Un essai clinique "sauvage" mené sur 350 malades de Parkinson et Alzheimer dans une abbayeIstock
Un essai clinique interdit et mené sur au moins 350 patients atteints de la maladie d'Alzheimer et de celle de Parkinson a récemment été découvert à Poitiers, dans la Vienne. Il était mené en toute illégalité dans une abbaye. La ministre de la Santé se dit "horrifiée".
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Un essai clinique mené en toute illégalité a récemment été découvert à Poitiers, dans la Vienne. L’Agence du médicament (ANSM) a en effet annoncé jeudi avoir interdit un essai "sauvage" mené sur au moins 350 malades de Parkinson et Alzheimer dans l’abbaye Sainte-Croix.

Sur son site, elle indique qu’il a été mené par une structure appelée Fonds Josefa et présidée par le professeur Henri Joyeux, lequel est notamment contesté par la communauté médicale en raison de ses positions anti-vaccins. L’essai consistait à tester des molécules de valentonine et 6-méthoxy-harmalan dont la "qualité n’est pas connue", souligne l’ANSM. Fréquemment utilisées pour aider les patients à mieux dormir, elles sont susceptibles de provoquer des effets secondaires chez certaines personnes. Les malades qui ont servi à cette expérimentation illégale devaient ainsi appliquer des patchs contenant ces molécules. "Il semble qu’ils y passaient une nuit et qu’ils subissaient une prise de sang le matin", croit savoir Bernard Celli, le directeur de l’ANSM. L’agence a découvert cet essai illégal grâce à une inspection de contrôle menée début septembre au laboratoire où les prises de sang étaient envoyées pour analyse.

Les participants sont invités à consulter rapidement leur médecin traitant

Sur son site Internet, le Fonds Josefa avance quant à lui que la valentonine est censée "protéger notre organisme et assurer la régulation des vies psychique et végétative". Il en revendique par ailleurs la découverte. "La qualité, les effets et la tolérance de ces substances ne sont pas connus" et "un risque pour la santé des participants ne peut être exclu", explique de son côté l’ANSM.

L’Agence demande aux participants à ces essais "de ne plus utiliser ces patchs" et "de consulter rapidement (leur) médecin traitant pour l’informer de la situation, réaliser un bilan de santé et s’assurer que la prise en charge de (leur) maladie est adéquate".

L’ANSM a saisi la justice

Bernard Celli, a souligné que de tels essais sauvages demeuraient "très rares, a fortiori quand ils sont de cette ampleur". Selon lui, il s’agit "d’une atteinte grave au code de la santé publique et au code pénal". Aussi, l’’ANSM a également saisi la justice sur ces pratiques illégales. Au micro de France Inter, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé s’est dit "horrifiée" par cette affaire.

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