Le meurtre de Grégory Villemin, âgé de quatre ans, hante à jamais le village de Lépanges-sur-Vologne (Vosges). Après 38 ans d'errance judiciaire, les enquêteurs penchent aujourd'hui pour la thèse d'un complot familial nourri par une terrible jalousie envers la réussite sociale des parents de la victime. Retour sur cette affaire aux mille et une facettes.
Affaire Grégory Villemin : dates, famille, suspects... Le résumé du dossierAFP

Affaire Grégory : que s'est-il passé le soir du meurtre ?

Lépanges-sur-Vologne, 16 octobre 1984. Un jour tristement célèbre pour être celui où le corps sans vie de Grégory Villemin, garçonnet alors âgé de quatre ans, est retrouvé dans la rivière de la Vologne à Docelles.

Cou, pieds et poings liés par des cordelettes, la victime était vêtue d'un pantalon en velours vert foncé, d'un anorak bleu et d'un bonnet rayé en laine, légèrement rabattu sur son visage.

L'image inoubliable du corps de Grégory Villemin dans les bras d'un pompier

Une image glaçante, immortalisée en noir et blanc par Patrick Gless, un journaliste présent ce soir-là. Publiée dès le lendemain dans la presse, cette photographie choque l'opinion publique et déclenche un engouement médiatique très fort autour du meurtre de Grégory Villemin.

Quelques heures plus tôt, sur les coups de 17 heures, l'enfant jouait sur un tas de sable dans son jardin tandis que sa mère, Christine Villemin, repasse à l'intérieur.

Une vingtaine de minutes plus tard, la couturière appelle son fils pour qu'il rentre à la maison... Mais ce dernier ne répond pas. Elle le cherche dans les environs, questionne les voisins, retourne chez la nourrice, mais rien n'y fait : Grégory est introuvable.

Meurtre de Grégory Villemin : le crime revendiqué par le corbeau

Après l'avoir cherché dans tout le village, Christine Villemin rentre chez elle et, à peine a-t-elle franchi le pas de la porte, le téléphone sonne.

A l'autre bout du fil, sa belle-mère, Monique, lui annonce que Michel, le frère de son époux, aurait reçu un appel anonyme à 17h32.

Il évoque une voix grave et rauque qui lui aurait soufflé :

"Je te téléphone car cela ne répond pas à côté. Je me suis vengé du chef et j'ai kidnappé son fils. Je l'ai étranglé et je l'ai jeté dans la Vologne. Sa mère est en train de le chercher mais elle ne le retrouvera pas. Ma vengeance est faite".

Les recherches dans la Vologne font suite à ce mystérieux appel, qui aurait été, dans un premier temps, destiné aux grands-parents de la victime, Albert et Monique Villemin. Faute d'avoir pu les joindre, le maudit oiseau s'est contenté de téléphoner à Michel.

Un courrier anonyme revendique le meurtre de Grégory Villemin

Ce "corbeau", qui harcèle la famille Villemin depuis des années, revendique à nouveau le crime dans un courrier anonyme posté le jour de la disparition, avant la levée de 17h15.

Adressée à Jean-Marie, le père de la victime, la lettre dit :

"J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con".

Comme une ultime insulte, un adieu insolent, les mots "pauvre con" sont soulignés par l'expéditeur. À l'instant où les parents de Grégory lisent ces mots, il est déjà trop tard : leur enfant a été repêché la veille des eaux glaciales de la Vologne.

Quand la dépouille du petit garçon est retrouvée, un pompier accourt au domicile de la famille Villemin pour aller chercher le maire, André Claudel. C'est là que Jean-Marie et Christine apprennent l'insoutenable : leur fils n'est plus.

Ce fait divers des plus lugubres n'est que l'incipit d'une sordide et interminable procédure judiciaire, parsemée de secrets de famille, de déclarations sibyllines et de mises en examen successives.

Meurtre de Grégory Villemin : l'autopsie et la scène de crime, premiers ratés de l'enquête

Réalisée le lendemain des faits, l'autopsie de Grégory Villemin a montré que ses poumons étaient distendus et contenaient une faible quantité d'eau, chose qui laisse penser à une agonie asphyxique. Seulement voilà : les seuls prélèvements permettant de confirmer ou d'infirmer l'hypothèse de la noyade, via la recherche de diatomées, n'ont pas été effectués. En outre, il est impossible de savoir si l'eau présente dans les poumons du petit garçon provenait de la rivière.

