La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
L’heure du bilan a sonné pour Morgane Alvaro. Après deux saisons à succès sur TF1, Audrey Fleurot s’est imposée comme la figure incontournable de la fiction HPI, créée en 2021. Avec neuf millions de téléspectateurs en moyenne, les péripéties de cette femme de ménage doté d’un QI exceptionnel de 160 au cœur de la DIPJ de Lille ont apporté un nouveau souffle au divertissement.
Grâce à sa vivacité d’esprit et sa fine intuition, les enquêtes n’ont plus aucun secret pour l’atypique consultante qui ne cesse d’en faire voir de toutes les couleurs au commandant Adam Karadec (Medhi Nebbou), son collègue Gilles Vandraud (Bruno Sanches) et les équipes de la police. Si le jeu d’actrice d’Audrey Fleurot est l’un des principaux atouts de la série phénomène, son personnage de surdoué est-il aussi crédible au quotidien ?
La psychologue Sandrine Belmont juge le phénomène HPI
Pour la psychologue Sandrine Belmont, la fiction de TF1 "n’a pas grand-chose à avoir avec la réalité. En cela, la série ne m’intéresse pas par rapport au côté Haut Potentiel Intellectuel", considère-t-elle pour Planet. Professionnelle depuis 2011, officiant dans son cabinet à Générac (Gard), l’auteure du livre HPI : Qui sont-ils vraiment ? (Éditions de l’Opportun) soulignant néanmoins "qu’à travers le personnage principal, la série montre bien que l'on peut être Haut Potentiel, mais pour autant ne pas avoir forcément un emploi très valorisé socialement".
Loin des clichés prétextant qu’un adulte au QI d’Einstein occupe un poste scientifique ou à haute responsabilité, le personnage de Morgane Alvaro touche une classe moins élitiste et permet au public de s’attacher à l’héroïne. Pourtant, les scènes où l’apprentie Sherlock Holmes a des flashs qui, soudain, l’aident à résoudre bon nombre de mystères, ont de quoi faire réagir l’écrivaine. "Il y a peut-être des choses qui sont probablement un peu tirées par les cheveux", avant de détailler son expertise. "Ça peut arriver, mais ce n’est pas représentatif de tous les HPI".
Comme l’affirment d’autres individus qui ne se reconnaissent pas dans la série. "L’histoire en elle-même n’est pas crédible. Elle porte à croire que, finalement, grâce à la douance, toutes les portes nous seraient ouvertes : NON !", expliquait Hugo Martinez, consultant en affaires et HPI dans une tribune au HuffPost. "C’est d’ailleurs, dans la réalité, plutôt le contraire. L’être humain, confronté à la douance, perds ses moyens, car la logique d’un zèbre est tout sauf... logique".
Représentant 2% à 3% de la population française, on reconnait les Hauts Potentiels Intellectuels "comme ayant des capacités supérieures à la moyenne, mais sont aussi différents dans leurs comportements et parfois, dans leur rapport aux autres", rappelle Sandrine Belmont dans son livre. Voilà pourquoi il est important pour elle d’expliquer que tous les HPI sont différents et qu'il est toujours "compliqué de catégoriser, de mettre des HPI dans une case, d’en faire un profil particulier".
Être HPI sur son lieu de travail
Les téléspectateurs ont découvert le personnage de Morgane Alvaro comme technicienne de surface, avec son franc-parler désarmant et un sens du style particulier. Alors qu’on lui propose un poste de consultante dans la police en échange de ses dons intellectuels, l’héroïne ne semblait pas ravie à collaborer. Et, son caractère bien affirmé face aux ordres d’Adam Karadec ou de Céline Hazan (jouée par Marie Denarnaud) n’arrangeaient pas ses relations avec sa hiérarchie en saison 1.
Pour Planet, la psychologue Sandrine Belmont nous explique que les personnes HPI ont "un certain souci de la justice et de la logique des choses". Selon cette dernière, "ce sont des personnes qui vont avoir du mal à accepter des ordres qui ne sont pas justifiés ou à respecter quelqu’un juste parce que c'est un supérieur hiérarchique". Pour autant, "il peut y avoir des HPI qui vont être très respectueux de la hiérarchie, mais la plupart du temps, il faut quand même que ce soit justifié par les compétences du supérieur hiérarchique".
Au fil des épisodes, Morgane Alvaro et Adam Karadec forment un binôme complémentaire dans leurs investigations. Une collaboration particulière qui plait énormément aux fans, principalement sur les réseaux sociaux où nombreux voient même plus que de l’amitié entre les deux personnages…
Être HPI dans sa vie personnelle
Mère célibataire de trois enfants nés de deux pères différents, Morgane Alvaro connait une vie assez instable. En conflit avec ses parents (Patrick Chesnais depuis la saison 2 et Michèle Moretti), séparé de son ex-compagnon Ludovic (Cédric Chevalme) et à la recherche de son premier amour disparu mystérieusement, il semble y avoir peu de place pour l’amour. Pourtant dès sa rencontre avec le commandant Karadec, l’héroïne tombe un peu plus chaque jour sous son charme… Au point d’en être même troublée dans ses enquêtes.
Mais, est-ce qu’une personne surdouée arrive à nouer une relation stable en couple ? "Le HPI n’est pas enclin à avoir plus de difficultés que les autres dans des relations amoureuses, etc.", nous assure l’écrivaine et psy Sandrine Belmont dans Planet. "Sauf si véritablement il a vécu des choses difficiles, dans sa vie. Et, cela a plutôt avoir avec son environnement que son potentiel".
Toutefois, l’héroïne de TF1 pourrait gagner en authenticité et être la plus normale possible dans les prochains épisodes de la série. "Je dirais qu’il faudrait la rendre un peu plus banal", sourit notre interlocutrice. "Tous les HPI ne sont pas aussi spéciaux". Avant de découvrir les premiers secrets de la saison 3, assistez au final de HPI ce jeudi 16 juin sur vos écrans.