Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
Un homme que tout accuse, mais qui ne s’est jamais expliqué. Xavier Dupont de Ligonnès est soupçonné d’avoir tué sa femme et leurs quatre enfants au début du mois d’avril 2011 dans leur maison de Nantes (Loire-Atlantique), puis d’avoir enterré leurs corps sous la terrasse de la bâtisse. Celui qui, s’il est encore vivant, a désormais 60 ans, a disparu sans laisser de trace quelques jours seulement après le drame et les enquêteurs n’ont jamais réussi à le retrouver. S’est-il suicidé dans le sud de la France ? Est-il caché dans un endroit reculé de l’Hexagone ? A-t-il pris la fuite à l’étranger ? Toutes ces pistes sont étudiées et donnent parfois lieu à des rebondissements, comme lors de la fouille d’une abbaye il y a quelques mois, ou d’un cimetière encore plus récemment.
Xavier Dupont de Ligonnès : l’importance de la mère
Depuis dix ans, enquêteurs, journalistes et écrivains tentent de décrypter la personnalité complexe de cet homme qui, en apparence, avait tout qui lui souriait. Une femme qui partageait ses valeurs, des enfants en pleine santé, une bonne situation… Pourtant, petit à petit, l’univers de Xavier Dupont de Ligonnès s’effrite, jusqu’à un point de non-retour. Très croyant, très pratiquant dans sa jeunesse, le père de famille semble perdre la foi en entrant dans l’âge adulte. Une désillusion qu’il évoque à de très nombreuses reprises sur des forums dédiés à la religion catholique et à la théologie, où il exprimera aussi de nombreuses opinions, poussant parfois à son bannissement du site.
Pour comprendre la foi de Xavier Dupont de Ligonnès, il faut s’intéresser à une femme centrale de sa vie, sa mère. Bruno de Stabenrath, ami d’enfance du meurtrier présumé, a publié en avril dernier un livre dans lequel il revient sur leur relation. Auprès de 20 Minutes, il dresse le portrait de Geneviève, la mère de son ami, une femme « excessive » dans sa religion, qu’il qualifie même de « toxique ». Selon lui, c’est lors d’un événement organisé par sa mère qu’il perd la foi : « En juin 1995, Geneviève avait réuni du monde à Sainte-Maxime en présence de Xavier qui devait être l’élu, celui qui devait faire ressusciter le chanoine Ridolfi puis régner sur le monde. Evidemment, il n’y a pas eu de miracle. Ça a été une rupture. A partir de là, Xavier répétait qu’il avait perdu la foi ». Une autre désillusion viendra de sa femme, Agnès, mais cette fois-ci sur un plan bien plus terrestre…
Xavier Dupont de Ligonnès : une femme pleine de regrets
Xavier Dupont de Ligonnès épouse Agnès Hodanger le 9 novembre 1991. Les deux tourtereaux se connaissent depuis longtemps et ont chacun été l’amour de jeunesse de l’autre, avant que le jeune homme ne veuille vivre d’autres aventures. Entre temps, la jeune femme a eu un fils, prénommé Arthur, né en 1990 d’une autre union. Xavier Dupont de Ligonnès l’adopte et, avec son épouse, ils donnent naissance à une fille et deux autres garçons, Anne, Thomas et Benoît.
Aux yeux des autres, Agnès Dupont de Ligonnès est une femme épanouie, amoureuse de son mari et proche de ses quatre enfants. En réalité, elle affiche une personnalité bien plus complexe, faite de désillusions et de désirs non assouvis, particulièrement sur le plan charnel. Dans son enquête consacrée à l’affaire à l’été 2020, le magazine Society s’intéresse à la relation entre les époux et ce que l’une reproche à l’autre. Sur des forums, la quadragénaire se dit en manque « de tendresse, d’amour, d’amis communs, de sexe ». Elle regrette un mari absent, qui « rentre tard » et ne lui apporte pas ce dont elle a besoin. Elle décrit un homme « très vieux jeu dans sa façon d’être dans la famille : le père est le chef, il donne un ordre, on l’exécute, sans avoir à questionner ni à comprendre ». Un homme qui n’est « ni tendre, ni câlin, ni attentif » et qui la rabaisse, jugeant qu’elle est « molle de la cervelle ».
Xavier Dupont de Ligonnès dilapide l’héritage de sa femme, qui rétrécit comme peau de chagrin au fil des années. Alors qu’il ne reste plus grand-chose, en 2005, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase quand l’homme d’affaires veut encore plonger la main dans la bourse pour développer sa nouvelle idée. Agnès ne cède pas et le quitte, durant trois mois, avant de revenir au domicile familial. Pourtant, il ne s’agit que d’une mascarade car le couple ne va pas mieux. Quelques mois plus tard, elle avoue à son mari avoir « dérapé » avec un de ses meilleurs amis, mais seulement par vidéo. Une confession qui donnera envie à Xavier Dupont de Ligonnès de faire un plan à trois avec cet homme qu’il considère comme son frère et son épouse. Un épisode dont elle se remettra difficilement et qui éloignera encore un peu plus les époux.
Alors qu’il s’offusque d’être trompé dans des messages à ses amis, Xavier Dupont de Ligonnès n’est pas un exemple de fidélité…
Xavier Dupont de Ligonnès : des amours du passé qui ressurgissent
Peu de temps avant le drame, Xavier Dupont de Ligonnès entame un premier voyage dans son passé et particulièrement auprès des femmes qui ont compté pour lui. Il recontacte donc quatre d'entre elles, expliquait Le Parisien en décembre 2011. Toutes âgées d’une cinquantaine d’années, vivant aux quatre coins de la France, elles ont comme point commun d’avoir connu le père de famille et, pour certaines, d’avoir eu des relations avec lui. L’une d’entre elle, qui a reconnu être sa maîtresse, a raconté aux enquêteurs que ce dernier l’avait menacée par SMS quelques jours avant le drame, car il lui devait 50 000 euros. Elle avait d’ailleurs mandaté un huissier de justice pour tenter de récupérer la somme.
Au mois de mars 2011, c’est une femme de 58 ans, qui a croisé Xavier Dupont de Ligonnès dans sa jeunesse et qu’il a contactée sans raison. Une source proche du dossier expliquait alors au Parisien qu’« il souhaitait la revoir pour évoquer le bon vieux temps et voulait même lui envoyer des photos de lui ». Cette nostalgie, deux autres femmes y ont eu droit à la même période, dont Catherine, qui avait eu une histoire d’amour avec l’adolescent qu’il était alors. La dernière contactée a elle aussi eu une relation avec Xavier Dupont de Ligonnès lorsqu’elle avait 20 ans, mais se souvenait à peine de lui. Comme les autres, elle a répondu par la négative à son désir de reprendre contact.