Par ailleurs, le sang de la victime n'a pas été prélevé dans des quantités suffisantes pour établir un bilan toxicologique complet. Les échantillons ont toutefois permis d'indiquer que l'enfant ne présentait pas de traces d'alcool dans son sang. En outre, le non-prélèvement des viscères, excepté des poumons, empêche de savoir si la victime avait été droguée ou non avant sa mort. L'examen de l'estomac de Grégory Villemin a révélé la présence d'un peu d'eau et de résidus de morceaux de pomme.

Pas de trace de violence ni de peur

L'autopsie n'a révélé aucune trace de violence apparente : ni hématome, ni égratignure, ni lésion n'ont été décelés. Seule une ecchymose au niveau de la tête, après le décollement du cuir chevelu, est remarquée par les médecins légistes. Un constat qui laisse les enquêteurs penser que le petit garçon ne s'est pas débattu. Une découverte cohérente avec le fait que les spécialistes n'ont repéré aucune trace d'adrénaline, synonyme de peur.

Seule certitude, ou presque : la victime est morte asphyxiée. Impossible, néanmoins, de savoir s'il est mort noyé ou étranglé. Cette autopsie, réalisée en deux heures, fait l'objet de vives critiques. Aujourd'hui encore, nul ne sait à quelle heure ni dans quelle eau Grégory Villemin est décédé.

Les 3 indices matériels étudiés par les enquêteurs

L'autopsie n'est pas le seul élément vraisemblablement bâclé de l'enquête. La scène de crime, de son côté, n'a pas été suffisamment protégée. Gendarmes, journalistes, pompiers et témoins ont piétiné les lieux, effaçant d'éventuelles pièces à conviction. Si bien que cette enquête est considérée comme le point de départ de la police scientifique, avec notamment la création de la Section technique d'investigation criminelle (STIC) en 1987.

Ainsi, les gendarmes n'ont que très peu d'indices matériels à leur disposition pour résoudre l'enquête. En voici quelques-uns.

  • Des ficelles retrouvées chez les familles Jacob et Villemin

Quand le corps de la victime est retrouvé dans la rivière, il est pieds et poings liés par de fines cordelettes. Le lendemain de la disparition, les enquêteurs trouvent une ficelle semblable dans le jardin de Georges Jacob, un grand-oncle de Grégory Villemin. Les analyses ont démontré que cette pelote était similaire à celle retrouvée aux mains de l'enfant.

Plus tard, en 1985, plusieurs morceaux de ficelle sont retrouvés au domicile des Villemin, ainsi que chez des amis de la famille. Deux d'entre elles, retrouvés dans la cave des parents de Grégory, sont identiques à la corde retrouvée sur le corps de la victime.

Interrogé par le juge Lambert, Jean-Marie explique que les pelotes lui avaient été données par son père Albert lors de travaux, en précisant que la fin de la corde avait été donnée à Bernard Laroche, son cousin. Les cordelettes ayant pu circuler activement au sein de la famille, elles ont perdu leur valeur en tant qu'indice.

  • Des traces de talon et de pneus moulées par les gendarmes

A la recherche de l'endroit où le corps de Grégory aurait pu être jeté dans la Vologne, les enquêteurs ont moulé des traces de talon, similaires à celles d'une botte de femme, ainsi que des empreintes de pneus d'un véhicule. Des moulages qui n'ont finalement plus été exploités, l'endroit exploré par les enquêteurs étant remis en cause par les essais de flottaison réalisés à l'aide d'un mannequin.

Plus tard, ces traces de pneus sont comparées avec la voiture de Christine Villemin par les agents du service régional de police judiciaire (SRPJ). Finalement, les pneus du véhicule de la mère de la victime sont reconnus comme différents, ce qui met fin à l'exploitation de cette pièce à conviction.

