De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
"J’ai eu mal à la tête". Voici les propos tenus par Marie-Pierre Vatelier, pâtissière de Quincampoix (Seine-Maritime, Normandie) et Arnaud, 30 ans, résident de Rouen Gauche. Après l’incendie qui est survenu dans une usine Seveso (lieu avec une menace d'accident majeur) à Rouen dans la nuit du jeudi 26 septembre 2019, les deux riverains vivant proche de la zone à risque sont inquiets pour leur santé : et si le nuage était plus toxique que ce qu’a annoncé la préfecture de la Seine-Maritime ?
En effet, durant une bonne partie de la journée, le feu a provoqué une épaisse fumée noire sur plusieurs kilomètres et des retombées de suie sur un vaste périmètre au nord-est de la ville selon la préfecture. Un constat fait par l’époux de Marie-Pierre et dont il lui a parlé le soir rentrant : "Il a vu un gros nuage gris au-dessus de Rouen lorsqu’il était en campagne mais aussi des suies sur les voitures".
"J’ai reçu des photos de poissons et d’oiseaux morts via Facebook", explique Arnaud, qui vit à 800 mètres de l’usine. Ce sont ses proches qui auraient trouvé les dépouilles animales sur les quais de Rouen, le 27 septembre 2019. Par ailleurs, souligne-t-il, la fin de l'incendie n'a pas fait disparaître les fumées, dont certaines seraient encore visibles.
Les urgences étaient surchargées
Des propos qui sont confirmés par Abdellah Banna, le gérant des ambulances rive gauche de Rouen. Il explique que les substances chimiques dans l’air ont impacté une majorité de la population. Par ailleurs, l’homme a reçu beaucoup d’appels de médecins demandant d’hospitaliser certains de leurs patients directement. "Les urgences étaient surchargées au point où les gens sont ressortis le soir même", confirme l’ambulancier.
"Ils se plaignaient de céphalées assez puissantes, certains avaient des vomissements, des troubles cognitifs pour d’autres", ajoute-t-il.
La raison de ces maux de tête est liée à la fumée et à l’inhalation des produits chimiques qui ont brulé au sein de l’usine Seveso.
Arnaud fait partie de ses victimes et il ne se sent toujours pas bien. "Je vais certainement me rendre chez le médecin", annonce-t-il. Le jeune homme se plaint de vomissements, de maux de gorge et de tête.
"C’est inadmissible de véhiculer de fausses informations"
"Ce n’est pas une toxicité aigüe, donc dangereuse", annonce Eric Herbet, le maire de Quincampoix. L’homme politique avance que tout le monde est conscient que ces fumées ne sont pas bonnes pour la santé et que cela peut avoir un impact tel qu’une gêne respiratoire.
Pour autant, Marie-Pierre Vatelier, Arnaud et Abdellah Banna ne sont pas d’accord avec les dires de l’édile. "C’est inadmissible de véhiculer de fausses informations, on essaie de nous cacher la vérité pour éviter que la population panique", rétorque l’ambulancier.
"Hier, la préfecture a publié un communiqué qui indiquait que les fumées n’étaient pas nocives pourtant, les employés de l’usine ont relayé sur les réseaux sociaux que les produits étaient hautement toxiques", confirme-t-il.
Rouen : une population déjà très effrayée ?
Un argument que la pâtissière reprend aussi. La femme a peur de la suite des évènements. En effet, la préfecture a annoncé que le nuage n’était pas dangereux mais elle n’est pas convaincue : "J’ai entendu que les agriculteurs devaient rentrer leur bétail, on nous cache peut-être quelque chose", se questionne la mère de famille.
Face à ces interrogations, l’édile se justifie : "Il n’y avait pas de consignes des services préfectoraux disant d’alerter la population, il ne fallait justement pas affoler les habitants".
Un rassemblement est organisé à la préfecture de Rouen à l’heure où cet article est écrit. Une soixantaine de personnes se sont réunies pour "connaître la vérité" et réclamer la fermeture de l'usine Lubrizol, souligne Arnaud, lui aussi présent à la manifestation.