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- 1 - Des craintes fortes concernant la dépendance
- 2 - Les acteurs de la santé apparaissent les plus crédibles pour prendre en charge le risque dépendance
- 3 - La taxation du patrimoine, solution la plus populaire pour le financement du risque dépendance
- 4 - Seul Dominique Strauss-Kahn jouit d’une confiance majoritaire auprès des 50-65 ans sur le dossier de la dépendance
Des craintes fortes concernant la dépendance
Les Français âgés de 50 à 65 ans apparaissent largement confrontés au problème de la dépendance : plus du tiers d’entre eux (39%) a dans son entourage au moins une personne en situation de dépendance ; 10% en ont plusieurs et 29% une. La présence de personnes en situation de dépendance dans l’entourage augmente légèrement avec l’avancée en âge : 38% des personnes âgées de 50 à 54 ans connaissent une personne en situation de dépendance, 40% des 55-59 ans et 41% des 60-65 ans.
Les 50-65 ans ont de nombreuses craintes liées au grand âge et à la dépendance que celle-ci engendre. Ces peurs apparaissent en premier lieu « égoïstes » car elles concernent avant tout la peur de ne pouvoir assumer seul les gestes de la vie quotidienne : 86% disent craindre cette éventualité et 52% « tout à fait ». En outre, près des trois quarts des 50-65 ans (72%) déclarent craindre de ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins de santé (dont 41% « tout à fait »). Cette peur est aussi présente que la précédente parmi les catégories modestes (85% des employés et 86% des ouvriers).
La solitude s’avère une conséquence du grand âge un peu moins redoutée, mais tout de même mise en exergue par six seniors sur dix (61% dont 31% « tout à fait »). La crainte d’être à la charge d’une autre personne ne se dégage que dans un second temps, mais se révèle tout de même présente chez plus de la moitié des personnes interrogées : être financièrement à la charge de ses proches (57%) et être sous la responsabilité ou sous la tutelle d’une autre personne (56%). Encore une fois, les craintes d’une dépendance financière sont, assez logiquement, plus fortes parmi les catégories modestes et/ou populaires (72% des employés et 75% des ouvriers déclarent craindre d’être financièrement à la charge de leurs proches, contre 57% en moyenne).
Globalement, les femmes, à l’espérance de vie plus élevée que les hommes, reconnaissent davantage de peurs concernant une éventuelle situation de dépendance dans l’avenir. En revanche, peu de différences apparaissent en fonction de l’âge. Relevons seulement que les plus âgés (les 60-65 ans) se révèlent moins préoccupés par les questions financières.
Les acteurs de la santé apparaissent les plus crédibles pour prendre en charge le risque dépendance
C’est aux acteurs de la santé que les 50-65 ans font le plus confiance pour assurer le risque de dépendance et leur assurer une bonne prise en charge financière s’ils étaient amenés à perdre leur autonomie. Les personnes interrogées placent les acteurs privés avant la solidarité nationale, en citant leur mutuelle (43%) avant l’assurance maladie, qui arrive en seconde position dans les citations (38%).
Au-delà des acteurs de la santé, les institutions publiques tirent leur épingle du jeu et en premier lieu l’échelon département et régional (29%) – le premier assurant déjà les principales dépenses de solidarité - et qui se trouve confirmé dans ce rôle par la confiance accordée par les 50-65 ans à ces collectivités locales. L’État apparaît, en effet, nettement moins mentionné (14%) et la commune encore moins (9%). Les caisses de retraites sont citées par un répondant sur quatre (24%). La légitimité des assureurs (16%) en matière de dépendance demeure à construire.
Enfin, 28% des répondants estiment qu’aucun de ces acteurs ne leur garantira une bonne prise en charge financière en cas de dépendance.
Peu de différences apparaissent entre les différentes catégories de population. Notons cependant que les catégories socioprofessionnelles supérieures accordent tendanciellement davantage leur confiance aux acteurs privés. Autre fait intéressant, la préférence partisane influe peu les positions exprimées.
