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"Ce virus est très particulier. Nous avons remarqué que la durée de vie des anticorps protecteurs contre le Covid-19 est très courte. Et nous constatons de plus en plus de cas de récidive chez des personnes qui ont déjà eu une première infection", a alerté le président du conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, dans les colonnes du quotidien italien La Repubblica, le 12 avril 2020.
Ce mercredi 15 avril, durant son audition au Sénat, il a également évoqué qu’une "série d'éléments suggère qu'il y a peut-être un réservoir (des compartiments anatomiques du corps, NDLR) pour ce virus. Des phénomènes de réactivation qui peuvent arriver". Il n’évoque donc pas ici la durée de vie des anticorps, mais bel et bien la réactivation de la maladie.
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Réactivation du Covid-19 : un phénomène possible
Dans n'importe quelle infection, il est possible qu’une partie de la charge virale ne soit pas enrayée par le système immunitaire durant l'infection initiale. Ainsi, quelques jours après la guérison, une réactivation de la maladie peut avoir lieu. C'est pourquoi des patients testés positifs une première fois ayant guéri, ont de nouveau été testés positifs après quelques temps.
Pour l’heure, si des cas marginaux ont été observés, le pourcentage de malades du nouveau coronavirus étant retombés malades, n’est pas connu.
"Ces cas restent très marginaux et peuvent au moins en partie être imputable à la marge d'erreur des tests, ou la difficulté des prélèvements", précise toutefois au Figaro Étienne Decroly, directeur de recherche CNRS au laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques, à Marseille.
Qu’en est-il par ailleurs de l’immunité ?
Coronavirus : les personnes guéries sont-elles réellement immunisées ?
Comme le stipule le professeur Jean-François Delfraissy, la durée de vie des anticorps peut-être très courte. Cela signifie que "l'immunité peut être plus ou moins longue face à un virus", explique Étienne Decroly au quotidien économique. Deux raisons l'illustrent. "Les virus mutent, c'est ce qui arrive avec la grippe saisonnière. Dans ce cas l'immunité persiste mais son efficacité est assez courte car le virus évolue. Mais on parle de plusieurs dizaines de semaines tout de même !" Ce n’est pas encore le cas du Covid-19, qui se propage seulement depuis quelques semaines.
"L'autre raison, que l'on n'explique pas trop d'ailleurs, c'est la perte éventuelle de la capacité de la réaction antivirale efficace.» Ici aussi, un effacement rapide serait surprenant.
Comment peut-on alors s’assurer de l’immunité acquise ?
Coronavirus : le nombre d’anticorps est-il important dans la mesure de l’immunité ?
Selon une étude de l'université de Sanghaï publiée sur le site de prépublication en ligne MedrXiv - mais non encore validée par un comité de lecture scientifique- détaille que certains malades guéris ont un taux d'anticorps très faible (30% des 175 patients étudiés).
Cela a-t-il un rapport avec le fait que certains patients guéris soient de nouveau infectés ?
Si le corps, lorsqu’il est confronté à un virus, crée une réponse immunitaire en produisant des anticorps pour le neutraliser "la quantité d'anticorps présents dans le sang n'est pas forcément le meilleur critère pour prédire l'efficacité de l'immunité acquise", note Étienne Decroly. "Il faut s'assurer que les anticorps bloquent efficacement le virus. De plus il faut savoir que l'organisme garde en mémoire le mode d'emploi de fabrication des anticorps en quelque sorte, et il peut relancer cette production en cas de nouvelle infection."
Jean-François Delfraissy a par ailleurs souligné ce mercredi 15 avril,que "nous sommes très loin d’une immunité naturelle de la population".
"L’immunité populationnelle est autour de 10%, donc pas au niveau où on la souhaite pour éviter une deuxième vague, a-t-il précisé. […] Le fait d’avoir des anticorps ne veut pas totalement dire qu’on est protégé."