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Bourvil et Louis de Funès : le duo comique culte du cinéma
L’histoire d’une rencontre entre deux légendes du cinéma dans les années 1950. Bourvil faisait ses débuts d’acteur en jouant le paysan, un brin benêt à l’écran. Au même moment, Louis de Funès a déjà une longue filmographie à son actif, côtoyant des cinéastes comme Pierre Billon, Sacha Guitry, Maurice Labro et Henri Verneuil.
En 1954, c’est sur le tournage du film Poisson d’avril, réalisé par Gilles Grangier, que Bourvil et Louis de Funès se donnent la réplique pour la première fois. Tandis que le célèbre acteur – né en 1914 – incarne un garde-pêche, l’artiste normand hérite du premier rôle, celui du mécanicien Émilie Dupuy. Pourtant, cette rencontre témoigne déjà d’une grande différence entre les deux comédiens selon l’écrivain Bertrand Dicale.
"Certes, le premier a trois ans de plus que le second, mais la distance entre eux est surtout celle qu’il y a entre une vedette dont le nom seul permet à un film d’exister, et un second rôle qui doit enchaîner les contrats pour faire vivre sa famille", écrit le biographe et journaliste dans son ouvrage Louis de Funès de A à Z, paru aux éditions Grün en 2020. De cette collaboration va naître un célèbre duo comique qui fera rire des millions de Français au fil des années.
Aussi complices et complémentaires à chaque film, Bourvil et Louis de Funès forment un duo qui atteint les sommets du box-office français. La Traversée de Paris en 1956 (4,8 millions d’entrées), Le Corniaud en 1965 (11,7 millions de spectateurs) sans oublier La Grande Vadrouille en 1966 (leur plus gros succès avec 17,2 millions de fans), ils battent tous les records à cette époque.
Pour l’écrivain et journaliste sur Franceinfo, "il est vrai que de Funès doit beaucoup à Bourvil". Alors que ce dernier préfère se reposer durant ses vacances plutôt que d’accepter le rôle du commissaire Juve dans Fantômas, c’est Louis de Funès qui décrochera le rôle à sa place en 1964. Cela n’empêche pas son complice de briller plus tard en solo dans Le Cerveau face à Jean-Paul Belmondo en 1969.
Les points communs qui unissaient Bourvil et Louis de Funès
Entre rires, carrière et succès, Bourvil et Louis de Funès étaient au sommet de leur popularité auprès des Français. Pourtant, les deux amis se côtoient très peu en dehors des tournages. Si on les pensait différents à leur première rencontre, les comédiens partagent de nombreux points communs.
"Il existe une vraie communauté d’âme et d’esprit entre André Raimbourg, orphelin de père mort à la Grande Guerre et élevé dans une ferme du petit village de Bourville en Normandie, et l’enfant d’une famille espagnole déclassée de Courbevoie", note le biographe Bertrand Dicale dans son livre. On apprend également que les deux amis sont peu friands des soirées avec le gratin du showbiz à l’époque. Préférant plutôt les plaisirs simples d’une vie en famille.
"Tous deux fuient les mondanités, les intrigues, les intellectuels, les puissants, les vanités", précise le journaliste avant de poursuivre. "Ils aiment la vie de famille, le jardinage, les bons petits plats et les vins joyeux".
L’astuce de Bourvil pour faire rire Louis de Funès en tournage
Duo phare du cinéma français, leur différence de caractère aurait pu créer des tensions entre les deux acteurs et grands épicuriens. Mais, Bourvil avait le secret pour faire rire son comparse parfois grincheux sur les tournages. "Le caractère heureux de Bourvil fait des prodiges sur le tournage de La Grande Vadrouille", explique l’auteur Bertrand Dicale dans sa biographie consacré à Louis de Funès.
"Lorsque Louis de Funès arrive sur le plateau avec sa tête des mauvais matins, qui éloigne tout le monde de lui et prélude à des orages électriques, on voit son compère tourner autour de lui en chantant le refrain de sa chanson Les Abeilles (‘bzz bzz bzz, les abeilles’)", fredonnait l’artiste selon le journaliste.
Fort de leur complicité, Louis de Funès et Bourvil devaient tourner ensemble dans La Folie des Grandeur s avec le réalisateur Gérard Oury. Mais, l’état de santé du joyeux Bourvil l’empêchera d’amuser la galerie sur les plateaux de tournage. Il meurt le 23 septembre 1970, emporté par un cancer de la moelle osseuse à 53 ans.