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On les a surnommées "les disparues de Perpignan". Trois mots pour résumer une affaire toujours pas résolue et qui ne permettent pas de comprendre ce qui est arrivé à Marie-Josée Benitez et à sa fille Allison il y a sept ans et demi. Le dossier s’est joué en quelques jours et aujourd’hui rien ne peut y mettre un point final. Tout commence à l’été 2013, lorsque la quinquagénaire et sa fille de 19 ans disparaissent sans laisser de trace. Selon Francisco Benitez, mari et père des disparues, ces dernières ont quitté Perpignan pour Toulouse et leurs portables sont éteints. Si les amis de la jeune fille croient cette histoire dans un premier temps, ils finissent par prévenir la police de la disparition de la mère et de sa fille. Francisco Benitez, lui, ne le fera que huit jours plus tard, le 22 juillet.
Disparues de Perpignan : "Le dossier n'a pas reçu le traitement qu'il aurait dû avoir"
Commence alors une enquête qui se révèlera vite infructueuse pour les forces de l’ordre. Marie-Josée et Allison n’ont pas de permis de conduire et n’ont donc pas pu prendre de voiture pour se rendre à Toulouse. Les images de vidéosurveillance de la gare de Perpignan de donnent rien : les deux femmes n’ont pas pris le train à la date donnée. Interrogé par les enquêteurs, Francisco Benitez finit par expliquer que leur départ est dû à des difficultés de couple entre sa femme et lui. Marie-Josée est-elle partie refaire sa vie, emmenant Allison avec elle ? C’est une possibilité, mais l’étude de leurs comptes en banque ne révèle aucun mouvement et aucun appel n’ont été passés depuis leurs téléphones portables depuis le 14 juillet. Une enquête est donc ouverte pour "recherche des causes d’une disparition inquiétante".
Francisco Benitez fait rapidement figure de principal suspect et finit par lancer un appel à témoin pour retrouver sa fille et sa femme, tout en clamant son innocence dans une vidéo dévoilée par Paris Match. Il est retrouvé pendu le 5 août dans la caserne de la Légion étrangère de Perpignan. Me Philippe Capsie a suivi l’affaire dès le début, représentant le frère et la sœur de Marie-Josée Benitez. Interrogé par Planet, il estime que "le dossier, au tout début, n’a pas reçu le traitement qu’il aurait dû avoir". Les premiers jours, essentiels dans cette affaire, ont fait défaut, ajoute-t-il, puisque "le jour où ils vont interpeller Benitez, ils le retrouvent pendu". Un retard dès le début de l’affaire qui a eu des conséquences, encore aujourd’hui.
Disparues de Perpignan : Francisco Benitez, à la fois séducteur et discret ?
En 2013, la thèse principale des enquêteurs est celle d’un double homicide commis par Francisco Benitez et dont on ignore le mobile. La personnalité de ce dernier est au cœur du dossier. Se basant sur ses souvenirs, Me Philippe Capsie évoque auprès de Planet "un légionnaire dans toute son apparence, quelqu’un qui portait bien l’uniforme, qui était dans la séduction, avec cet accent ibérique qui en faisait une vraie personnalité". Un besoin de séduire qui contraste, selon l’avocat, avec une personnalité "discrète", quelqu’un "qui a très peu ou même pas du tout de vie sociale ou de relation, qui est isolé, qui est secret".
Malgré l’absence de preuve et la mort du principal suspect, Me Philippe Capsie rappelle qu’on sait "à peu près" ce qui a pu se passer ce jour de juillet 2013. Des traces de sang ont en effet été découvertes au sous-sol de sa maison lors d’une perquisition, bien que lavées à l’eau de Javel… Des traces du sang d’Allison ont également été découvertes dans un congélateur de la caserne de Perpignan, ainsi que dans un lave-linge. L’avocat ajoute que Francisco Benitez avait nettoyé sa voiture "de manière suspecte" et évoque "sa géolocalisation dans des endroits reculés, déserts, qu’il avait peut-être l’habitude de fréquenter". "Les corps ont pu être brûlés ou enterrés, on le sait organisé et préparé à ce genre de scène". Y a-t-il encore un espoir d’avoir une réponse à cette énigme ?
Disparues de Perpignan : Francisco Benitez s'est-il confié à quelqu'un ?
Sept ans après, saura-t-on un jour exactement ce qui est arrivé à Marie-Josée et Allison Benitez, au-delà des convictions ? "Ca aurait été le fait d’un individu lambda, qui ne sait pas comment on tue ou comment on fait disparaître un corps, on aurait pu attendre une découverte", explique à Planet Me Philippe Capsie. "Pour un militaire de la Légion étrangère, formé et expérimenté…", suppose l’avocat, évoquant un dernier espoir, que quelqu’un ait été dans la confidence. "On imaginait qu’il aurait pu se confier à quelqu’un avant de se suicider, on sait qu’il était proche d’au moins un militaire. Cet homme a été surveillé, entendu, mis sur écoute mais ça n’a rien donné". Pourtant, sept ans après, l'espoir n'a pas totalement disparu. "Il ne faut jamais renoncer ou abandonner et le dossier est toujours en cours. On est donc dans l’attente d’une découverte un peu accidentelle d’indices, peut-être des corps", conclu Me Capsie.