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- 1 - Affaire Benalla : Le 1er mai 2018, une vidéo mystérieuse circule sur les réseaux sociaux
- 2 - Affaire Benalla : 2 et 3 mai, un secret encore bien gardé
- 3 - Affaire Benalla : le 18 juillet, Alexandre Benalla est identifié
- 4 - Affaire Benalla : le 19 juillet, le début de l’enquête
- 5 - Affaire Benalla : du 20 au 22 juillet, des révélations choc
- 6 - Affaire Benalla : la commission d’enquête du Sénat
- 7 - Affaire Benalla : le chargé de mission sort de son silence
- 8 - Affaire Benalla : il refuse de se rendre à son audition
Affaire Benalla : Le 1er mai 2018, une vidéo mystérieuse circule sur les réseaux sociaux
Le 1 er mai 2018, alors que des manifestations ont lieu dans toute la France pour la fête du Travail, certains se retrouvent place de la Contrescarpe dans le Ve arrondissement de Paris. Un homme casqué est filmé en train de violenter deux manifestants. Mais son identité est inconnue. Sur la vidéo, on voit en effet un homme, proche de plusieurs CRS, arrêter de manière virulente un homme et malmener une femme. Il tire par le cou la jeune femme et revient vers l'homme déjà à terre. Les deux personnes sont interpellées, puis relâchées.
Ce n’est que deux mois et demi plus tard que Le Monde révèle l’identité de l’agresseur : Alexandre Benalla, chargé de mission à l’Élysée. Il est accompagné de Vincent Crase, un réserviste employé par la République en marche. Alexandre Benalla, présent en tant que simple observateur, porte un brassard de police et possède un talkie-walkie, des équipements normalement réservés aux forces de police. Lors des violences, le major Philippe Mizerski, chargé d’encadrer le chargé de mission, n’intervient pas. Les deux hommes, Alexandre Benalla et Vincent Crase, seront également présents le soir des manifestations dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris.
Affaire Benalla : 2 et 3 mai, un secret encore bien gardé
Si la vidéo montrant les agissements d’Alexandre Benalla circule beaucoup sur internet, personne ne connaît encore son identité. Néanmoins, dès le lendemain, le cabinet d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, et le préfet de la police de Paris, Michel Delpuech, sont informés des faits. Patrick Strzoda convoque alors Alexandre Benalla pour avoir des précisions. Ce dernier lui confirme que c’est bien lui sur les images et Emmanuel Macron, alors en Australie, est averti par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée.
Le 3 mai, Patrick Strzoda annonce au chargé de mission sa suspension dans une lettre. Celle-ci sera effective du 4 au 19 mai en raison de son comportement « manifestement inapproprié ». Le chef de cabinet précise également que si son comportement n’est pas « exemplaire » à l’avenir, cette suspension sera définitive. De son côté, Vincent Crase est convoqué par Christophe Castaner après avoir été reconnu par des salariés de La République en marche. Vincent Crase affirme alors avoir agi dans le cadre de son statut de gendarme réserviste, il est sanctionné comme Alexandre Benalla.
Affaire Benalla : le 18 juillet, Alexandre Benalla est identifié
Dans un article publié dans le journal Le Monde, Alexandre Benalla est identifié comme l’auteur des violences. Le quotidien titre alors : « L e Monde identifie sur une vidéo un collaborateur de Macron frappant un manifestant le 1er mai, à Paris ». L’information est reprise par tous les médias et l’affaire Benalla commence. Patrick Strzoda reconnaît être au courant des faits et avoir prévenu le président de la République. Il informe également les journalistes de la sanction du chargé de mission : 15 jours de mise à pied avec suspension de salaire et une rétrogradation de son statut à un poste administratif.
Dans le même temps, des policiers transmettent à Alexandre Benalla des films de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe à Paris. Le chargé de mission les transmet alors à Ismaël Émelien, conseiller à l’Élysée, et certains extraits sont même publiés sur des comptes Twitter de supporteurs d’Emmanuel Macron. Ils seront supprimés rapidement.
Affaire Benalla : le 19 juillet, le début de l’enquête
L’Elysée réagit rapidement. Le porte-parole de la présidence, Bruno Roger-Petit, condamne ainsi « un comportement inacceptable » et met en avant la sanction infligée à Alexandre Benalla : c’est « la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l’Elysée ». Il évoque dans le même temps le sort de Vincent Crase, annonçant que l’Elysée ne collabore plus avec lui. Le président de la République s’exprime également, déclarant simplement : « la République est inaltérable ».
De son côté, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « violence par personne chargée d’une mission de service publique ». Patrick Strzoda est entendu par la police en tant que témoin et l’IGPN est saisie. Trois policiers dont deux commissaires sont suspendus pour avoir transmis les vidéos à Alexandre Benalla. L’opposition s’empare également de l’affaire et les débats sur la réforme constitutionnelle, à force d’interruptions de séance et de rappels au règlement, cessent.