  • L'ampoule d'insuline vide, retrouvée quelques semaines plus tard

Le 4 novembre 1984, soit trois semaines après le crime, un garde champêtre retrouve un flacon d'insuline vide d'une contenance de 2 mL, son emballage en carton, et une seringue, sur les berges du Barba près de la Vologne. Un lieu qui correspond à l'emplacement désigné par Murielle Bolle, témoin-clé de l'enquête, comme étant celui où son beau-frère Bernard Laroche serait descendu de la voiture avec Grégory Villemin le jour de sa disparition.

Très vite, ces éléments sont considérés comme des indices très sérieux : l'injection d'insuline sur une personne non-diabétique peut conduire à un coma profond, en raison de la baisse du taux de glucose dans le sang. Les enquêteurs se posent alors la question : aurait-on injecté de l'insuline à Grégory avant de le mettre à l'eau ? Une hypothèse plausible, selon le médecin légiste qui a réalisé l'autopsie : si la possibilité d'une injection intraveineuse semble peu probable, la théorie d'une injection intramusculaire n'est pas exclue.

Sans aveu, cette question demeurera éternellement en suspens. En effet, il est extrêmement difficile de détecter de l'insuline lors d'une autopsie et, aucun soupçon n'ayant été formulé, la présence de l'hormone dans le corps de la victime ne peut être prouvée.

Affaire Grégory : meurtres, suicide, mises en examen... Les dates à retenir

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Villemin, Jacob, Laroche, Bolle... Les familles au cœur de l'affaire

Qui sont les principaux acteurs de l'affaire Grégory Villemin ?

  • Grégory Villemin, la victime

Né le 24 août 1980 à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), Grégory Gilbert Villemin est le premier enfant de Jean-Marie et Christine Villemin. Le 16 octobre 1984, le petit garçon est enlevé et tué avant d'être retrouvé dans la rivière de la Vologne, à Docelles.

Le petit garçon est enterré à Lépanges-sur-Vologne le 20 octobre qui suit. Lors de ses obsèques, près de 700 personnes sont présentes, y compris des enquêteurs persuadés que l'auteur de l'assassinat assiste à l'enterrement.

En 2004, le corps de Grégory Villemin est exhumé et incinéré à Épinal. La famille conserve la moitié des cendres de l'enfant.

  • Jean-Marie et Christine Villemin, les parents

Jean-Marie Villemin est né le 30 septembre 1958 à Aumontzey (Vosges). En 1981, il devient contremaître à l'usine Auto Coussin Industrie (ACI, Faurecia), spécialisée dans la fabrication de sièges automobiles à La Chapelle-devant-Bruyères.

Il rencontre Christine Blaise en 1976, qu'il épouse trois ans plus tard, le 20 janvier 1979. La jeune femme est née le 13 juillet 1960 à Petitmont (Meurthe-et-Moselle), et travaille en tant que couturière à la Manufacture de confection vosgienne (MCV). Après la naissance de leur premier enfant Grégory, le couple fait construire un pavillon à Lépanges-sur-Vologne.

En mars 1985, alors que le couple Villemin est en voiture, un flash info est diffusé à la radio et désigne Christine comme pouvant être le corbeau. Enceinte de jumeaux, la mère de Grégory a une réaction physique immédiate, a une hémorragie et perd l'un des deux bébés qu'elle porte. Elle est hospitalisée à la clinique de la Roseraie, à Épinal.

Le 29 mars 1985, aux alentours de 13 heures, Jean-Marie Villemin pointe un fusil de chasse sur son cousin, Bernard Laroche, et l'abat d'une balle en pleine poitrine. Il est condamné à cinq ans de réclusion criminelle dont un avec sursis, et a bénéficié d'une libération conditionnelle le 24 décembre 1987.

Le 5 juillet 1985, et alors qu'elle est enceinte de six mois, Christine Villemin est inculpée pour l'assassinat de son fils et incarcérée en détention préventive à la prison de Metz (Moselle). Elle commence une grève de la faim qui dure cinq jours avant d'être remise en liberté et placée sous contrôle judiciaire le 10 juillet 1985. La mère de famille est innocentée et bénéficie d'un non-lieu le 3 février 1993.

Aujourd'hui, la famille habite en région parisienne où elle a élevé ses trois enfants :Julien, Emelyne et Simon. La fratrie a grandi avec des photographies de Grégory exposées dans la maison, sans rien ignorer de l'histoire de leur famille.

