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"Mais comment accueillir un roi à Paris ?" C'est LA question que tout le monde se pose à l'approche de la venue de Charles III : pour sa 1ère visite d'État en France en tant que roi. Six mois après le report de sa visite d’État en raison de l’ampleur des manifestations contre la réforme des retraites, le couple royal arrivera en début d'après-midi à l'aéroport de Marignac à Bordeaux. Au programme : Arc de Triomphe, Champs-Élysées, visite de Versailles ...
Et derrière cette visite royale : une multitude d'autres questions protocolaires pour éviter les impairs : "Dans quel véhicule va circuler le souverain? Que mange-t-il? Que ne mange-t-il pas? Que va-t-il visiter? Qui va-t-il rencontrer? Autant de questions qui ont du hanter les nuits et les journées du chef du protocole chargé de l'accueil du roi.
Une pression qu'a très bien connue Laurent Stefanini : qui a lui-même organisé la dernière visite d'État en France de la reine Elizabeth II, en 2014, revient-il dans un article de BFMTV. "Une visite d'État, c'est une négociation", assure l'ambassadeur. "Un dialogue", dans lequel chaque point est proposé par la puissance invitante et validé par les Britanniques.
À l'approche de la visite d'État du roiCharles III, prévue ce mercredi 20 septembre, l'ancien chef du protocole de la République française de 2010 à 2016, raconte au "Podcast royal" de BFMTV les impératifs d'un tel événement en reprenant point par point les principales questions à régler avant la venue d'un souverain britannique :
Comment sécuriser une visite royale?
A en croire les souvenirs du dernier déplacemement de la mère de Charles III de Laurent Stefanini une visite royale : "assez facile à organiser" sur le plan sécurité. Les Britanniques "n'ont pas d'exigences particulières" en la matière, explique l'ancien chef du protocole. "Ça a peut-être un peu changé depuis, mais la sécurité autour du souverain britannique est assez légère, beaucoup plus légère qu'autour de bien des chefs d'État et de gouvernement contemporains."
Mais contrairement à celle de sa mère, la visite d'État de Charles III intervient à un moment particulier, en pleine Coupe du monde du rugby et en amont d'un déplacement du pape François à Marseille. "Nous abordons une semaine particulièrement intense sur le plan de l'ordre public qui mobilisera l'ensemble des ressources disponibles en unité de forces mobiles (CRS et gendarmes mobiles)", a ainsi écrit le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un télégramme adressé aux préfets.
D'autant que, comme sa mère la reine Elizabeth II, qui a effectué pas moins de cinq visites d'État en France, le roi Charles doit se livrer à quelques bains de foule à Paris et à Saint-Denis, souligne le site de BFMTV. "Pour un tel événement, on le sécurise à l'avance", précise Laurent Stefanini. "La préfecture de Police de Paris est très outillée pour commencer à sécuriser plusieurs heures à l'avance. Comment ? L''équipe fait ce que l'on appelle un déminage,c'est à dire qu'on s'assure qu'il n'y a pas d'explosifs à proximité. Il y aussi suffisamment de policiers en tenue et en civil pour faire en sorte que là que la visite se passe bien". Mais comment s'organisent les déplacements du souverain ?
Comment organiser les déplacements du souverain?
Dès 2004, lors de son avant-dernière visite, la reine Elizabeth a emprunté l'Eurostar pour traverser la Manche. "Pour le centenaire de l'Entente cordiale cordiale, la reine était venue par un Eurostar spécial", se souvient l'ancien chef du protocole. Il relève également que c'était un dispositif "relativement coûteux" et "pas nécessairement nécessaire, parce qu'on a du mal à le remplir". En 2014, la souveraine a donc emprunté "un Eurostar régulier" avec "simplement une partie d'un wagon qui avait été réservé pour l'usage de la reine". À l'arrivée à la gare du Nord, les passagers ont été "bloqués pendant quelques minutes, le temps qu'Elizabeth II sorte de la gare". Si le roi Charles a préféré l'avion cette fois-ci, il devrait tout de même se rendre à Bordeaux, deuxième étape de son voyage en France, par le train.
Où dormira le roi durant sa visite?
"La tradition veut qu'il séjourne dans son ambassade, qui est à deux pas de l'Élysée, rue du Faubourg-Saint-Honoré", précise l'ancien chef du protocole. "Elle est suffisamment vaste, c'est un vrai petit palais qui a été agrandi au 19e et au début du 20e siècle", décrit Laurent Stefanini. "C'est une tradition qui remonte un peu plus d'un siècle et au roi Édouard VII (fils de la reine Victoria)." Grande autre question que tout le monde se pose : qui sera invité au dîner d'Etat et que pourra-t-on y servir ?
Qui sera invité au dîner d'Etat?
La liste des personnalités invitées au dîner d'Etat - programmé ce mercredi soir à Versailles - est "établie d'un commun accord" entre la France et le Royaume-Uni."C'est d'abord la puissance invitante, donc le président de la République" qui dresse une liste de personnalités à inviter, décrit Laurent Stefanini.
Quel repas sera servi lors du dîner d'État?
Pour ce qui est du menu, il est là aussi proposé par la France, et tient compte des éventuelles recommandations alimentaires fournies par l'ambassade du Royaume-Uni. "Le président de la République et son épouse auront soigneusement préparé ce repas - le choix des mets et le choix des vins", confirme Laurent Stefanini pour BFMTV. "Ils auront probablement soumis au protocole royal britannique ou même peut-être directement (au roi et à la reine), puisqu'ils ont eu ces derniers mois plusieurs fois l'occasion de se rencontrer. Ces choix seront donc validés par la partie britannique."
Du vin de Bordeaux devrait lui être servi, selon Paul Poulade chef du protocole en 2001. Le roi doit en effet visiter vendredi, au dernier jour de sa visite d'État, un vignoble dans la région. Lors de la visite de la reine en 2014, du foie gras lui avait été servi, ce qui ne devrait pas être le cas pour Charles,qui a banni le foie gras de toutes les résidences royales. La souveraine, elle "affectionnait un très bon foie gras aux truffes dont elle avait conservé le souvenir de sa première visite d'État en 1957". "On se sentait un peu obligés, par sortes de symboles gastronomiques, de lui en servir", se souvient Laurent Stefanini. Lors des visites d'Elizabeth II en France, des présidents français - Georges Pompidou en 1972 et Jacques Chirac en 2004 - ont commis l'un des pires impairs: toucher la reine. Pas de quoi en faire incident diplomatique pour autant, assure Laurent Stefanini, qui voit là une "petite maladresse" conclut-il.
Le roi compte déjà trente-quatre voyages officiels sur le sol français
En tant que prince héritier, Charles est allé 34 fois en voyage officiel sur le sol français depuis les années 1970, de Nice à Roscoff, en Bretagne, en passant par la Normandie, Paris ou Lyon, révéle le journal Le Monde dans un article. Il avait été invité par le président Macron après la mort d’Elizabeth II, une reine francophile et francophone qui s’était rendue cinq fois en France en visite d’Etat pendant ses soixante-dix ans de règne.Six mois après le report de sa visite d’État en raison de l’ampleur des manifestations contre la réforme des retraites, ce sera donc la 35eme visite officielle de Charles III et sa première en tant que roi. Le but ? Pour l’Elysée comme pour Buckingham Palace : mettre en scène la proximité et l’amitié entre la France et le Royaume-Uni pour resserrer des liens distendus par le Brexit.