctions à l’encontre du gouvernement ukrainien, évoquant des "violations des droits de l’Homme". Réunis aujourd’hui, François Hollande et Angela Merkel devraient exprimer un avis convergeant d’indignation au sujet des mesures prises par l’Etat.
Mais les différents partis se retrouvent néanmoins sur l’inadéquation de telles violences avec tout projet de dialogue. Constatant une véritable stagnation de la situation, chaque parti, russe, européen et américain, réclame une cessation sans délai des hostilités, en vue d’accords à l’amiable.
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