En 2021, Christine Villemin travaillait à mi-temps dans une maison d'édition, où elle était chargée des abonnements et décrite par ses collègues comme une femme discrète et souriante. Son mari, lui, s'est reconverti dans l'immobilier à leur arrivée dans l'Essonne. Soucieux que leurs enfants connaissent leurs grands-parents et malgré les tensions au sein de la famille, Jean-Marie et Christine continuent à se rendre dans les Vosges. Ils ont aujourd'hui des petits-enfants.

  • Albert et Monique Villemin, les grands-parents

Albert Villemin, né en 1930, a eu une enfance mouvementée. Avant même sa naissance, sa mère, Jeanine Hollard, a écopé d'une peine de prison pour l'homicide involontaire de son fils, Étienne, mort des suites d'une gifle. À l'âge de dix ans, Albert est abandonné par sa mère qui quitte le domicile familial avec un autre homme. Quand il revient du front, son père, Gaston Villemin, se pend en apprenant la trahison de sa femme. En 1953, Albert rencontre Monique Jacob à l'usine, avec qui il se marie et élève six enfants : Jacques, Michel, Jacqueline, Jean-Marie, Gilbert et Lionel.

Monique Jacob, née en 1931 à Granges-sur-Vologne, a travaillé en tant qu'ouvrière à l'usine d'Aumontzey pendant une quarantaine d'années. Elle se décrit comme une mère-poule, et note religieusement l'ensemble des appels du corbeau qui harcèle la famille dans un carnet. Après le meurtre du petit Grégory, Jean-Marie Villemin reproche à sa mère de ne pas dire tout ce qu'elle sait.

La mère Villemin est suspectée d'être à l'origine de plusieurs lettres de menace, y compris une missive adressée au juge Lambert signée par une certaine Corinne. Dans ce courrier, cette personne qui se présente comme une amie d'école de Murielle Bolle accuse cette dernière de bien avoir assisté à l'enlèvement de Grégory Villemin par Bernard Laroche. Cette lettre survient un mois après l'inculpation de Christine Villemin dans le dossier.

Monique Villemin décède en avril 2020 dans l'Ehpad où elle était résidente.

  • Jacques Villemin, le bâtard

Jacques Villemin, surnommé Jacky, est l'aîné de la fratrie Villemin. Né d'une liaison entre sa mère et un certain Thiébaut en 1953, il est adopté par Albert après son mariage avec Monique. Jacques n'apprend le secret de sa naissance qu'en 2017, quand il questionne sa mère après avoir entendu des rumeurs à l'usine.

LE DÉTAIL QUI TUE - JACKY, LE VILAIN PETIT CANARD DE LA FAMILLE VILLEMIN

Dans ses missives anonymes, le corbeau défend Jacky qu'il surnomme "le bâtard". Si bien que, pendant un temps, il est soupçonné d'être l'auteur des lettres de menaces et d'insultes par son frère, Jean-Marie.

Jacques Villemin est marié à Liliane Jacquel, avec qui il a un fils, Éric. Le père de Liliane, Roger Jacquel, a lui aussi été suspecté d'être le corbeau par la famille Villemin.

  • Bernard Laroche, le premier suspect

Né le 23 mars 1955 à Épinal, Bernard Laroche est la première personne a être suspectée du meurtre de Grégory Villemin. Le cousin de Jean-Marie Villemin a perdu sa mère, Thérèse, durant l'accouchement, et a donc été élevé par Adeline Gaudel, sa grand-mère maternelle. Il grandit avec Jacques Villemin mais aussi avec son oncle, Marcel Jacob.

Bernard Laroche travaille de nuit à la filature Ancel à Granges-sur-Vologne, où il est aussi délégué du personnel CGT. Après des années à postuler, il devient contremaître en septembre 1984.

En 1976, il épouse Marie-Ange Bolle, avec qui il a un enfant, Sébastien. Le petit, né dix jours seulement après Grégory, souffre d'un handicap lié à un kyste au cerveau. En 1980, la famille fait construire une maison sur les hauteurs d'Aumontzey, non loin du domicile du couple Jacob.

