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Se dirige-t-on vers un régime obligatoire d’assurance maladie prenant en charge l’intégralité des frais de santé ? Une chose est sûre, la réforme de la Sécurité sociale annonce un grand changement dans le système de soin français. Fin juillet, Olivier Véran a confié une mission importante au Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM), qui doit réfléchir à une nouvelle organisation. Les mutuelles et complémentaires santé pesant lourd dans le budget des ménages, l’instauration d’un système universel permettrait de redonner un peu de pouvoir d’achat aux Français.
Accusées de faire des profits sur leur dos, les mutuelles pourraient bien en pâtir. En effet, parmi les différentes pistes évoquées par le HCAAM, se trouve celle de l’instauration d'une "grande sécu". Elle vise à ce que l'Assurance maladie prenne en charge la quasi-totalité des remboursements, au détriment des mutuelles. "Elle pourrait également prendre en charge les soins optiques, dentaires et d'audioprothèse qui sont aussi aujourd'hui dans le package 100% Santé. Seuls ne seraient pas pris en charge par la Sécurité sociale : les dépassements honoraires, les soins plus honoraires que le 100% Santé...", analyse Florence Jusot, économiste de la santé et professeure à l’université Paris-Dauphine, sur France Culture.
"Grande Sécu" : lutter contre les difficultés rencontrées
Ce nouveau système vise à lutter contre les difficultés rencontrées par les plus précaires dans le domaine de la santé. D’après le rapport du HCAAM, 95% des Français ont une mutuelle, mais 16% qui n’en possèdent pas sont des chômeurs.
Problème, les prix des contrats de mutuelle évoluent en fonction de l'âge, du poids des primes et du reste à charge… Les retraités sont donc pénalisés. De 6,6% du revenu disponible en 2012 chez les plus de 80 ans, ce taux d'effort se monte aujourd’hui à 11% aujourd'hui. Il pourrait atteindre 16% en 2040, selon les projections du HCAAM. La mise en place d’une "grande sécu" simplifierait ainsi l'accès aux soins aux retraités et aux plus précaires. Quid du coût ?
"Grande Sécu" : un accès aux soins à moindre coût
L’instauration d’une "grande sécu", permettrait aussi d’améliorer le fonctionnement tout en baissant les coûts pour les foyers. Car, comme l’a pointé le ministre de la Santé, les frais de gestions des mutuelles et les écarts entre assurés sont colossaux. Le comparateur Meilleurtaux observe une différence allant jusqu'à 500 euros par an en fonction du lieu de résidence, pour un même profil.
"Cela permettrait à tout le monde d'avoir une complémentaire, alors qu'aujourd'hui, il y a 5% de la population qui n'en ont pas. Ensuite, cela permet d'être plus solidaire entre malades et bien-portants, entre générations", décrypte Françoise Jost, spécialiste de l'accès aux soins, sur France Culture.
Que deviendraient alors les mutuelles ?
"Grande Sécu" : les mutuelles ne serviraient plus qu’aux dépenses spécifiques
Si la mesure était retenue, les mutuelles ne seraient plus qu’utiliser pour certaines dépenses spécifiques (chambres particulières à l'hôpital, dépassements d'honoraires, etc.).
Attention toutefois, bien qu’attractive, l'idée d'une "grande sécu" comporte aussi des inconvénients. Car, à l’heure actuelle, l’Assurance maladie qui prend en charge environ 75% des dépenses de santé, sans condition de revenus, est financée par les cotisations sociales des Français. De fait, pour augmenter la part de remboursement des soins, les contributions et les taxes devront être rehaussées. Ces dernières pourraient néanmoins être compensées par la diminution ou suppression des dépenses liées aux complémentaires et au reste à charge.
Les mutuelles, farouchement opposées à un tel projet, craignent une santé à deux vitesses. Selon elles, seuls les plus aisés auront la possibilité de souscrire des assurances privées. Reste également à régler l'avenir des emplois des salariés des mutuelles. Le débat risque ainsi d’être long.