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Elle s’est volatilisée en quelques minutes. Le 14 novembre 1996, la jeune Marion Wagon, âgée de dix ans, quitte l’école peu après midi et est attendue par ses parents pour le déjeuner. C’est un jeudi et c’est l’un des rares jours de la semaine où la petite fille fait le chemin seule depuis son établissement d’Agen, car sa copine déjeune à la cantine. Ses parents, Michel et Françoise, l’attendent aux côtés de leurs deux aînés, Gilles et Charline, âgés respectivement de 15 et 14 ans. Il n’est pas inhabituel pour Marion d’avoir du retard pour le déjeuner, car elle aime particulièrement faire un peu de toboggan avant de rentrer chez elle. Pas longtemps, pour ne pas inquiéter ses parents. Seulement, ce jeudi 14 novembre 1996, Marion Wagon n’est jamais rentrée après son détour.
Affaire Marion Wagon : une disparition en quelques instants
Annie Gourgues est la présidente de l’association La Mouette à Agen et une des premières personnes à être mise au courant de la disparition de la petite fille. Elle qui suit l’affaire depuis les tous premiers instants a eu un rôle essentiel auprès des parents de Marion Wagon. Elle n’a jamais cessé d’écouter les témoignages de ceux qui pensent avoir vu quelque chose et n’a pas non plus perdu espoir malgré le passage des années. Ce jour de novembre 1996, le père de Marion commence à s’inquiéter sérieusement et décide d’aller au commissariat "vers 13 heures", se souvient Annie Gourgues, car c’est à ce moment-là que les recherches ont commencé.
A Agen, la fondatrice de La Mouette est connue pour son aide dans la disparition d’une petite fille de trois ans à Toulouse : "J’étais en ville et un policier qui me voit m’interpelle pour me dire qu’une petite fille a disparu. En rentrant j’appelle le commissaire, qui allait me contacter". Annie Gourgues obtient alors les coordonnés des parents et les contacte pour leur proposer de faire des affiches, afin de retrouver la petite fille si jamais elle n’est pas retrouvée dans les heures qui suivent. Le 15 novembre au matin, Annie Gourgues toque à la porte de Michel et Françoise Wagon, de plus en plus inquiets. Moins de 24 heures après la disparition de la petite fille, toute la ville est fouillée, les passants sont interrogés et le scénario commence à se dessiner : une mère de famille est la dernière à avoir vu Marion vivante, après son tour de toboggan. Elle se souvient de l'avoir vue repartir en courant car elle disait être "en retard".
Affaire Marion Wagon : une mobilisation sans précédent
Lorsqu'elle rencontre les parents de Marion Wagon, Annie Gourgues leur propose de réaliser des affiches avec une photo de leur fille, pour signaler sa disparition. 24 ans plus tard, "on a fait 15 millions d’affiches, distribuées dans toutes les préfectures pour tous les maires de France et dans toutes les langues". Annie Gourgues se souvient de l’élan de solidarité sans précédent qui se développe alors à Agen et aux alentours : "Au moment de la disparition de Marion il y avait une grande grève de La Poste et nous, tous les soirs, les postiers nous ouvraient la porte pour qu’on puisse envoyer les affiches".
La Mouette, avec bien sûr l’accord des parents de la petite fille, ne s’arrête pas là. Pour la première fois en France, la photo d’un enfant disparu s’affiche sur les packs de lait car, selon Annie Gourgues, "même où il n’y a pas d’argent il y a toujours du lait, car il y a des enfants". 10 millions de packs avec la photo de Marion Wagon seront distribués en France.
Malgré l’extraordinaire mobilisation dont a bénéficié la disparition de Marion Wagon, l’enquête piétine. Après avoir récupéré l’affaire en 1997, la gendarmerie interroge 300 suspects, fouilles 1 300 appartements et parlent à leurs occupants. La Garonne, qui coule à proximité, est fouillée au niveau de six de ses écluses. Un canal de 14 kilomètres est vidé et un hélicoptère survole la ville pendant plusieurs heures, mais rien. Les coffres des voitures sont fouillés, en vain. S'il était en voiture, le ravisseur de Marion aurait eu vite fait de quitter la ville tranquillement, car "entre l'endroit de la disparition de Marion et le premier péage, il n'y a que 7 minutes", précise Annie Gourgues.Y a-t-il eu des ratés dans l'enquête ?
Affaire Marion Wagon : des ratés dans l'enquête ?
Toutes les pistes ont été suivies. En 24 ans, les enquêteurs se penchent sur les informations données depuis l’étranger, notamment l’Italie, la Belgique, la Pologne et même la Martinique, mais Marion reste introuvable. En 2020, l’enquête est toujours ouverte et des recoupements sont faits à chaque nouvelle affaire de pédophilie. Les enquêteurs "ont fait énormément", se souvient Annie Gourgues, qui continue de leur envoyer toutes les informations qui lui parviennent, espérant que l’une d’elles sera, un jour, la bonne.
Parmi les pistes évoquées ces dernières années, celle du tueur en série Patrice Alègre en 2006 puis de Michel Fourniret. "On sait qu'il était incarcéré à ce moment-là, donc la piste n'a pas été fouillée", précise Annie Gourgues. En 1996, les forces de l'ordre n'avaient pas les moyens dont elles disposent actuellement et l'hypothèse de la fugue est restée longtemps sur la table. Un peu trop ? "C'est vrai qu'au début, il y a eu des choses qui n'ont pas été bien faites", se souvient la présidente de La Mouette, qui salue avant tout le travail colossal effectué par la police puis par la gendarmerie.
Tant d’années après la disparition de leur fille, les parents de Marion gardent un mince espoir de connaître un jour la vérité sur cette journée du 14 novembre 1996. Annie Gourgues, qui les connaît bien, explique à Planet que, "ce qui est important, c’est de les aider à continuer". Désormais, Michel Wagon a pris sa retraite mais son épouse continue de travailler et ils sont grands-parents d’une petite fille. Mais, une chose est sûre pour Annie Gourgues, "on recherche Marion vivante et le dossier n’est pas enterré". Les derniers rebondissements dans l’affaire Maddie lui donnent raison de continuer à espérer, qu’un jour, la vérité éclatera à propos de la disparition de Marion Wagon.