Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
"Je veux donner du sens au départ de mes filles". Voici le combat de Nadia Karmel, qui a perdu ses deux petites filles dans un accident de la route, le 3 avril 2018 à Festieux entre Reims. Ce soir-là, Nadia rentre chez elle avec ses 3 enfants : Lila, 3 ans et demi, Adelaïde 26 mois et Isaac, son nouveau-né. Le temps est orageux et il pleut beaucoup. Tout à coup, la jeune mère voit arriver à toute vitesse une Maserati noire à 100, 150 km/h (à l’heure actuelle, les experts ne sont toujours pas d'accord). En une fraction de seconde, le bolide perd le contrôle et percute la voiture de Nadia. "Un choc frontal d'une violence inouïe" rapporte Le Parisien qui a recueilli son témoignage poignant.
Si Isaac, son bébé d’un mois au moment des faits a survécu à ce tragique accident, ce n’est pas le cas de ses deux fillettes. Elle se bat depuis ce jour pour faire condamner le chauffard récidiviste qui a provoqué l'accident.
"Je suis morte avec mes filles"
Lors de l’annonce de leur décès, "j’étais en état de choc, comme anesthésiée. C’était cauchemardesque".
Toute le monde pleurait autour de moi, je voyais mais je n’entendais plus", confie Nadia dans l’émission d’Hapsatou Sy TV.
Nadia dévoile aussi dans les colonnes du Parisien avoir avalé des médicaments en grande quantité. C’est ce jour-là, alors à l’hôpital, qu’elle a "décidé de (se) battre". "Je suis morte avec mes filles mais je dois reconstruire une vie parallèle, pour lui, pour Isaac qui tient le coup, sans se plaindre. Il gardera pourtant sans doute des séquelles à vie".
Le chauffard "n’a jamais dit qu’il était désolé. Rien." Jusqu’à l’ouverture du procès ce jeudi 19 septembre 2019, le conducteur du bolide n’a en effet jamais présenté ses excuses, ni même ses condoléances. Il dit par ailleurs ne se souvenir de rien.
Une ouverture de procès sous tension
Ce jeudi, Nadia a fait face au chauffard jugé devant le tribunal correctionnel de Laon. L’homme, chef d'entreprise de 48 ans est père de famille. Par le passé, il a déjà fait l'objet de deux suspensions de permis pour excès de vitesse.
D’ailleurs, avant l'accident, plusieurs témoins dont un gendarme, affirment avoir croisé le jour du drame une Maserati roulant entre 150 et 180 km/h. Ces témoignages ont pourtant été rejetés en bloc par l'avocat de l’intéressé, évoquant un déchaînement émotionnel.
Nadia reste cependant déterminée. Elle veut empêcher l’homme qui a fait de sa vie un cauchemar d’en briser d’autres.
Le chauffard "ose (enfin) demander pardon"
Poursuivi pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires", le prévenu risque 5 ans de prison, 75 000 € d’amende et une annulation de permis de conduire avec impossibilité de le passer pendant cinq ans, note Ouest France.
Visiblement très ému à la barre, le gérant de centres de contrôle technique ne se souvient de rien.
"Je voulais dire que j’étais bouleversé par ce qui s’est passé. Tous les jours, à chaque instant, j’y pense. J’ai pas de douleur comparable à celle de la maman ou du papa. J’ose demander pardon, mais je sais qu’on ne me pardonnera jamais ", a déclaré le prévenu.
"L’orage était très important" mais "je ne me souviens de rien, je ne sais pas ce qui s’est passé", a-t-il assuré.
Le père de famille avait obtenu sa Maserati d’occasion seulement quelques jours avant le terrible accident. Il avait par ailleurs commis 9 infractions au code de la route avec son ancienne Jaguar.
Pour éviter que l’évènement se répète, Nadia a écrit une lettre au président de La République.
Ses propositions chocs à Emmanuel Macron
Pour la mère de famille, cet accident aurait pu être évité. Elle en est convaincue. C’est pourquoi, dans son livre témoignage Elles s’aimaient très très fort, Ed. Hugo Doc, elle adresse une lettre ouverte à Emmanuel Macron avec quelques propositions. Celle-ci est publiée dans le Journal du Dimanche.
Elle demande par exemple l'application stricte de la loi. Aujourd'hui, si les grands excès de vitesse sont passibles de 3 ans de suspension de permis, le chauffard qui les a percutés ce jour-là n'a été condamné qu'à 4 mois. Or, "si la loi et les sanctions à son encontre avaient été appliquées fidèlement et de manière drastique notre accident n'aurait jamais eu lieu", stipule-t-elle.
"J'ai découvert que la vie de mes filles valait moins qu’une Maserati"
Nadia pointe également le système de bonus-malus des assurances. Selon elle, les compagnies devraient pouvoir consulter les permis, le nombre de points et les procès-verbaux de tous leurs assurés. "Cela leur permettrait de faire payer plus cher les conducteurs dangereux."
Elle soumet également l’idée d'imposer un suivi psychologique aux récidivistes.
Quant aux indemnités accordées aux victimes, la mère de famille demande qu’elles soient augmentées. "Lors de l’instruction j'ai découvert que la vie de mes filles valait une trentaine de milliers d'euros... c'est moins que le prix d'une Maserati", se désole-t-elle. La douleur provoquée par les décès, elle, est inestimable. "Elle ne partira jamais", avait-elle confié à Hapsatou Sy.