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63 ans et pas une ride. Le supermarché fait partie de notre quotidien, tant et si bien qu'il nous est difficile d'imaginer faire nos courses ailleurs. Denrées alimentaires, produits d'hygiène, décoration, entretien... Tout s'achète dans ces rayons bien fournis, où les chariots se croisent du matin au soir. Pourtant, en 1958, la première grande surface sortie de terre est loin de ressembler aux hypermarchés que nous connaissons aujourd'hui.
Venu tout droit des États-Unis, le concept séduit malgré tout des Français réticents, dont les questions et les doutes nous semblent aujourd'hui un tantinet désuets. Laurent Leroy est spécialiste de l'histoire de Goulet-Turpin, fondateur du libre-service puis du supermarché en France. Il revient, pour Planet, sur l'ouverture de ce premier magasin et la réaction des premiers clients.
Premier supermarché : des voyages aux États-Unis pour s'inspirer
Avant le premier supermarché, il y a eu l’apparition du libre-service. C’était déjà une petite révolution ?
Laurent Leroy. Effectivement, il n’y aurait pas eu de supermarchés s’il n’y avait pas eu de libre-service, après la Seconde Guerre mondiale. Goulet-Turpin a ouvert le premier magasin en libre-service de France le 6 juillet 1948, dans le 18e arrondissement de Paris. Au début, les Français étaient très méfiants et surtout les gérants, qui avaient peur des vols. De son côté, la clientèle considérait qu’elle payait donc qu’elle devait se faire servir… Cinq ans plus tard, une centaine de magasins étaient ouverts en France.
Dix ans plus tard, c’est le premier supermarché de France qui ouvre ses portes dans les Hauts-de-Seine. Comment l’idée a-t-elle germé chez Goulet-Turpin ?
Laurent Leroy. Là encore, c’est Goulet-Turpin qui est à l’origine de cette ouverture, à Rueil-Malmaison. En 1947, Pierre Goulet était allé aux Etats-Unis pour observer le libre-service mais, en 1957, c’est son fils Jean qu’il envoie de l’autre côté de l’Atlantique, dans une société de supermarchés. Pendant un an, il va occuper tous les postes et envoyer les repérages qu’il effectue au siège de la société Goulet-Turpin, à Reims. Un bureau d’étude est créé et c’est comme ça que l'entreprise va penser elle-même son propre supermarché.
Premier supermarché : "Le chariot était vraiment tout petit !"
À quoi ressemblait-il ?
Laurent Leroy. A l’époque, les magasins en libre-service faisaient entre 75 et 100 m² et le premier supermarché faisait environ 600m² ce qui serait, aujourd’hui, la taille d’une supérette par exemple. On y trouvait essentiellement des denrées alimentaires, mais aussi les premiers Caddies® ! Lorsqu’il était aux Etats-Unis, Jean Goulet a envoyé des photos au siège pour montrer à quoi ils ressemblaient et c’est comme ça que le chariot a été lancé. Les gondoles étaient très basses afin d’empêcher les vols et, en longeant un rayon, vous pouviez apercevoir la personne dans celui d’en face. Il y avait de la musique en permanence pour que ça soit un endroit où les clients se sentent bien. Ce premier supermarché avait aussi une chose qui n’existait pas avant 1958, un parking de 100 places. Pour le reste, le principe était le même, sauf peut-être du côté de la caisse : la caissière travaillait debout et avait un tapis manuel, elle approchait la marchandise vers elle grâce à une tirette en bois.
Ca n’a l’air de rien pour nous, mais les chariots ont été, eux aussi, une petite révolution !
Laurent Leroy. Dans les magasins en libre-service, les clients avaient peur de prendre un panier pour se servir eux-mêmes et, dans le supermarché, on se trouvait ridicule de pousser un chariot. Les gens n’étaient pas habitués du tout, ils se tamponnaient avec, certains voulaient même établir un sens de circulation pour éviter les accidents. Ils étaient pourtant bien plus petits que ceux que nous connaissons aujourd’hui. À titre de comparaison, ils faisaient la taille des petits Caddies® qu’on peut trouver dans les hypermarchés, souvent destinés aux enfants.
Premier supermarché : "La clientèle se méfiait du surgelé"
Certaines innovations ont-elles mis du temps à s’imposer ?
Laurent Leroy. Dans les magasins en libre-service, la clientèle refusait les produits sous cellophane et, dans les supermarchés, elle se méfiait des produits surgelés. On est en 1958, tous les foyers n’ont pas de frigidaire, donc les produits surgelés font peur au début ou ne peut pas les conserver. Sinon on trouvait, tout ce qu’on y trouve aujourd’hui en termes de denrées alimentaires. Enormément de marques étaient déjà présentes, mais les succursalistes vendaient aussi des produits de leur propre fabrication.