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Il est de nouveau sous le feu des projecteurs. Plus d’un an après son arrestation au Japon et son incarcération, Carlos Ghosn fait une nouvelle fois la une des médias depuis le mardi 31 décembre et sa fuite impressionnante de l’archipel.
L’ancien patron de Renault-Nissan est désormais réfugié au Liban, auprès des siens, où il court peu de risques d’être extradé. Interpol vient de lancer un mandat d’arrêt international contre Carlos Ghosn, faisant de lui un des hommes les plus recherchés de la planète. Une chute vertigineuse pour celui qui fut un des hommes les plus puissants de la planète et le patron le mieux payé du Cac 40.
Âgé de 65 ans, il est accusé par Nissan d’avoir dissimulé une partie de ses revenus au fisc japonais, ce qu’il nie, évoquant l’existence d’un complot destiné à le faire tomber. Après 14 ans à la tête de Renault, il a été remercié en 2019 et remplacé par Jean-Dominique Senard. Retour sur la vie de celui qu’on surnomme le "Cost Killer".
Carlos Ghosn : un "citoyen du monde" revendiqué
Issu d’une famille d’origine libanaise, Carlos Ghosn est né le 9 mars 1954 à Porto Velho, au Brésil, et a passé son enfance au Liban. Il est arrivé en France à l’âge de 16 ans pour suivre ses études, avant d’intégrer l'École Polytechnique en 1974 puis l'École des Mines de Paris, où il a obtenu le diplôme d’ingénieur. Il se revendique comme un "citoyen du monde", qui est d’ailleurs le titre donné à un livre qu'il a cosigné et a, sans étonnement, passé plusieurs années à l’étranger, poussé par ses différentes fonctions. Comme le rappelle Slate, l’ancien patron de Renault-Nissan parle parfaitement le portugais, l’anglais, le français, l’arabe, l’italien et quelques mots de japonais.
Celui qui a débuté chez Michelin est entré chez Renault en 1996 puis a gravi les échelons qui l’ont amené jusqu’au sommet. Avant une chute qui a été plus que brutale. Mais, ces derniers mois, alors qu’il se trouvait au cœur du cyclone, Carlos Ghosn a pu compter sur le soutien indéfectible de son épouse Carole.
Carlos Ghosn : qui est son épouse Carole ?
Carlos Ghosn a été marié deux fois. Son premier mariage a eu lieu en 1985 avec Rita Khordahi, libanaise elle aussi et qu’il a rencontrée à Lyon alors qu’elle était encore étudiante. 28 ans de mariage et quatre enfants plus tard, sa femme demande le divorce lorsqu’elle apprend la liaison de son mari avec Carole Nahas, également libanaise. Cette dernière deviendra officiellement madame Ghosn en 2016, après un mariage célébré en grande pompe à Versailles et qui fait l’objet d’une enquête pour son financement.
Depuis l’arrestation de son mari, Carole Ghosn n’a de cesse de répéter qu’il est innocent. D’après elle, il est victime d’un "coup monté" et "lâché par tout le monde". Celle qui le soutien contre vents et marées est née en 1966 et a eu trois enfants d’une précédente union. Créatrice, elle a développé la marque CALM et a longtemps vécu à New York, avant de s’installer au Japon avec Carlos Ghosn. Dans un SMS envoyé au Wall Street Journal, elle a affirmé que les retrouvailles avec son époux étaient "le plus beau cadeau de [s]a vie".
Reste à savoir quel rôle elle a joué dans l’évasion de son mari. Une photo publiée par une amie du couple et prise le 31 décembre montre Carlos Ghosn et sa femme réveillonner ensemble pour la Saint-Sylvestre. Un moment en famille bienvenu pour celui qui a passé plus d’un an sans pouvoir voir ses quatre enfants, issus de son premier mariage.
Carlos Ghosn : père de quatre enfants
A 65 ans, Carlos Ghosn est père de quatre enfants, tous issus de son mariage avec Rita Khordahi. Trois filles et un garçon : Caroline, Anthony, Maya et Nadine. Papa poule, Carlos Ghosn ? Comme l’explique Courrier international, juste avant de décoller pour le Japon en novembre 2018, soit quelques heures avant son arrestation, l’ancien patron avait envoyé un message à ses enfants : "En route pour Tokyo ! Je vous aime !". Un petit mot envoyé sur le groupe WhatsApp où il a réuni ses quatre enfants et baptisé… "Game of Ghosns", clin d’œil à sa série préférée Game of Thrones.
Le soir de son arrestation, Carlos Ghosn devait d’ailleurs dîner avec sa fille Maya qui, comme le rapporte Courrier international, devait alors lui présenter son petit ami. Pour l’occasion, celui qui était encore le patron de l’alliance Renault-Nissan avait réservé une table dans un restaurant étoilé de Tokyo. Une image aux antipodes de celle qu’il a affichée en entreprise durant plusieurs décennies. Sur le plan professionnel, Carlos Ghosn a rapidement eu une réputation de "tueur" puisqu’il est surnommé le "cost-killer", soit le "tueur de coût".
Carlos Ghosn : un "cost-killer" adulé autant que critiqué
Un surnom peut dire beaucoup d’une personne. Carlos Ghosn a hérité de celui de "cost-killer" grâce à sa spécialité, qui a fait sa renommée : transformer des sociétés au bord de la faillite en entreprise très rentable. C’est ce qu’il s’est passé lors de son arrivée chez Michelin et sa nomination en Amérique du Sud, où son objectif était de redresser une situation compliquée. À son arrivée chez Renault en 1996, personne ne croyait à un miracle puisque l’entreprise connaissait alors un déficit de près de six milliards de francs français. Il lui aura fallu moins de deux ans pour inverser la tendance, avant de se concentrer sur la fusion avec Nissan. Là encore, il a récupéré une entreprise au bord de la faillite, qu’il est parvenu à transformer.
C’est cette politique de transformation qui lui a valu une admiration sans borne au Japon, où il est même le héros d’un manga. Pourtant, cette réputation lui vaut aussi des critiques, notamment en France. Carlos Ghosn a connu un tollé lorsqu’il a fait fermer l’usine de Vilvorde, en Belgique. Il a également entretenu des relations compliquées avec certains syndicats. D’après un décompte réalisé par plusieurs d’entre eux, et relayé par Le Parisien, une dizaine de suicides ont eu lieu sur plusieurs sites de Renault entre 2013 et 2017. En 2016, à Cléon, un employé de 35 ans s’était pendu, laissant une lettre d’adieu disant : "Tu expliqueras ça à mes filles Carlos".
Désormais au Liban, Carlos Ghosn a affirmé qu'il s'expliquerait le 8 janvier. Quelle sera la suite pour le patron déchu de Renault ? Personne ne le sait encore et peut-être même pas le principal intéressé.