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En 1960, l’école du XIXe siècle et d’après-guerre commence à dater. La France est en retard sur le plan éducatif par rapport à ses voisins européens. Cette décennie va être un véritable chantier de dépoussiérage, bousculant progressivement la journée-type des écoliers, tenus de continuer leurs études jusqu’à 16 ans, à partir de la rentrée 1960.
Blouse obligatoire et pupitres à encriers
À 8h30, les élèves rentrent alors dans des classes où la mixité n’est pas encore la règle. 2 par 2, les écoliers habillés d’une blouse, rejoignent leurs pupitres inclinés. Face à eux, le bureau du professeur et le tableau noir. La maxime du jour y a été écrite à la craie. Vestige des cours de morale supprimés par les lois Ferry de 1881-1882, elle s’accompagne d’une discipline laissant peu la parole aux élèves, les motivant par un système de bons points et de punitions allant du bonnet d’âne aux châtiments corporels.
De la plume au stylo BIC
Mais en une décennie, l’école primaire se transforme profondément. De 8h30 à 12h puis de 14h à 17h, les écoliers enchaînent alors dictées, calcul mental, géographie et histoire. Ils ne sont autorisés à utiliser que les porte-mines ou les plumes trempées dans les encriers. Mais le 3 septembre 1965, un décret autorise l’utilisation du stylo à billes dans les écoles. Victoire pour les gauchers et les réfractaires de la plume !
Moins d’élèves et plus de week-end
Avec l’arrivée des baby-boomers, il faut à la fois accueillir plus d’élèves tout en allégeant les classes. Les classes surchargées ainsi que les conditions de travail alors « archaïques » et « de plus en plus précaires », comme le rappelle un reportage tourné en 1964, sont des freins à la qualité d’enseignement. Les élèves sont en moyenne 30 par classe.
L’école doit également s’adapter à cette nouvelle société de consommation, aux horaires de travail et à l’envie de passer du temps en famille, de rejoindre une résidence secondaire, pour les plus aisés. Mais les écoliers ont école tous les jours sauf le jeudi et le dimanche, depuis 1881. En 1963, l’Etat propose de remplacer le jeudi de congé par le samedi. Seule l’Eglise s’y oppose car le jeudi est jour de catéchisme pour les enfants qui attendront 1969 pour que le samedi après-midi soit libéré, avec le passage de 30 à 27h de cours.
Mai 68 et maths modernes
À la rentrée de 1969, l’influence de Mai 68 est visible. Les blouses ne sont plus obligatoires pour les 6 millions d’élèves. Les filles peuvent porter des pantalons sans jupe dessus et la mixité de genre s’intègre dans le paysage. Les cours de morale et la maxime disparaissent.
Le ministre Olivier Guichard lance alors un grand chantier de l’éducation entre 1969 et 1972, faisant évoluer le programme scolaire. En primaire, les élèves étudient ainsi le français (10h), le calcul (5h), pratiquent des activités d’éveil dont l’histoire, les sciences naturelles et le dessin (6h).
Dès 1967, la commission Lichnerowicz avait également impulsé l’intégration des maths modernes et de la théorie des ensembles, d’abord en primaire. Avant-gardiste, cette méthode est rejetée par une partie du corps enseignant.
La démocratisation de la natation scolaire
Grande nouveauté, le programme intègre aussi des activités physiques et sportives (6h). Bien qu’obligatoire depuis 1879, la natation scolaire se démocratise enfin, jusqu’alors peu pratiquée par manque d’infrastructures. En 1968, une ville comme Angers disposait d’une seule piscine pour 90 classes. « L’opération 1 000 piscines » est alors lancée par le gouvernement pour faciliter l’accès aux bassins.
Vers la prise en charge des handicaps
Longtemps laissés de côté voire exclus des écoles, les enfants atteints de handicaps sont progressivement inclus dans le circuit scolaire, au cours des années 60. Quelques rares écoles spécialisées ouvrent mais le système D comme l’entraide restent majoritaires. Il faudra attendre 1975 pour qu’une loi d’orientation rende obligatoire l’éducation des enfants handicapés.