De quoi sont-ils morts ? Le fumiste d’Emile Zolaabacapress
Asphyxié ou gazé ? Cent douze ans après sa mort, la fin de l'écrivain dont la devise était "pas un jour sans une ligne" continue à faire couler beaucoup d'encre…

© abacapressCe lundi 29 septembre 1902, une grande agitation règne devant la chambre à coucher que le grand romancier et son épouse Alexandrine occupent dans leur appartement parisien de la rue de Bruxelles (19ème). Les domestiques s’inquiètent du silence et finissent par forcer la porte de la chambre vers 9 heures du matin. Ils y découvrent le corps inanimé de Zola sur un tapis et celui de sa femme gisant sur le lit.

Il sera possible de réanimer Alexandrine mais pas l’auteur de "L’Assommoir". Officiellement l’écrivain est mort, à 62 ans, asphyxié par l’oxyde de carbone vomit par sa cheminée. La veille, leur valet, a fait une petite flambée dans la cheminée de leur chambre mais s’est empressé d’étouffer le feu en constatant qu’elle tirait mal. Le couple lui demande alors de ne plus y toucher et d’appeler un "fumiste". Quand il arrive, le lendemain, il est déjà trop tard. 

Se sentant mal durant la nuit Alexandrine a tenté d’alerter son mari, racontera-t-elle plus tard, mais l’écrivain a mis ce malaise sur le compte du diner. Quelques minutes plus tard, il se lève. Ses mains se crispent sur sa poitrine tandis qu’il cherche de l’air. Il tombe finalement sur le chemin le menant à la fenêtre. Officiellement, la mort de l’écrivain naturaliste est mise sur le compte de la fatalité : des boulets auraient continué à se consumer durant la nuit en asphyxiant les occupants de la chambre.

C’est en 1953 que la thèse d’un assassinat commence à émerger. Jean Bedel affirme alors avoir recueilli les confidences d’un lecteur, Pierre Hacquin, à l’issue d’une enquête d’anthologie menée pour le journal Libération. Hacquin a fait état, assure-t-il, d’une conversation avec un ramoneur qui, sur son lit de mort, aurait avoué avoir bouché la cheminée des Zola afin "d’enfumer un cochon" de Dreyfusard.

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Cette thèse est plausible. Après la publication de son fameux "J’accuse", à la une de L’Aurore, fin janvier 1898, l’écrivain s’était attiré la haine farouche des ligues "patriotiques". Plus tard le commissaire chargé de l’enquête admettra que la mort de l’écrivain présentait des zones d’ombre.