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Le corps d’Elisa Pilarski a été retrouvé dans une forêt de l’Aisne il y a bientôt quatre mois, alors qu’il présentait plusieurs morsures de chiens, faites avant et après sa mort. Les conclusions de l’autopsie évoquent une hémorragie consécutive à ces blessures, qui auraient pu être commises par plusieurs chiens. Après trois mois de silence, le procureur de la République de Soissons a publié un communiqué à la fin du mois de février, dans lequel il fait le point sur l’affaire.
"Le rapport d’autopsie a confirmé que le décès de Madame Pilarski était survenu suite à un choc hémorragique consécutif à de multiples plaies, dont les caractéristiques suggéraient l’action d’un, ou plus probablement de plusieurs chiens au regard de la répartition des plaies, de leurs différences de morphologies et de leurs profondeurs, sans qu’il soit possible de dénombrer les animaux en raison des nombreuses morsures intriquées dans une même zone". Ce serait donc la thèse d’une meute de chiens qui se profilerait pour expliquer le décès de la jeune femme. Mais les enquêteurs n’ont, pour l’heure, pas écarté la piste d’un unique chien tueur.
Curtis : "Les gens se sentent investis pour les animaux"
Le jour de sa mort, Elisa Pilarski promenait Curtis, le chien de son compagnon et dont elle était extrêmement proche. Le drame a ému de nombreux Français, qui s’intéressent désormais au sort de l’animal, placé dans une fourrière de Beauvais (Oise) depuis le mois de novembre. Une chose est sûre, Curtis cristallise les passions, au point que deux camps s’affrontent sur les réseaux sociaux : ceux qui défendent l’animal, affirmant qu’on en a fait le coupable idéal et ceux pour qui il n’est pas forcément innocent. De nombreuses zones d’ombre entourent le chien et le flou demeure sur sa possible implication dans la mort de sa maîtresse.
Les défenseurs de Curtis sont nombreux et chaque initiative lancée sur les réseaux sociaux, notamment une cagnotte et une pétition, ont rencontré un succès inattendu. Un groupe a été créé spécialement sur Facebook en soutien à Christohe Ellul mais aussi pour donner des nouvelles de Curtis. Mais pourquoi tant de passion autour de son chien ? "De manière générale, les gens, dans ce genre d’affaire, se sentent investis pour les animaux, ils ont l’impression d’être investis pour quelqu’un qui ne peut pas se défendre lui-même", explique Katia Nobili, zoothérapeute pour enfant, comportementaliste canin et fondatrice de Zooca. "La plupart des gens qui ont déjà eu un chien dans leur vie se sentent experts sur le sujet, ils ont envie de donner leur avis", ajoute la spécialiste, évoquant également ceux qui sont des "détracteurs" et qui, à l’inverse "vont prendre position contre les chiens, peut-être par méconnaissance". La comportementaliste canin évoque également un délit de faciès...
Curtis : un délit de faciès ?
Rarement une affaire aura déchaîné autant de passion sur les réseaux sociaux, pendant aussi longtemps. Pour Katia Nobili, il faut prendre en compte un possible délit de faciès de la part de certaines personnes qui pointent du doigt Curtis, car "ce chien est un molossoïde" et "certaines personnes peuvent s’attaquer à ce chien car il a un physique particulier". Pourtant, elle insiste sur le fait que n’importe quel chien peut mordre et qu’il ne s’agit ni d’une question de physique, ni d’une question de race. Les chiens de la chasse à courre, qui ont été pointés du doigt par Christophe Ellul, pourraient également être impliqués, sans que cela soit certain. "D’un côté ou de l’autre, il y a des raisons qui peuvent pousser un chien ou des chiens à mordre", explique Katia Nobili.
Quatre mois après, la mort d’Elisa Pilarski reste une affaire hors norme, car personne ne sait encore ce qui a pu se passer ce jour de novembre, dans cette forêt de l’Aisne. De nombreux éléments pointent du doigt Curtis, notamment car il aurait mordu à trois reprises depuis le drame.
Curtis : "Impossible d’avoir un avis tranché"
Curtis a-t-il été érigé en coupable idéal avec la révélation de certains éléments depuis le drame ? Pour Katia Nobili, il est important de garder en tête que le chien est enfermé dans une fourrière depuis la fin du mois de novembre. "Les conditions dans lesquelles le chien est détenu ne sont pas admissibles, c’est de l’ordre de la maltraitance", affirme-t-elle, ajoutant : "On ne peut pas avoir d’avis tranché sur ce chien car il peut très bien être agressif parce qu’il vit dans des conditions qui sont anormales pour lui".
La professionnelle évoque notamment la séparation de sa maîtresse depuis le drame, qui aurait pu engendrer du stress chez Curtis, ainsi que son changement d’habitat naturel, dont "les chiens ont horreur". "N’importe quel chien, dans ces conditions-là, pourrait mordre quelqu’un d’autre", conclut Katia Nobili. Depuis le drame, Curtis aurait mordu à trois reprises : la soeur de Christophe Ellul - le compagnon d'Elisa Pilarski - mais aussi Christophe Ellul lui même et une bénévole du refuge où il se trouve. Dans un reportage diffusé par TF1, et vivement dénoncé par le maître de Curtis, la responsable du refuge de Beauvais décrivait un chien "mordeur" au comportement inquiétant. Des éléments qui, pour Christophe Ellul, sont loin de présenter son chien.
Les résultats des prélèvements génétiques, effectués sur une soixantaine de chiens, sont très attendus depuis la fin du mois de novembre. Prévus un temps pour le mois de février, ils seront finalement dévoilés au mois de juin. Permettront-ils d’identifier le ou les chiens responsables de la mort d’Elisa Pilarski ? Rien n’est moins sûr.