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- 1 - Emmanuelle, victime de squatteurs : “C’est scandaleux de se comporter comme ça”
- 2 - Emmanuelle, victime de squatteurs : “J’avais la trouille”
- 3 - Emmanuelle, victime de squatteurs : “Je dois m'assoir sur 20 000 euros et tout le monde trouve ça normal”
- 4 - “2000 euros de revenus” : le profil hallucinant de la squatteuse
Emmanuelle a 50 ans, elle est blogueuse culinaire et vit à Paris, dans un appartement dont elle est locataire. Elle est aussi propriétaire d’un studio de 17m2, qu’elle loue au mois à des particuliers.
Mais en mars 2019, son quotidien bascule dans l’angoisse. Elle découvre qu’on s’est introduit dans son bien. “Le dernier locataire est parti le 13 mars au matin, et le soir, quelqu’un a défoncé la porte, est entré et s’est installé. C’est l’agence qui gère la location qui prévient Emmanuelle. “Ils m’ont expliqué qu’ils s’étaient rendus dans l’appartement pour faire le ménage, mais impossible de rentrer. Les serrures avaient déjà été changées.”
L’appartement d’Emmanuelle, situé dans le 9ème arrondissement, au cœur de la capitale, est victime d’un squat.
Une femme, âgée d’une quarantaine d’années et son enfant en bas-âge ont tout bonnement élu domicile chez elle. Et la communication s’avère plus que difficile. “Au début, elle nous a fait croire qu’elle était victime d’une arnaque au faux bail, qu’elle avait visité l’appartement et payé 3 mois de loyer en espèces.” Evidemment, il n’en est rien.
Emmanuelle, victime de squatteurs : “C’est scandaleux de se comporter comme ça”
Mais Emmanuelle cherche tout de même à l’aider. “Elle avait un petit bébé, alors on a essayé de lui trouver une solution, l’agence lui a proposé de visiter un autre appartement et je lui ai proposé de l’aider à payer le premier mois”. La quadragénaire ne viendra jamais au rendez-vous. ”Là, on a compris que c’était du flan”, soupire Emmanuelle. “C’est vraiment dégueulasse de se comporter comme ça.”
Pour Emmanuelle, c’est le début de la descente aux enfers. Car la loi ne prévoit rien pour aider les propriétaires en cas de squat.
“J’ai lancé rapidement une procédure d’expulsion, qui a duré plusieurs mois, de mars à novembre. La décision du juge a fini par tomber, elle statuait que la personne devait être expulsée immédiatement. A ce moment-là, il fallait faire appel à la préfecture pour exécuter l’ordre du juge. Mais ils ont refusé d’intervenir, en vertu de la loi Dalo, car il s’agissait d’une mère célibataire avec un enfant en bas-âge”.
Pendant tout ce temps, Emmanuelle sait que son logement est occupé par une étrangère, qui ne se gêne pas pour faire des dégâts. “J’avais beaucoup de mal, j’étais vraiment blessée”, nous confie la blogueuse.
Emmanuelle, victime de squatteurs : “J’avais la trouille”
Démunie, elle engage un détective privé. “Son enquête a révélé que cette femme faisait probablement partie d’un réseau, et que ils pratiquaient ça couramment. La personne en question venait d’être expulsée d’un squat à Epinay-sur-Seine, qu’elle avait quitté le jour où elle s’est installée chez moi. Elle avait obtenu ce logement dans les règles, en présentant un dossier avec garant, mais n’avait jamais payé de loyer. Son propriétaire avait lancé une procédure d’expulsion, donc elle a sciemmentdétruit l’appartement pour le faire déclarer insalubre et pouvoir continuer légalement à le squatter.” Emmanuelle explique qu’elle a tenté, de la même façon, de rendre son studio du 9e insalubre, sans succès. “Tout avait été refait à neuf, mais ils ont beaucoup dégradé les lieux”.
Ils, ce sont aussi les compagnons et les multiples fréquentations de cette “squatteuse”, qui gravitent sans cesse autour de l’appartement. A tel point que pendant de longs mois, Emmanuelle n’ose plus s’y rendre pour tenter d’établir le dialogue. “Elle n’était jamais seule, il y a avait toujours des mecs patibulaires autour d’elle, j’avais la trouille. Ils me faisaient peur, et à juste titre : le détective privé a découvert derrière tout ça un réseau de trafic de drogue et d’armes, de prostitution…” rapporte Emmanuelle.
Ces squatteurs sont “extrêmement virulents, violents” avec la propriétaire. Lorsqu’elle se rend sur les lieux, pour tenter une énième fois de les convaincre de partir, ils menacent d'appeler la police. “Ils me criaient de partir, qu’ils étaient chez eux, ils se savaient dans leur droit”, s'indigne-t-elle. De plus en plus mal à l’aise, Emmanuelle, qui se sent en danger, y retourne le moins possible.
