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"On est nombreux à vouloir le rassemblement", concède François Dechy, le maire de Romainville (Seine-Saint-Denis), qui est à l’initiative d’un dîner secret organisé pour permettre la fusion de certaines des candidatures de la gauche en vue de 2022. L’élu, informe Le Monde après avoir eu l’occasion de l’interroger, est particulièrement gêné : ce rassemblement ne devait pas fuiter dans la presse… et il refuse d’en confirmer ou d’en infirmer la tenue. Cela n’a rien d’étonnant, poursuivent nos confrères, puisque ce sont bel et bien les états-majors de Christiane Taubira et de Yannick Jadot qui se sont réunis dans sa circonscription ce dimanche 6 février. Les deux candidats n’étaient pas présents en personne mais leurs équipes ont eu l’occasion d’échanger longuement sur les sujets évoqués.
La question de l’union derrière l’ancienne ministre de la Justice - créditée de 4% des intentions de vote, rappelle Paris Match - a rapidement été évacuée. Yannick Jadot, qui apparaît en meilleure posture avec 5,5% des voix potentielles, pourrait être le candidat du rassemblement d’une certaine gauche… À condition, bien sûr, de reconnaître le mérite de son adversaire. Dès lors, si Christiane Taubira devait se désister et si l’écologiste l’emportait au deuxième tour, elle serait potentiellement nommée présidente de l’Assemblée nationale. Si elle ne prenait pas la tête d’une assemblée constituante… L’éventail des propositions demeure très ample.
Présidentielle 2022 : depuis combien de temps Taubira et Jadot échangent-ils ?
Cette réunion à Romainville n’est pas la première tentative de faire l’union, observe encore le quotidien du soir. "Depuis quinze jours, les réunions se succèdent et les téléphones chauffent, car nous entrons dans le ‘money time’", explique en effet François Dechy. Mais ces essais suffiront-ils à bousculer la dynamique électorale ou ne se révèleront-ils être que de vulgaires coups d’épée dans l’eau ? L’universitaire Raul Magni-Berton nous livre son avis. Explications.
Présidentielle 2022 : Jadot peut-il l’emporter si Taubira se désiste en sa faveur ?
Les deux candidats, une fois unis, parviendront-ils à 9% des intentions de vote ? C’est ce que d’aucuns pourraient plaider après une addition sommaire des voix qu’ils semblent, en théorie, en mesure d’amener sur la table. Dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples.
"Dès lors que l’on parle de politique, l’arithmétique n’apparaît pas être la meilleure façon de raisonner. Bien souvent, deux candidats différents impliquent davantage d’électeurs qu’un seul ; de la même façon que deux produits différents peuvent pousser plus de gens à consommer qu’un seul. Cela signifie donc qu’en général, une alliance tend à réduire le socle électoral global des candidats impliqués. Expliquons-le simplement : un électeur très attaché à la candidature de Christiane Taubira et assez peu enjoué par celle de Yannick Jadot pourrait décider de ne pas voter pour lui, si sa candidate se désistait. Il pourrait même ne pas voter du tout", rappelle d’entrée de jeu Raul Magni-Berton, politologue et chercheur en sciences-politique à l’IEP (Institut d’Etudes Politique) de Grenoble.
Est-ce à dire que les alliances politiques constituent toujours de mauvaises idées ? Pas nécessairement. "Certains électeurs votent moins par conviction que par stratégie. En décidant de s’allier, Yannick Jadot et Christiane Taubira pourraient attirer à eux ce genre de figures. La question est donc de savoir si le vote stratégique peut l’emporter sur le vote idéologique… et la réponse est difficile à fournir. Force est de constater, cela étant, que la plupart du temps des voix sont perdues. Néanmoins, puisqu’il y a moins de choix, une telle situation peut tout de même s’avérer positive", poursuit le chercheur.
La situation actuelle s’avère - malheureusement pour eux - assez peu propice à un renversement de la dynamique électorale… même en cas d’alliance entre Yannick Jadot et Christiane Taubira. "Généralement, le vote stratégique se concentre sur la troisième force de l’élection. On distingue le plus souvent deux favoris et un challenger, sur qui se reporte ce type d’électorat. Or, même en cas d’union, l’ancienne garde des Sceaux et le candidat écologiste demeurent très loin de la troisième place. Ils auront beaucoup de mal à attirer de façon consistante ce type de profil électoral", tranche l'universitaire.
Union Jadot-Taubira pour 2022 : pourquoi leurs soutiens voulaient-ils garder leurs réunions secrètes ?
Si les états-majors de Christiane Taubira et de Yannick Jadot apparaissent si embarrassés à l’idée que la France entière ait vent de leurs velléités d’union ; c’est parce qu’ils craignent que tout cela pourrait faire "capoter" l’alliance, informe Le Monde. Ont-ils raison de le penser ?
"Une alliance est toujours délicate à faire, même sur un coin de table entre deux candidats souhaitant aller à l’élection présidentielle. Après tout, il y a une part d’égo et il faut aussi prendre en compte les équipes des deux parties, qui peuvent se retrouver démobilisées après un désistement. Or, plus on en parle, plus cela engendre de la pression pour ces gens-là. Cela complexifie donc leur travail", analyse d’abord Raul Magni-Berton. Pour autant, le politologue estime que c’est souvent bénéfique à l’union que de faire part de ses intentions.
"En parler, c’est aussi avoir la possibilité de savoir ce qu’en pensent ses militants ; de jauger les rapports de force… de mieux connaître le contexte dans lequel on peut négocier. Ce n’est donc jamais inutile", souligne-t-il en effet.