Le vaccin "ne suffira pas" à supprimer le virus : les mesures préconisées par un épidémiologisteIstock
Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, la stratégie du "vivre avec le virus" ne permettrait pas de sortir réellement de la crise sanitaire. D'après lui, seules des mesures encore plus strictes rendront possible un retour une vie à peu près normale.
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Sortir du "vivre avec" pour s'orienter vers une politique "de circulation minimale du virus", voilà la réflexion donnée par Antoine Flahault, directeur de l'Institut global de santé, résumée en quelques mots. Ce spécialiste des situations d'épidémie a récemment accordé un entretien au Journal du Dimanche.

Si pour certains scientifiques et responsables politiques tout repose désormais sur le bon déroulement de la campagne de vaccination, il n'en va pas de même pour l'ancien directeur de l'Ecole nationale de santé publique (ENSP).

Sortir de la crise sanitaire : le vaccin ne permettra pas à lui seul de stopper définitivement l'épidémie

"Cela me paraît un pari  hasardeux" répond ainsi l'homme lorsqu'on lui demande si "il est réaliste de tout miser sur le vaccin pour sortir de la crise". Pour Antoine Flahault, trop de facteurs peuvent encore mettre en péril le bon déroulement de la campagne de vaccination. L'épidémiologiste pointe notamment de possibles soucis "d'acheminement" des doses. "L'adhésion de la population" pourrait aussi être remise en cause "si le cas d'AstraZeneca se posait avec d'autres vaccins". 

Autre problématique qui pourrait survenir dans les prochains mois : l'arrivée de "nouveaux variants" qui risqueraient de remettre en cause l'efficacité des vaccins actuellement injectés à la population. 

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Toutes ces variables conduisent Antoine Flahault à penser que le seul plan de vaccination national ne suffira pas. Un confinement de quelques semaines, tel qu'il est prévu à l'heure actuelle, ne serait également pas suffisant. Alors, quelles solutions envisage ce scientifique de renom ?

Sortir de la crise sanitaire : deux mois de confinement strict, à l'image du Royaume-Uni ?

Pour Antoine Flahault, l'interruption des cours en présentiel, durant quelques semaines, ne réglera pas le problème. Pour le justifier, ce dernier cite le cas de plusieurs nations européennes, "c'est cette mesure (NDLR : la fermeture prolongée des écoles) qui a permis au Portugal, au Royaume-Uni, à l'Irlande et au Danemark de reprendre le contrôle". 

Si cette option a longtemps été repoussée par les autorités, Emmanuel Macron a cependant dû se résoudre à annoncer la fermeture des maternelles, collèges et lycées pour plusieurs semaines au début du mois d'avril 2021. 

Insuffisant pour Antoine Flahault : "Je le regrette. Car trois semaines de vacances en avril ne suffiront pas à revenir sous la barre des 5000 cas quotidiens", explique-t-il. Il faut donc faire des efforts plus importants pour réellement sortir de ce plateau élevé qui sollicite le système hospitalier depuis maintenant plusieurs mois.  

Il faudrait, selon le spécialiste, suivre l'exemple britannique et entrer dans une stratégie de suppression du virus. Après deux mois de confinement plutôt strict, nos voisins connaissent désormais "une situation sanitaire très enviable". 

Quand pourra-t-on voir le bout du tunnel ?

Sortir de la crise sanitaire : le bout du tunnel en vue à la mi-juin ?

Hier, lundi 12 avril 2021, les pubs et les bars ont rouvert à Londres. De quoi sans doute faire des envieux chez nous. Nous pourrions devoir patienter encore de longues semaines avant de goûter de nouveaux à ces petits plaisirs de la "vie d'avant". 

"La France pourrait connaître cette situation début juin si elle maintient son niveau de restriction jusque là", avertit Antoine Flahault. Rappelons que les autorités auraient pour l'instant fixé la réouverture des terrasses à la date du 17 mai prochain.

Si l'espace public devra donc vivre sous cloche pendant encore quelques mois, il n'en va pas forcément de même pour la sphère privée. "Quand deux personnes (ou même six ou douze !) toutes vaccinées se réunissent, il n'y a pas d'intérêt à maintenir les mesures barrières", conclut le scientifique dans les colonnes de l'hebdomadaire.