Le 5 novembre 1984, soit quelques semaines seulement après le meurtre de son neveu, Bernard Laroche est arrêté puis inculpé pour assassinat. Finalement relâché en mars 1985, il est abattu d'un coup de fusil par Jean-Marie Villemin, qui pense tenir le meurtrier de son fils.

  • Marie-Ange Bolle, la veuve

Née le 2 mai 1957 à Cirey-en-Vezouze (Meurthe-et-Moselle), Marie-Ange Bolle se marie avec Bernard Laroche en 1976. Le 29 mars 1985, elle assiste à son meurtre alors qu'elle vient d'apprendre sa grossesse. Quelques mois plus tard, la veuve donne naissance au second enfant né de son union avec Bernard, Jean-Bernard.

Marie-Ange a été indemnisée par Jean-Marie Villemin pour la mort de son époux, mais aussi par l'Etat qui n'a pas su le protéger. Dans son livre,Les Larmes oubliées de la Vologne (Archipel), elle clame l'innocence de son premier mari.

En 1988, Marie-Ange Bolle se marie avec Denis Jacob, un cousin éloigné, fils de René Jacob et de Georgette George, avec qui elle a une fille, Neige. Le couple divorce en 1994, après que Denis l'a quittée "sans même laisser un mot", écrit-elle dans son ouvrage. Peu de temps après, Denis se donne la mort.

Plus tard, Marie-Ange épouse un troisième homme, Philippe Galmiche, avec qui elle reste six ans. Dans Les Larmes oubliées de la Vologne, elle décrit une relation "maudite", qui aurait dérobé ses économies et trompé à de multiples reprises. De cette union est née Laura, quatrième enfant de Marie-Ange Bolle.

  • Murielle Bolle, le témoin-clé

Née dans les Vosges le 15 juin 1969, Murielle Bolle a tout juste 15 ans quand l'affaire Grégory éclate. Fille de Lucien Bolle et de Jeanine Lavalée, elle est la benjamine de la fratrie. L'adolescente à la chevelure rousse si singulière vit avec sa soeur, Marie-Ange, son beau-frère, Bernard, et son neveu, Sébastien, dont elle est la baby-sitter. Elle est alors élève au collège Jean Lurçat de Bruyères. La jeune femme a un rôle clé dans l'enquête sur le meurtre de Grégory Villemin. En novembre 1984, elle est auditionnée par les gendarmes en charge du dossier, et livre plusieurs versions différentes de la fameuse journée du 16 octobre.

Questionnée sur son beau-frère, Bernard Laroche, elle indique l'avoir vu à l'heure supposée du crime chez sa tante Louisette Jacob, à Aumontzey. Le soir où a eu lieu de meurtre, Murielle Bolle affirme avoir pris le car scolaire accompagnée de sa meilleure amie avant s'être rendue chez sa famille. Lors d'une nouvelle audition, cette fois effectuée dans les locaux de la gendarmerie et non au domicile familial, Murielle Bolle aurait livré une version différente des faits. Cette fois, elle affirme être montée à bord de la voiture de son beau-frère à la sortie de l'école, accompagné de Sébastien.

Là, Bernard Laroche aurait démarré la voiture pour se rendre jusqu'à une maison de Lépanges-sur-Vologne, identifiée comme étant celle des Villemin, puis aurait arrêté sa voiture pour faire monter à l'arrière un petit garçon identifié comme étant Grégory. Quelques minutes plus tard, l'équipage se serait arrêté au village de Docelles, où Bernard Laroche serait descendu en compagnie du petit garçon, puis revenu seul. Murielle Bolle revient sur ses déclarations le lendemain-même, affirmant avoir reçu des pressions de la part des gendarmes. Aujourd'hui encore, la benjamine du clan Bolle clame l'innocence de son beau-frère.

En 1988, la procédure engagée par Jean-Marie et Christine Villemin termine par un non-lieu. La cour d'appel de Dijon a en effet statué qu'il était impossible d'établir une intention criminelle de la part de Murielle Bolle. Quelques années plus tard, en 2002, l'Etat est condamné à verser plus de 15 000 euros de réparation à Murielle Bolle en raison d'un manquement dans la conduite de l'enquête et de l'instruction.