Et elle s’inquiète de plus en plus, car les services sociaux, qui ont pris en charge le dossier face au refus de la préfecture de déloger les intrus, ne sont pas très optimistes. “Ils m’ont dit que cela pouvait prendre 10 ans avant qu’ils ne trouvent un logement social pour ma squatteuse”.
Emmanuelle, victime de squatteurs : “Je dois m'assoir sur 20 000 euros et tout le monde trouve ça normal”
Les mois passent, et la situation financière d’Emmanuelle se complique. “Sans ce revenu locatif, je n’arrivais plus à payer mon propre loyer. A mon tour, j’ai fait l’objet d’une procédure d’expulsion. J’ai alors commencé à contacter tous les médias, pour alerter sur cette situation complètement délirante”.
Son histoire est relayée dans plusieurs journaux, et même à la TV, et attire l’attention du ministère du Logement. “Ils m’ont contactée, et ont procédé à l’expulsion. Ils ont relogé la femme dans un hôtel ! Alors qu’avant, elle était intouchable, et là, dès que la ministre s’y intéresse, ils trouvent une solution express”, s’étonne la blogueuse.
En janvier 2021, elle récupère enfin son studio. Mais même si les squatteurs ont quitté les lieux, le cauchemar est loin d’être terminé pour Emmanuelle.
Déjà, en entrant pour la première fois dans son appartement depuis deux ans, elle constate les dégâts. L’appartement est en piteux état. Il y en a pour 10 000 euros de travaux, dans seulement 17 mètres carrés. “Heureusement, j’ai pu compter sur la gentillesse et la solidarité des gens, qui m’ont aidé à retaper l’endroit”, explique la quinquagénaire.
Surtout, Emmanuelle peine à se sentir à nouveau en sécurité. “J’ai beaucoup de mal à faire confiance à mes nouveaux locataires, j’angoisse au premier retard de loyer”.
“La squatteuse me doit aujourd’hui 24 000 euros d’indemnités d’occupation. Sauf qu’elle s’est déclarée en surendettement, et la commission lui a purement et simplement effacé une grande partie de ses dettes. Je dois m'asseoir sur 20 000 euros, et tout le monde trouve ça normal”.
“2000 euros de revenus” : le profil hallucinant de la squatteuse
Le scandale, pour Emmanuelle, ne s’arrête pas là. Acculée par les arriérés de loyer, elle demande une aide, qu’on lui refuse. “Je suis “trop riche” apparemment, car je suis propriétaire. Mais ma squatteuse a un meilleur niveau de vie que moi!” lance-t-elle.
Selon Emmanuelle, cette femme, qui avait bien un travail stable au moment des faits, touchait 1200 euros de salaire, 600 euros d’aides et 200 euros de pension alimentaires, avec “zéro charges”. Un revenu total qui lui aurait certainement permis de louer un appartement par ses propres moyens.
“Mais elle ne voulait pas aller vivre en banlieue ! C ‘est tellement injuste, elle est passée avant des gens qui sont, eux, honnêtes, et galèrent tous les jours dans les transports pendant 2 heures.”
Pire encore, lors du procès qu’Emmanuelle a intenté à sa squatteuse, au pénal, pour “vols” et “dégradations” elle a découvert que l’intéressée était récidiviste. “Elle avait été condamnée à un mois de prison pour les mêmes faits il y a quelques années. Elle sévit en réalité sous trois identités différentes, toutes fichées pour vol.”
Au cours de l’audience, la quinquagénaire apprend également que la mise en cause suit une formation pour devenir auxiliaire de vie. “Elle va donc se retrouver chez des personnes dépendantes, qu’elle pourra dépouiller sans difficulté”, s’indigne Emmanuelle.
Au terme des débats, elle a pourtant été relaxée. “Au nom d’une deuxième chance, on ne l’empêche pas de nuire à nouveau, et même, on l’encourage presque. C’est scandaleux”, fulmine la blogueuse.
Aujourd’hui, Emmanuelle témoigne pour alerte r. Le squat n’arrive pas qu’aux autres : “beaucoup de propriétaires en sont victimes, et la loi est faite de telle façon que les squatteurs ont tous les droits. Cette situation peut arriver à n’importe qui, imaginez que vous partez en vacances, et qu’en rentrant, quelqu’un soit rentré chez vous… Et bien, vous ne pouvez rien faire.”
Deux ans et demi après l'expulsion de ses squatteurs, Emmanuelle doit encore se battre avec l’administration et la longue liste de factures qu’elle doit toujours régler. “C’est un cauchemar. ça me pourrit encore l’existence aujourd’hui”, explique t-elle. Elle estime en avoir encore “4 ou 5 ans’ avant d’être enfin débarrassée de cet épineux problème.