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Qui va vraiment bénéficier de la baisse d’impôts annoncée ?
"Il n’y a pas eu de baisses d’impôts de cette ampleur depuis au moins dix ans en France", assure une source gouvernementale au micro du quotidien économique Les Echos. "On baisse massivement des impôts macroéconomiques. Il faut que tout le monde se déploie, qu’on l’explique, qu’on le martèle", aurait insisté le chef de l’Etat lors d’une réunion de l’exécutif. Au total, c’est près de six milliards d’euros d’impôts que les contribuables français ne devraient plus avoir à payer.
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En pratique, cette baisse "historique" reprend plusieurs mesures déjà entamées l’année passée. La baisse de la taxe d’habitation, qui devrait toucher 80% des ménages, représente à elle seule 3,8 milliards d’euros. Quant à la suppression des cotisations salariales pour les actifs, qui avait déjà débuté en 2018, elle représente une baisse d’impôts de 4 milliards d’euros d’après le quotidien spécialisé. Mais tout cela ne profitera pas nécessairement à tous les Français de la même façon. "Les baisses d’impôts promises par le gouvernement, qui sont loin d’être aussi historiques qu’on peut le lire, favorisent plusieurs types de contribuables. Ce n’est pas le cas, sauf pour quelques uns, des retraités", souligne Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne pour qui les actifs et les entreprises sont ceux qui en profiteront le plus. Certains locataires, qui dépendent des APL pour se loger, risquent également beaucoup en cas de non-revalorisation.
Toutefois, 300 000 retraités seront "concernés pendant deux ans par le gel de la hausse de la CSG", explique-t-il. Ce dernier représente 300 millions d’euros d’économie d’impôts, soit moitié moins que l’exonération de cotisation sur les heures supplémentaires dont profiteront certains salariés (600 millions d’euros). Par ailleurs la réforme de la fiscalité du capital et de la flat tax devrait permettre à quelques ménages d’économiser 300 millions d’euros d’impôts.
Baisse d’impôt : un portefeuille subtilement grevé pour financer une apparente baisse de la pression fiscale ?
Toutes les mesures du Projet de loi Finance 2019 (PLF 2019) ne bénéficieront pas au portefeuille des Français, précise le quotidien Les Echos. "Emmanuel Macron s’est engagé à ne pas créer de nouvelles taxes, certes. Cependant il ne s’est jamais engagé à ne pas jouer sur les impôts déjà existants. Il faut évidemment s’attendre à des jeux de bonneteau, comme le fait chaque gouvernement depuis 40 ans", analyse l’économiste. La majoration des taxes sur l’énergie en est un exemple. Au total elle devrait coûter environ 1,9 milliards d’euros aux ménages. "Le prix du tabac devrait augmenter, ainsi que celui du gasoil ou des édulcorants et donc des boissons sucrés", poursuit Philippe Crevel. C’est seulement en prenant compte de ces taxes en hausse que l’on arrive aux 6 milliards annoncés par le gouvernement. "Par ailleurs, si le ralentissement de la croissance se confirme, il faudra craindre des majorations plus franches. Le gouvernement pourrait être tenté par une fringale sur ce type de taxes", estime le spécialiste.
En pratique, toutefois, c’est plus la croissance qu’un jeu de vases communiquant qui permet au gouvernement de financer cette baisse d’impôts. "Il n’y aura pas, en 2019, de réduction du déficit. La grande architecture de l’Etat reste la même. Ce que fait l’exécutif, pour le moment, c’est redistribuer une partie des fruits de la croissance. Mais on attend encore le véritable plan de remise en l’état de l’économie française", indique Philippe Crevel pour qui ce PLF "ne fait pas dans la rigueur budgétaire".
Baisse d’impôt : les chiffres avancés par le gouvernement sont-ils mensongers ?
Si Emmanuel Macron promet 6 milliards d’euros de baisse d’impôts, tous les acteurs économiques n’ont pas la même lecture du PLF 2019. En effet, comme le rappelle l’hebdomadaire économique Challenges, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) table plutôt sur une baisse de 3,5 milliards d’euros, en faveur des ménages dans leur globalité.
"C’est avant tout une question de présentation. L’OFCE et le gouvernement ne retiennent pas tous les mêmes mesures dans le cadre du PLF 2019 parce que certaines ont débuté en 2018. Il n’est pas aberrant de voir l’exécutif maximiser, au moins visuellement, ses baisses d’impôts", juge le directeur du Cercle de l’Epargne. "Ne perdons pas de vue, cependant, que l’OFCE est un organisme keynésien. Ils ont donc une vision plus économique que celle du gouvernement, qui est plus politique", ajoute-t-il.
"D’une façon générale, la tendance reste à la hausse des dépenses publiques. En pratique, qu’il s’agisse de 3,5 ou de 6 milliards, l’Etat ne fait pas vraiment un cadeau aux ménages : il leur restitue de l’argent", conclut le spécialiste.