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Un amour amenuisé, des priorités divergentes, un besoin d'indépendance... Nombreuses sont les raisons qui poussent un couple à prendre des chemins différents après des années de vie commune. Ces dernières années, la séparation a le vent en poupe chez les seniors.
D'après les derniers chiffres de l’Institut national d'études démographiques (Ined), la part des 50 ans et plus dans le nombre total de divorces a nettement augmenté entre 1996 et 2016. Parmi les facteurs évoqués pour expliquer cette tendance, l'institut note "une moindre désapprobation sociale" vis-à-vis des ruptures.
Le passage à la retraite, une étape parfois difficile dans la vie d'un couple
Si le divorce des seniors est de moins en moins tabou, elle n'en demeure pas moins douloureuse. Après toute une vie partagée à deux, la séparation a parfois un goût d'échec, voire d'inachevé. Pire encore : elle peut laisser l'amère impression que l'on est trop âgé pour retrouver l'amour un jour.
Comment s'ouvrir à de nouvelles relations après une rupture tardive ? Comment composer avec sa vie de famille, les relations amicales partagées ou encore un patrimoine commun ? Et, si l'on n'a pas encore sauté le pas, comment savoir qu'il est temps de mettre un terme à son mariage ?
Éléments de réponse avec Sébastien Garnero, docteur en psychologie, psychothérapeute et sexologue.
Séparation tardive : comment savoir qu'il est temps de divorcer après des années de vie commune ?
Après des années de vie commune, difficile de savoir quand il est temps de prendre des chemins séparés. Selon le thérapeute, un couple qui va mal a tendance à s'installer dans un scénario où l'un doit se plier aux exigences de l'autre. "Au début de façon ponctuelle, puis de plus en plus régulièrement juqu'à se renier complètement et être au service de l'autre jusqu'à ne plus être sujet de la relation mais objet de l'autre", détaille Sébastien Garnero.
Quand la plupart des indicateurs vont dans ce sens, la nécessité d’avoir recours à une aide psychologique par des professionnels de santé est indispensable pour éviter ce huis clos qui sinon ira de plus en plus mal pour chacun des membres du couple et en particulier pour celui qui en est la victime, ou du moins le plus en souffrance. - Sébastien Garnero, docteur en psychologie.
Voici une liste non exhaustive des éléments qui peuvent sonner le glas d'un mariage :
- Conflits conjugaux trop fréquents. Particulièrement s'ils sont associés à des facteurs de violence verbale, psychique, émotionnelle, physique ou sexuelle.
- Problèmes d'addiction et de dépendance comportementale ou physique. "La relation dans un couple devient vite très instable et compliquée quand l’un des membres ou les deux présentent une problématique addictive; parfois la dépendance a à un comportement ou une substance peut devenir trop envahissante et mettre en péril le couple", explique le Dr Sébastien Garnero.
- Infidélité ponctuelle ou chronique. Un événement qui peut perturber la relation de confiance ainsi que l'union du couple, et créer des séquelles sur le long terme.
- Jalousie pathologie et maladive. "Elle est parfois tellement forte que la victime n'a pas d'autre choix que la rupture pour s'extraire de la relation et se sauver elle-même", affirme le spécialiste.
- Manque d'intimité et dysfonctionnements sexuels. S'ils sont récurrents ou nontraités, ces problèmes sont des facteurs qui peuvent mener à la rupture. De même qu'un manque de complicité ou de proximité émotionnelle.
- Rapport à l'argent et au pouvoir. Cela peut être une problématique "soit en raison d’un déséquilibre trop important, ou bien d’un manque entraînant des privations, ou bien d’un rapport particulier à l’argent chez l’un des membres du couple", remarque le sexologue.
- Manque de compatibilité. Parentalité, religion, valeurs personnelles, morales éducatives, politique, centres d'intérêts... Les différences au sein du couple peuvent causer l'ennui ou la discorde et conduire à la séparation.
Une fois le divorce prononcé, d'autres éléments sont à prendre en compte : la séparation des biens, les relations amicales en commun, les liens familiaux... Comment réussir son divorce à la retraite ?
Divorce à la retraite : les conseils d'un spécialiste pour bien le vivre
Selon le Dr Sébastien Garnero, cultiver sa vie sociale, amicale et familiale est l'un des principaux leviers pour bien vivre une rupture, qui plus est tardive. "De nombreuses études confirment l'intérêt de développer au maximum ces liens d'amitié, de proximité et d'intimité avec les autres", explique le spécialiste. Il convient également de continuer à affirmer ses nouveaux rôles familiaux, que l'on soit parent ou grand-parent.
Après cette phase de transition, on peut réinvestir des activités qui permettent un lien et des interactions sociales; toutes les activités où la personne pourra s’investir en fonction de ses centres d’intérêts (culture, loisirs, sport, hobbys…). - Sébastien Garnero, docteur en psychologie.
Vous pouvez également vous engager dans des causes, des associations qui ont un sens selon vos valeurs. Le psychothérapeute conseille également de "faire des voyages qui rythment et ponctuent l’année, en partant hors des périodes de vacances afin de bénéficier de tarifs avantageux et de profiter d’une certaine quiétude des lieux".
Enfin, et c'est très important : ne négligez pas l'aspect financier. Prenez le temps d 'anticiper une éventuelle baisse des revenus. "Quand cela est possible, il est préférable de devenir propriétaire de sa maison ou de son appartement principal et de favoriser des placements sûrs (immobiliers, locatifs, épargne...) qui vous permettront d'avoir une sécurité financière suffisante", conclut le Dr Sébastien Garnero.
Vous l'aurez compris : une rupture tardive ne signifie pas que vous avez échoué, ni que votre vie est terminée. Profitez de ce temps pour vous recentrez sur vous-même, sur vos proches, sur vos passions et... Qui sait, l'amour viendra peut-être à nouveau frapper à votre porte ?