Affaire Benalla : du 20 au 22 juillet, des révélations choc
Pris dans la tempête, l’Élysée annonce vouloir licencier Alexandre Benalla, en raison des images de vidéosurveillance dont il a été en possession. Dans les médias, de plus en plus de révélations font état d’un traitement de faveur à l’égard du chargé de mission âgé de 26 ans: un salaire important, une voiture de fonction avec gyrophare, un logement de fonction quai Branly, une autorisation de port d’arme…
Alexandre Benalla est placé en garde à vue dès le 20 juillet. Les policiers tentent de perquisitionner son domicile d’Issy-les-Moulineaux le 21 juillet. Ils y retournent le lendemain et trouvent cette fois-ci un gyrophare. Mais une armoire contenant au moins trois pistolets et un fusil a disparu. L’ancien chargé de mission est mis en examen pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes » et « recel de détournement d’images ». Emmanuel Macron fait savoir qu’il juge le comportement d’Alexandre Benalla « inacceptable et choquant ». A l’Assemblée nationale, la tourmente est générale : Nicole Belloubet annonce la suspension de l’examen du projet de loi de révision constitutionnelle.
Affaire Benalla : la commission d’enquête du Sénat
Le Sénat se dote d’une commission d’enquête, présidée par le sénateur Les Républicains, Philippe Bas. Le 23 juillet, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, est auditionné pendant 2h30, mais il rejette toute responsabilité. Pour lui, c’était à la préfecture et à l’Élysée de prendre des sanctions contre Alexandre Benalla. « Je m'étais assuré le 2 mai que tant le cabinet du président de la République, que la préfecture de police avaient été destinataires de l’information de la vidéo mettant en cause M. Benalla. Il leur appartenait donc d’agir. C’est la règle pour tous les manquements», a déclaré le ministre.
Le 24 juillet, le président de la République déclare : « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français ». Le lendemain, le Sénat enchaîne sept auditions : Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie, Éric Morvan, directeur général de la Police nationale, Marie-France Monéger-Guyomarc'h, directrice de l'IGPN, Michel Delpuech, préfet de police de Paris, Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Frédéric Aureal, chef du service de la protection ainsi que Jacques Toubon, défenseur des Droits. Pendant ce temps-là, le bureau d’Alexandre Benalla à l’Élysée est perquisitionné.
Affaire Benalla : le chargé de mission sort de son silence
Alors que le Sénat est en pleine tourmente et auditionne le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, Alexandre Benalla accorde une interview au journal Le Monde. L’ancien chargé de mission reconnaît avoir commis ce jour-là « une grosse bêtise, une faute », il n’estime pas « avoir trahi le président de la République ». Il explique également être « le maillon faible », pour atteindre Emmanuel Macron.
La tension monte, le groupe Les Républicains dépose une motion de censure contre le gouvernement, exigeant des explications. Des initiatives vouées à l’échec, le groupe LREM étant majoritaire à l’Assemblée nationale, mais révélatrices d’une tension de plus en plus grande. Une autre vidéo compromettante montre Alexandre Benalla et Vincent Crase dans une autre altercation violente le 1er mai ayant eu lieu avant celle de la place de la Contrescarpe. Une enquête est ouverte. Pendant ce temps, de nouvelles révélations prouvent que l’ancien chargé de mission a utilisé son badge pour accéder à l’Élysée pendant qu’il était mis à pied.
Affaire Benalla : il refuse de se rendre à son audition
Alexandre Benalla doit être entendu par la commission d’enquête sénatoriale le 19 septembre. Celle-ci s’interroge notamment sur le rôle de l’Élysée dans l’affaire. Mais l’homme, dans un premier temps, refuse d'être auditionné. Contacté par France Inter le 12 septembre, il s’en prend violemment aux sénateurs : «Le Sénat français, qui bafoue les règles constitutionnelles de notre pays, très sincèrement, je vous le dis franchement, j'ai aucun respect pour eux », déclare-t-il. Il dit également ne pas pouvoir s’y rendre à cause de l’enquête policière en cours et fustige le président de la commission, le traitant de « petit marquis ». Mais, contraint par le Sénat, il fait finalement volte-face et annonce qu’il se rendra à son audition.
Un nouveau coup de théâtre s’abat sur l’affaire dimanche 16 septembre. BFM TV rapporte qu’aucun des quatre membres de la commission d’enquête sénatoriale de la majorité ne participera aux auditions de l’ancien chargé de mission du président de la République. "On ne va pas s'associer à cette mascarade. Le Sénat a d'autres sujets de préoccupation que l'affaire Benalla", explique François Patriat, le président du groupe LREM au Sénat, à Franceinfo.
À voir en vidéo - Alexandre Benalla n'a pas à se rendre à la convocation du Sénat