Supprimer les jours fériés, bonne ou mauvaise idée pour relancer l'économie ?Istock
Lundi de Pâques, Toussaint, jour de l'an... En France, les jours fériés sont au nombre de 11. Trop nombreuses pour certains, nécessaires pour d'autres, ces fêtes légales sont au cœur de bien des débats depuis toujours. Quelles seraient la conséquence de leur suppression sur l'économie française ? Éléments de réponse.
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Supprimer les jours fériés au profit de l'économie, un débat qui anime depuis toujours.  Tantôt travaillées, souvent chômées, ces journées divisent l'opinion en deux camps. D'un côté, ceux qui estiment qu'elles sont trop nombreuses sur le calendrier. De l'autre, ceux qui jugent leur impact faible sur la croissance.

En 2014, le Mouvement des entreprises de France (Medef) dévoilait un projet pour l'emploi dans lequel figurait la suppression de deux jours fériés par an, avec pour objectif "d'allonger la durée annuelle travaillée de 1,2 jour, ce qui représente environ 0,9% de produit intérieur brut (PIB)", rappelle Slate

Jours fériés : combien coûtent-ils vraiment à l'économie ?

D'après les chiffres avancés par le magazine, l'impact de travailler quelques jours en plus ou en moins chaque année a été évalué entre -0,2 et +0,2% point de croissance entre les années 1980 et 2014. "En 2004, par exemple, année où les Français avaient travaillé trois jours de plus que l'année précédente (la 'faute' à des jours fériés tombés les week-ends), l'effet statistique du calendrier sur la croissance avait été évalué à +0,2 point", rappelle Slate dans cet article de 2014. 

Jours fériés : des conséquences différentes d'une année à l'autre

Naturellement, le poids d'un jour férié sur la croissance varie d'une année à l'autre : une Toussaint fêtée un dimanche aura un impact économique moindre comparé à une fête du Travail tombée un mercredi, jour de la semaine qui coûte le plus cher à l'économie selon Le Figaro. 

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Les conséquences ne sont jamais les mêmes : imaginons, par exemple, que bon nombre de jours fériés tombent le week-end la même année. L'impact sera naturellement bien plus faible que l'année suivante où quatre jours fériés tomberaient au mois de mai, tous en semaine. 

Si elle plaît à certains, l'idée de supprimer les jours fériés a plutôt tendance à faire sourire certains économistes...

Jours fériés : créateurs de richesses et journées de travail anticipées

En 2014, de nombreux économistes avaient critiqué les calculs du patronat, leur reprochant notamment de ne pas tenir compte des réalités économiques telles que l'anticipation des jours fériés par les entreprises.

Ces dernières "accélèrent la cadence avant et après, gommant ainsi grandement l'effet du congé", rappelle le magazine Slate.

Par ailleurs, les loisirs mis en avant lors des jours fériés sont également à l'origine de richesses, estimaient les spécialistes. 

En outre, il convient de rappeler que jour férié n'est pas synonyme de jour chômé. Quels sont les jours où l'on ne travaille vraiment pas, en France ? On fait le point. 

Jours fériés : quelles sont les dates chômées en France ?

Selon l'article L222-1 du Code du travail, les jours fériés sont au nombre de 11 par an en France. Les voici : 

  • Le jour de l'An. Fêté le 1er janvier de chaque année depuis l'arrêté du Conseil d'État du 23 mars 1810, le jour de l'An est un jour férié "ordinaire", qui peut donc être travaillé. Il peut également être utilisé comme journée de solidarité, selon l'article L.3133-8 du Code du travail. 
  • Le lundi de Pâques. Cette fête qui trouve son origine dans la culture religieuse est célébrée chaque année entre le 23 mars et le 26 avril, le lendemain de la fête de Pâques. Ce jour, férié depuis la loi du 8 mars 1886, peut être chômé selon l'accord d'entreprise ou l'accord de branche auquel vous êtes soumis. 
  • La fête du Travail, qui correspond au 1er mai de chaque année, est un jour férié depuis 1947. Dans le Code du travail, ce jour férié est le seul qui doit obligatoirement être chômé pour tous les salariés, indépendamment de leur statut ou de leur ancienneté. 
  • La victoire de 1945, commémorée chaque 8 mai en mémoire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne, peut être travaillée selon la volonté de l'employeur. Comme le jour de l'An, le 8 mai est un jour férié dit "ordinaire", et se trouve également être le jour férié le plus récent, ajouté par l'une des lois Auroux. 
  • Le jeudi de l'Ascension est un jour férié dont la date est variable, célébré 40 jours après Pâques. Selon la convention collective à laquelle vous êtes soumise, cette fête peut être chômée ou non. 
  • Le lundi de Pentecôte trouve lui aussi son origine dans la culture religieuse, en commémoration, entre autres, de la naissance de l’Église. Fériée depuis la loi du 8 mars 1886, la Pentecôte est toujours célébrée entre le 10 mai et le 13 juin de chaque année. Le lundi de Pentecôte est retenu comme journée de solidarité par défaut,  selon une loi de 2004. 
  • La fête nationale est un jour férié non chômé célébré chaque année le 14 juillet. Encore une fois, c'est la convention collective de chaque salarié qui indique si ce jour est chômé ou non. 
  • L'Assomption, fixée au 15 août de chaque année, est une fête religieuse qui peut être chômée ou non selon la convention collective de chaque entreprise. 
  • La Toussaint,  fêtée chaque 1er novembre, est elle aussi une fête religieuse  qui peut être chômée ou non. 
  • L'Armistice célèbre chaque 11 novembre l'anniversaire de la capitulation allemande en 1918. C'est également un jour férié "ordinaire", qui peut donc être travaillé. 
  • Noël, fêté le 25 décembre, est une fête religieuse également reconnue comme jour férié légal, qui peut être chômé ou non.