Malgré l'essor de la carte bancaire et des paiements numériques, l’argent liquide a encore de beaux jours devant lui. Mais une nouvelle règle devrait entrer prochainement en vigueur pour encadrer les paiements...
Tout commence par les confidences d'un "lanceur d'alerte". En 2020, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) lançait une enquête sur les pratiques du groupe Alma (qui produit Saint-Yorre, Châteldon et Vichy Célestin), suite aux confidences d'un ancien employé.
En cause : l'ajout de substances chimiques interdites et de gaz carbonique pour traiter les eaux, comme le révélait en 2022 le site d'information Médiacités. L’enquête administrative révélait pour sa part des pratiques "frauduleuses", dont la désinfection de l’eau à l’ozone et la "filtration de l’eau aux UV", rapporte Le Monde.
Boîte de pandore
Au fil des enquêtes, c'est une véritable "boite de Pandore" qui est mise à jour, avec la découverte de pratiques illégales par le groupe suisse Nestlé Waters. Dernière révélation en date, émanant ce 4 avril du journal Le Monde et de Franceinfo : l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a remis en octobre 2023 au ministère de la Santé une note mettant en cause la "qualité sanitaire" des eaux produites par l'entreprise.
Selon Franceinfo: la " tromperie présumée dissimulée pendant des années par la multinationale, qui était allée jusqu’à dissimuler des filtres dans des armoires électriques pour tromper les agents des contrôles sanitaires".
"Niveau de confiance insuffisant"
Cette expertise a été initiées par les agences régionales de santé (ARS) du Grand-Est et d’Occitanie, où la multinationale possède des usines. C'est le Laboratoire d’hydrologie de Nancy (LHN) qui en a eu la charge. Sur la base de ses résultats, l'Anses note un "niveau de confiance insuffisant concernant l’évaluation de la qualité des ressources notamment en ce qui concerne la variabilité des contaminations et leur vulnérabilité microbiologique et chimique », rapporte Le Monde.
En janvier 2024, alors que l'existence de cette note de l'Anses n'était pas encore publique, le journal Les Echos révèle qu'en 2021, le leader mondial du marché de l'eau minérale, Nestlé Waters a informé les autorités françaises qu'il avait recouru à des traitements interdits d'ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux minérales pour maintenir "leur sécurité alimentaire".
Dans le commerce, ces eaux sont vendues comme des "eaux de source" ou "eaux minérales naturelles". Selon la réglementation en vigueur, il est interdit de traiter ces eaux qui sont censées provenir de zones protégées et qui ne nécessitent donc pas de subir un processus de désinfection. Cette opération est censée être réservée à l'eau du robinet.
Matignon savait...
Avant cette médiatisation, une réunion interministérielle a eu lieu en février 2023, sous la houlette de Matignon, et des ministères de l’Économie et de la Santé. Au menu des discussions : l’entreprise Nestlé et ses sites français de production d’eaux en bouteille. Dans le compte rendu de cette réunion, que Le Monde et la cellule investigation de Radio France se sont procuré, il est question de plans “d’actions” et de “transformation” des usines de conditionnement d’eau de Nestlé, et de “surveillance renforcée bactériologique et virologique de la qualité de l’eau”.
Il est aussi indiqué qu’“en réponse aux demandes de l’industriel”, et après “différents échanges avec des représentants de Nestlé Waters”, le cabinet de la Première ministre, Élisabeth Borne, accorde à Nestlé “la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron”.
Les arguments de Nestlé
Pour le géant suisse, il s'agirait, avec ces techniques de surmonter l'impact du réchauffement climatique et la montée du stress hydrique qui affectaient en partie la minéralité de ses eaux, développe Le Point. " Toutes nos opérations sont désormais conformes et il est important pour nous de faire toute la transparence pour nos consommateurs", a confié Muriel Lienau, responsable de Nestlé Waters Europe, au journal le Point. Elle ne précise pas pendant combien d'années Nestlé a enfreint la réglementation.
Selon Franceinfo, "à ce jour, Nestlé continue d’utiliser avec l’assentiment du gouvernement, des micro-filtres interdits par la réglementation européenne" mais l’entreprise aurait supprimé les traitements avec filtre à charbon et UV, qui permettraient de désinfecter l'eau.
Dans la partie "foire aux questions" de son site, Nestlé Waters France assure toujours que "Toutes [ ses] eaux embouteillées peuvent être consommées en toute sécurité." L'entreprise ajoute que ses " eaux font également l’objet d’analyses régulières en laboratoire et de contrôles aléatoires des autorités sanitaires afin de s’assurer de la qualité microbiologique des eaux et de la stabilité de leur composition."
Voici, ci-après, dans notre diaporama, le détail de toutes les marques impliquées dans ce "watergate" :