La taxation du patrimoine, solution la plus populaire pour le financement du risque dépendance
Près d’un Français âgé de 50 à 65 ans sur deux estime que les dépenses liées au risque dépendance devraient être assurées par les plus aisés à travers une cotisation prélevée sur les revenus du patrimoine (47%). 23% des personnes interrogées choisissent plutôt un financement privé à travers un contrat d’assurance obligatoire souscrit auprès d’un assureur. L’idée d’un impôt supplémentaire et touchant aux revenus du travail séduit peu : 16% des répondants se déclarent en faveur d’une cotisation prélevée sur les revenus du travail et 14% pour la suppression d’un jour férié pour mettre en place une nouvelle journée de solidarité.
Certaines différences se révèlent lors de l’analyse détaillée des résultats : ainsi, les hommes se montrent plus favorables à une cotisation prélevée sur les revenus du patrimoine (50% contre 44% des femmes), comme les professions intermédiaires (59% contre 47% en moyenne) et les salariés du secteur public (57%). Le contrat d’assurance obligatoire recueille un peu plus l’assentiment des plus âgés (27% des 60-65 ans contre 23% en moyenne) et surtout des artisans et commerçants (36%). Le facteur le plus prédictif s’avère cependant être l’attachement partisan : 65% des sympathisants de gauche plaident en faveur d’une cotisation sur les revenus du patrimoine (contre 28% seulement des sympathisants de droite).
A l’inverse, 38% des sympathisants de droite déclarent préférer un contrat d’assurance obligatoire (contre seulement 11% des sympathisants de gauche), cette solution étant donc la plus mentionnée auprès de cette cible.
Seul Dominique Strauss-Kahn jouit d’une confiance majoritaire auprès des 50-65 ans sur le dossier de la dépendance
La confiance accordée aux principales personnalités politiques sur le dossier de la dépendance demeure globalement assez limitée. Seul Dominique Strauss-Kahn bénéficie d’une confiance majoritaire chez les seniors (53%) mais celle-ci s’avère cependant peu intense puisque seuls 9% des 50-65 ans déclarent lui faire « tout à fait confiance ».
Plus globalement, auprès des personnes interrogées, les socialistes apparaissent comme les plus crédibles sur ce dossier puisque c’est Martine Aubry qui arrive en deuxième position avec 44% de confiance. Ségolène Royal occupe la quatrième position du classement (34% de confiance), assez largement distancée par ses deux potentiels compétiteurs à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle.
A droite, François Fillon apparaît comme la personnalité politique à laquelle les 50-65 ans accordent le plus de confiance pour apporter des réponses efficaces et durables en matière de prise en charge du risque dépendance (39%) ; il se classe en troisième position. Il devance assez nettement le Président de la République (31%) et la Ministre des solidarités et de la cohésion sociale. Pourtant directement en charge du dossier de la dépendance, Roselyne Bachelot peine à recueillir la confiance d’une personne interrogée sur cinq (19% exactement) sur ce dossier ; elle occupe par conséquent la dernière place de la hiérarchie.
François Bayrou recueille un score qui le place en milieu du classement des personnalités testées : 34% des 50-65 ans déclarent lui faire confiance sur le dossier de la dépendance, à jeu égal avec Ségolène Royal. Marine Le Pen apparaît comme une des personnalités politiques les moins crédibles sur ce sujet même si un répondant sur quatre déclare lui faire confiance (26%).
Si peu de différences se font jour en fonction des caractéristiques sociodémographiques, les clivages politiques se révèlent naturellement déterminants sur cette question. Pour autant, la confiance accordée à Dominique Strauss-Kahn se révèle très forte y compris chez les sympathisants de l’UMP (62%). Parmi ces derniers, c’est François Fillon qui recueille le meilleur score (89%, 29% déclarant même lui faire « tout à fait confiance »), devant Nicolas Sarkozy (72%).
Analyse de Frédéric Dabi, Directeur du département Opinion de l'Ifop.
Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 2055 personnes.