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Elle avait 20 ans et était enceinte de trois mois. Elle a été tuée par son conjoint, qui l'a rouée de coups jusqu'à la laisser inconsciente. Elle est morte plus tard dans la soirée, à l'hôpital. C'est la 71ème femme à être victime de féminicide cette année.
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Battue à mort par son conjoint : un nouveau féminicide en France

Elle n’a pas trouvé la mort, elle a été tuée. Cette Française qui vivait à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été battue à mort par son compagnon, le 3 juin 2019, rapporte France Bleu. Âgée de 20 ans, elle était enceinte de trois mois.

C’est un voisin de palier qui a découvert la victime, le mercredi matin vers 8h. Parce que des cris retentissaient dans tout l’immeuble, il a sonné à la porte de l’appartement d’où provenaient les hurlements. Quand la porte s’est finalement ouverte, il a retrouvé la jeune femme au sol, inconsciente après avoir été passée à tabac.

Une fois les secours et les autorités compétentes alertées, la femme a été transportée en urgence à l’hôpital régional Delafontaine. Malheureusement, en dépit des soins qui lui ont été prodiguées, elle est morte des suites de ses blessures. Son bébé n’a pas survécu non plus. Elle est la 71ème victime de féminicide de l’année, en France.

La veille de sa mort, la victime s’était rendue au commissariat local pour déposer une main courante contre son mari, signalant un "comportement violent". Ce n’est qu’après sa mort que les autorités ont réagi, puisque son conjoint – lui aussi âgé d’une vingtaine d’année – a été interpellé et placé en garde à vue. Depuis, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour homicide volontaire.

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Féminicide : une femme tuée tous les trois jours par un conjoint ou un ex

"Les violences faites aux femmes existent partout, il n’y a pas d’idée de quartier", rappelait récemment Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, au micro de Nikos Aliagas, sur Europe 1. À l’époque, Aïssatou venait d’être tuée par son conjoint. Elle était la 70ème femme dans ce cas, en France, depuis janvier précise Libération.

En moyenne une femme meurt tous les trois jours dans l’Hexagone, victime de son compagnon ou d’un ex-compagnon. Et cela ne touche pas que celles issues des milieux sociaux défavorisés. "Quand on regarde le profil des 70 femmes mortes depuis janvier, il y a des cheffes d’entreprises, des femmes de ménage, des mères au foyer. Il y a de tout, la violence faite aux femmes est dans tous les milieux", poursuit d’ailleurs la responsable associative.

Cependant, toutes les femmes ne sont pas protégées de la même façon, soutient-elle. "En fonction de là où vous habitez, vous n’êtes pas protégée de la même manière. C’est assez insupportable", explique-t-elle, non sans détailler. "On sait qu’à Versailles, par exemple, il est très compliqué d’avoir des ordonnances de protection parce que les juges des affaires familiales, là-bas, trouvent que ça n’est pas efficace. Dans d’autres territoires, comme en Seine-Saint-Denis, il y a des expérimentations sur un tas de mesures. Ils innovent", insiste-t-elle.

Féminicide : des agresseurs souvent présentés comme les victimes ?

Malgré ces chiffres accablants, il n’est pas rare que les agresseurs bénéficient d’une assez forte empathie. La presse a même parfois tendance à les présenter comme des victimes de leur propre affaire. Les cas Quesada et Daval illustrent assez bien certains de ces mécanismes de protection qui se mettent en place.

"Sachez en tout cas qu’il ne va pas bien, Christian Quesada. Pour lui c’est très compliqué alors on ne va pas le plaindre bien entendu, mais voilà. C’est vrai qu’il va très mal actuellement", précisait par exemple Cyril Hanouna au sujet de l’ancienne coqueluche de l’émission de Jean-Luc Reichmann.

Jonathann Daval, lui, était présenté comme "dévoré de l’intérieur", frappé d’un état de santé "très préoccupant"… Quand il n’était pas simplement présenté comme la victime des "violences verbales" de sa compagne. Petit rappel contextuel : elle est aujourd’hui morte et il est mis en examen.

"Ce genre de traitement médiatique est très fréquent. Il vise à minimiser la gravité des agressions comme des meurtres, à en excuser les auteurs. Très souvent, il présente les victimes comme responsables de ce qui leur est arrivé", alerte dans nos colonnes Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans les violences sexuelles et présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie. "Cette façon de présenter les agresseurs n’est pas sans impact sur la société : ça se ressent notamment dans les tribunaux, mais pas que. Cela touche aussi une partie de la population", déplore pour sa part une administratrice du collectif Féminicides par compagnons ou ex.