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François Hollande écoute-t-il ses adversaires politiques ? C'est en tout cas ce qui ressort du livre Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d'un quinquennat (éd. Robert Laffont, sorti le 22 mars). Le livre, écrit par une journaliste indépendante Olivia Recasens et deux journalistes du Canard enchaîné Didier Hassoux et Christophe Labbé, met en cause le président directement.
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D’après les bonnes feuilles publiées par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, le livre décrit un vaste système de surveillance de ses adversaires mis en place par François Hollande depuis son arrivée à l’Élysée. Ce "cabinet noir" aurait eu pour objectif de discréditer les concurrents du président à l’élection présidentielle, en particulier Nicolas Sarkozy et Manuel Valls, son propre Premier ministre. Dans quel but ? Selon les journalistes, pour permettre à François Hollande de préparer sa réélection, avant qu'il n'y renonce finalement en décembre 2016.
"Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu'il fait"
"Derrière ces ennuis à répétition qui ciblent les principaux rivaux du président sortant, difficile de ne pas voir la patte de Hollande", est-il écrit dans l'ouvrage.
Ainsi, concernant Manuel Valls, on apprend que la rumeur lui prêtant une liaison avec Najat Vallaud-Belkacem serait partie... de l'Elysée. "Le Château fomente des coups bas. Comme cette fâcheuse rumeur d’une liaison entre le chef du gouvernement et sa ministre de l’Éducation qui alimente les conversations dans les salles de rédaction", a affirmé l’entourage de Manuel Valls.
Certaines fuites d'informations dans la presse sur la vie privée de certains responsables politiques viendraient aussi directement de François Hollande. “Pendant près d’un an, la police judiciaire a espionné les conversations [de Nicolas Sarkozy]” après son départ de l’Élysée, rappellent les auteurs. "Depuis l'arrivée de Hollande au pouvoir, c'est comme si une malédiction judicaire s'était abattue sur son prédécesseur", ironisent ainsi les trois journalistes. Il faut dire que des propos de François Hollande rapportés dans le livre sont troublants. Le 17 février 2014, il a ainsi déclaré devant 19 députés socialistes : "Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu'il fait".
"Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe"
"Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable, est-il écrit dans le livre. Hollande a su en tirer profit. D'abord il y a Tracfin, le service de renseignement de Bercy, le ministère piloté durant tout le quinquennat par Michel Sapin, un ami de quarante ans du Président. La plupart des affaires judiciaires qui ont empoisonné Sarko et les siens ont trouvé leurs racines ici, dans cet immeuble ultra-sécurisé du 9e arrondissement de Paris, entièrement classé secret-défense. Là, cent vingt fonctionnaires sont habilités à fourrer leur nez dans les comptes en banque de n'importe qui."
Les journalistes révèlent également comment seraient lancées des affaires : "Afin d'allumer la mèche d'une affaire politico-financière, il suffit que Tracfin pêche au bon endroit, remonte dans ses filets une infraction, et la transmette officiellement à la justice. Ou officieusement à un service enquêteur qui se chargera de mener une 'enquête d'initiative' avant qu'un magistrat ne la reprenne à son compte".
S'ils expliquent ne pas pouvoir apporter la preuve formelle de l'existence de ce cabinet, ils décrivent dans le livre une "addition d'indices troubles et de témoignages étonnants". "Plusieurs observateurs bien placés dans l'appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l'existence d'une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d'action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial", écrivent les auteurs.
Pour information, les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri avaient affirmé qu'il existait bien un cabinet noir au palais présidentiel dans leur livre Elysée off, sorti en 2016.
François Fillon s'est servi du livre pour attaquer François Hollande
Interrogé jeudi soir dans l'"Emission politique" sur les affaires qui minent sa campagne présidentielle, François Fillon s’est étonné des fuites dans la presse et a mis "en cause le président de la République". Le candidat a dénoncé un "scandale d’Etat" et porté de lourdes accusations contre le chef de l'Etat, l’accusant d’être à la tête d’un "cabinet noir" à l’Elysée, en prenant pour source le livre Bienvenue Place Beauvau de journalistes du Canard Enchaîné.
Ces accusations ont aussitôt été démenties par l'Elysée qui a envoyé un communiqué avant même la fin de l'émission. Dans ce communiqué, le président de la République "condamne avec la plus grande fermeté les allégations mensongères de François Fillon". Le président ajoute que "depuis 2012 (…) l’exécutif n’est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et a toujours respecté strictement l’indépendance de la magistrature. Et sur les affaires particulièrement graves concernant François Fillon (…), le président de la République n’en a été informé que par la presse", écrit-il.
De plus, l'un des auteurs de Bienvenue Place Beauvau, Didier Hassoux, a démenti jeudi soir sur France Info les accusations de François Fillon. Est-il exact qu’il ait écrit avec ses coauteurs que "François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l’intéresse" à l’Elysée ? "Pas du tout. On n’a jamais écrit ça", a répondu le journaliste du Canard enchaîné. Pour le journaliste, il y a une instrumentalisation de son livre par François Fillon, un homme "aux abois", qui "essaye de faire un coup".
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