De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Il arrive un moment où on ne peut plus rester chez soi. Comment faire lorsqu’on ne peut plus vivre en autonomie, mais qu’on ne peut pas ou ne veut pas aller dans un Ehpad ? Quelles sont les autres offres en France ? Après le scandale des maisons de retraite, de nombreux Français se sont inquiétés pour leurs parents vieillissants, ou qui étaient déjà dans ce type de structure. Il existe des alternatives aux Ehpads, mais elles ne sont pas nombreuses et elles restent souvent méconnues. Elles dépendent surtout du niveau de dépendance de la personne : a-t-elle besoin d’une présence médicale 24 heures sur 24 ? A-t-elle juste besoin de vivre avec d’autres personnes pour aller mieux ?
Colocations pour séniors : l'alternative à l'Ehpad ?
Dominique [le prénom a été changé, NDLR] a trouvé la solution : l’habitat partagé entre seniors. Cette femme de 72 ans vit depuis six mois dans une grande maison de Vendeuvre (Calvados), qu’elle partage avec deux autres personnes âgées, grâce à l'entreprise sociale et solidaire Cette Famille. Cette dernière propose des maisons pour personnes âgées avec accompagnement : les seniors y vivent entre eux, avec la présence d’assistantes de vie jour et nuit. Si chaque colocataire est en autonomie, il peut aussi être aidé par un professionnel dès qu’il en a besoin. Aujourd’hui, Cette Famille dispose d’une dizaine de maisons déjà ouvertes et une vingtaine sont prévues pour la fin de l’année 2022 ou au cours de l’année 2023.
En Normandie, Dominique ne pouvait plus vivre seule après avoir fait plusieurs AVC. "Je me suis retrouvée avec une perte d’autonomie totale", raconte-t-elle à Planet, expliquant qu’elle ne pouvait donc plus rentrer chez elle après sa dernière hospitalisation. "Mes filles habitent loin et, dans un premier temps, elles n’ont pas eu le choix et elles m’ont trouvé une place dans un Ehpad", ajoute-t-elle. Dans cette structure, la retraitée ne se sent pas du tout à sa place : "J’étais entourée de personnes qui perdaient la tête, mais moi mon problème est physique, il n’est pas intellectuel". La septuagénaire ne trouve pas sa place au sein de l’établissement et sait qu’il lui faut une autre solution.
C’est alors que sa fille entend parler des colocations pour seniors dans les médias. Après une première visite des lieux, Dominique est séduite par le projet et sait qu’elle s’y sentira bien, ce qui est effectivement le cas aujourd’hui : "C’est une petite structure, le cadre est très chouette, j’ai l’impression d’être à ma place, ce qui n’était pas du tout le cas à l’Ehpad". Comment cet hébergement fonctionne-t-il ? Entre autonomie et vie en collectivité, comment le quotidien de Dominique est-il organisé ?
Colocations pour seniors : des activités à faire seul ou en groupe
Au sein de sa colocation, Dominique se sent décisionnaire. Elle explique à Planet que les colocataires "participent au menu, décident ensemble de ce qu’ils veulent faire, des activités qu’on leur propose". Surtout, son rythme est respecté puisqu’elle se réveille à l’heure qu’elle veut, les soins étant adaptés à ses horaires. La journée, elle passe du temps avec ses colocataires, mais reste aussi seule par moment, si et quand elle en a envie : "On fait un peu ce qu’on veut, soit on lit chacun dans notre coin, soit on fait des jeux ensemble. On regarde la télévision, on écoute de la musique ou on joue à des jeux de cartes, au Scrabble au Trivial Poursuit". En plus de ces moments de convivialité, les colocataires peuvent participer à l’entretien du potager, installé exprès à leur hauteur. Le soir, s’ils en ont envie, ils participent à la préparation du dîner, avec les auxiliaires de vie présentes.
En plus de ces moments entre eux, les colocataires peuvent recevoir leur famille quand ils le désirent. "Je peux accueillir mes enfants qui vivent loin car il y a tout un espace réservé aux familles avec une cuisine et des chambres disponibles. Ils peuvent donc rester plusieurs jours près de moi, sans avoir à payer pour une chambre d’hôtel", nous explique Dominique. Si elle dispose de tout le confort nécessaire, avec une chambre de 20m² et une salle de bain privative, la septuagénaire apprécie surtout le sentiment de sécurité qu’elle ressent en étant dans cette colocation.
Colocations pour seniors : garder sa dignité
Au sein de sa colocation, Dominique se sent vivante : "On reste acteur de notre vie, on participe et, plus que ça, on est encouragé à participer. Ce n’était pas le cas du tout à l’Ehpad, où j’avais l’impression d’être totalement assistée, ce qui ne me convenait absolument pas. Ici on garde notre dignité et c’est essentiel".
Surtout, à 72 ans et après ses problèmes de santé, elle se sent en sécurité. Les six auxiliaires de vie se relaient jour et nuit pour assister les trois colocataires déjà présentes, la maison pouvant accueillir jusqu’à 8 personnes. "Pour m’aider à faire ma toilette, pour préparer le repas… Elles sont toujours là à veiller au grain et c’est très rassurant", nous confie Dominique. Aujourd’hui, elle ne se verrait pas ailleurs que dans une colocation pour seniors et conseille aux personnes en perte d’autonomie, comme à leurs proches, de se renseigner sur cette alternative.