En 2017, nouveau rebondissement dans l'affaire : Murielle Bolle est interpellée et placée en garde à vue pour complicité d'assassinat et non-dénonciation de crime sur le reliquat de sa garde à vue de 1984, soit 25 heures. Le 29 juin, elle est mise en examen pour enlèvement de mineur suivi de mort et incarcérée.

Suite à cette mise en examen, Patrick Faivre, un cousin de Murielle Bolle, sort du silence pour affirmer qu'il séjournait au domicile de la famille Laroche en novembre 1984, dans les jours qui ont suivi l'incarcération de Bernard. Selon ses dires, l'adolescente lui aurait confié avoir assisté à l'enlèvement de GrégoryVillemin par Bernard Laroche, et aurait été violentée par plusieurs membres de sa famille. Selon le scénario dessiné par ce cousin dont Murielle dit ne rien connaître, la jeune femme de 15 ans aurait donc été victime d'un lynchage et de pressions familiales suite à la dénonciation de son beau-frère. Cette version est vivement contestée par la concernée, finalement remise en liberté sous contrôle judiciaire le 4 août.

Le 16 mai 2018, la mise en examen de Murielle Bolle est annulée par un arrêt de la chambre de l'instruction de Dijon. Le 16 janvier 2020, soit près de deux ans plus tard, c'est à la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris d'annuler la garde à vue de 1984 de Murielle Bolle.

Côté vie privée, Murielle Bolle a eu deux enfants d'une première relation avec un certain Martial Jacquel : Fabien, né en 1989, et Johnny, né en 1992. Plus tard, elle épouse Yannick Jacquel, avec qui elle a un fils en 2004, Yannick Jacquel.

  • Patrick Faivre, le cousin germain

Patrick Faivre intervient dans l'affaire Grégory Villemin en 2017, quand il clame avoir été témoin de violences physiques envers Murielle Bolle à son domicile après qu'elle a dénoncé son beau-frère comme pouvant être l'auteur de l'enlèvement du petit garçon.

Un an plus tard, en décembre 2018, ce cousin germain de Murielle Bolle attaque cette dernière ainsi que Pauliné Guéna, co-autrice de son livre Briser le silence, et la maison d'édition Éditions Michel Lafon pour diffamation. Interrogé par nos soins, l'avocat de Murielle Bolle, Maître Jean-Paul Teissonnière, nous confirme que cette procédure s'est terminée par un non-lieu.

  • Marcel et Jacqueline Jacob, les suspects tardifs

Marcel Jacob est l'oncle maternel de Jean-Marie Villemin et le grand-oncle de Grégory. Lui et sa femme Jacqueline, née Thuriot, avec qui il est marié depuis plus de cinquante ans, habitent sur les hauteurs d'Aumontzey, non-loin de chez Bernard Laroche et Michel Villemin, le frère de Jean-Marie. Ensemble, ils ont une fille, Valérie, avec qui ils n'ont plus aucun contact aujourd'hui.

Le couple a été mis en examen le 16 juin 2017 pour enlèvement et séquestration dans le cadre de l'affaire Grégory Villemin. Ils sont suspectés d'avoir été les complices, voire les commanditaires de l'enlèvement du petit garçon.

  • Michel et Ginette Villemin, la bande à part

Michel Villemin est le frère aîné de Jean-Marie. Il épouse Ginette Lecomte, avec qui il a deux enfants : Daniel et Christelle. Au sein de la famille, le corbeau a semé la zizanie dans les relations entre Michel et le reste de la famille, accusant notamment les parents Villemin de négliger l'aîné de la fratrie. Michel et Ginette étaient très proches de Bernard Laroche.

L'oncle de Grégory est mort en mars 2010 des suites d'une longue maladie à l'âge de 54 ans. Sept ans plus tard, sa femme, Ginette, a été interpellée sur commission rogatoire et placée en garde à vue dans le cadre de l'enquête ainsi que le couple Jacob pour "complicité d'assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d'empêcher un crime".

Les enquêteurs soupçonnent notamment Ginette d'être très jalouse de la famille Villemin, et d'avoir pu participer, de près ou de loin, à l'enlèvement voire au meurtre de leur enfant. Finalement, la veuve de Michel ressort libre de sa garde à vue.

L'arbre généalogique des famille Villemin, Jacob, Bolle et Laroche

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