Nancy Crampton Brophy : l'auteure de « Comment tuer son mari » condamnée pour le meurtre de son épouxIstock
Nancy Crampton Brophy, une romancière américaine de 71 ans, était accusée d'avoir supprimé son mari pour toucher son assurance-vie. Le détail qui tue : cette écrivaine, spécialiste des romans à l'eau de rose, a publié un essai, intitulé « Comment tuer son mari », qui explique point par point comment se débarrasser de son conjoint sans être jamais inquiété par la justice.
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Ils étaient mariés depuis 25 ans. En mai 2022, Nancy Crampton Brophy se retrouve pourtant jugée devant un tribunal de Portland (Oregon) pour avoir tué son mari, Daniel.

Le 2 juin 2018, l’homme de 63 ans est retrouvé sans vie dans l’école de cuisine où il officie en tant que chef. Il a été abattu de deux balles dans le crâne. La police du comté de Multnomah, dans l’Oregon, ouvre une enquête pour « homicide », mais très vite, la question de pose : qui pouvait réellement en vouloir à Daniel, un professionnel reconnu et aimé de ses pairs, qui avait une vie bien tranquille ?

Il habitait avec sa femme Nancy, une romancière, dans une maison de la région. Daniel était vraisemblablement très amoureux d’elle, même au bout de 25 ans d’union. « C’était l’amour de sa vie, il l’appelait « la boss » », témoigne un des élèves de Daniel dans le magazine People.

13 minutes : le meurtre expéditif

Sur son blog, Nancy, elle, raconte : « nous avons des hauts et des bas, comme tous les couples. Mais plus de bons moments que de mauvais. »

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Pourtant, la sexagénaire ne va pas tarder à se retrouver dans le viseur des enquêteurs. Durant leurs investigations, ils vont en effet se rendre compte que Nancy se trouvait dans l’école de cuisine de Daniel au moment du drame.

Sur l’une des caméras de surveillance disposées dans le parking de l’endroit, on peut voir la romancière arriver en voiture, descendre, puis repartir en trombe seulement… 13 minutes plus tard.

Les enquêteurs se rendent surtout compte que l’écrivaine, spécialisée dans les romans érotiques, a publié en 2011 un essai, intitulé « Comment tuer son mari ». Dans cet ouvrage, elle détaille point par point la méthode pour supprimer un époux gênant sans se faire prendre.

Dans un extrait, elle explique notamment :

« la chose à savoir avec le meurtre, c'est que chacun d'entre nous en est capable, quand on le pousse suffisamment. Vous pouvez le frapper à la tête ou le poignarder avec un couteau de cuisine. Mais la plupart du temps, ça laisse des indices qui pointent vers vous ».

Mais pourquoi cette femme en apparence sans histoire aurai-t-elle décidé d’assassiner son compagnon de route depuis toutes ces années ?

Nancy Crampton Brophy : le profil intriguant de la romancière

En étudiant de près le profil de Nancy Crampton Brophy, les enquêteurs découvrent à la romancière un autre visage. En réalité, le couple était lourdement endetté. Nancy aurait-elle prémédité son crime pour toucher les dix polices d’assurance de son mari, pour un montant total de 1,4 millions de dollars ?

Un autre détail semble confirmer cette piste : quelques mois avant le drame, Nancy a acheté, sur eBay, un canon de pistolet Glock. Aujourd’hui, cet élément est introuvable.

En septembre 2018, la romancière est arrêtée sur la base de ces indices à charge. Mais elle nie en bloc : elle explique n’avoir aucun souvenir de s’être rendue sur place. Quant au pistolet, elle l’aurait acquis par soucis de réalisme, pour l’écriture de l’un de ses romans…

Ses justifications ne convainquent pas. Elle est mise en examen, et placée en détention dans l’attente de son procès.

« Nancy Brophy a planifié et exécuté ce qu’elle pensait être le meurtre parfait. Un meurtre qui, selon elle, l’aurait libéré du désespoir financier et lui aurait permis de commencer une nouvelle vie pleine d’aventures », écrit le Procureur dans un rapport.

Si Daniel était heureux dans cette vie simple et honnête, pour les enquêteurs, Nancy, qui passait son temps à raconter des histoires rocambolesques et des amours passionnels, voulait « autre chose ».

« J’ai toujours aimé l’idée qu’il est possible de mener une vie paisible, sans soucis et sans labeur, mais je n’ai jamais rencontré cela dans ma vie. » raconte-t-elle sur son blog. « Parce que je suis égoïste, je ne prends pas le temps de me réjouir quand un évènement heureux survient. Je suis plutôt comme un enfant à Noel, j’ai hâte d’ouvrir les prochains cadeaux »

Nancy Crampton Brophy : le procès de la « veuve noire »

Près de quatre ans après le meurtre de son époux Daniel, Nancy Crampton Brophy a comparu, pendant plusieurs semaines, devant un tribunal de l’Oregon.

L’accusée a campé sur sa position : elle ne se souvient de rien. « Si c’était moi qui avais tué Daniel, je me rappellerai de chaque détail », a-t-elle relaté à la barre.

Ses avocats ont fait appel à un psychologue, qui a assuré à la cour que Nancy souffrait d’amnésie traumatique, causée par le choc de la mort de son époux.

Très peu pour l’accusation, qui a de son côté recueilli les confidences d’une ancienne codétenue de la romancière, à qui elle aurait avoué le meurtre dans un moment d’égarement.

L’attitude de Nancy pendant les audiences, en tout cas, ne joue pas en sa faveur : à plusieurs reprises, lorsque des témoins racontaient avec émotion les jours heureux de son mari Daniel, elle aurait été prise de gloussements. C’est à cause d’un problème à la lèvre supérieure, glissera son avocate, qui l’empêcherait de pleurer en public.

Son essai, « Comment tuer son mari », ne fait pas partie des éléments à charge dans l’affaire, mais le procureur n’a pas manqué d’en lire quelques extraits équivoques à la cour.

A la question de l’avocat général « vous pensez que n’importe qui peut tuer ? », Nancy a répondu « oui. Pour protéger ses proches. »

    Nancy Crampton Brophy devrait passer sa vie en prison

    Le verdict est finalement tombé le 25 mai : Nancy Crampton Brophy a été reconnue coupable du meurtre de son mari et condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal de Portland, Oregon.

    Au terme d’un procès de 27 jours, elle a été écrouée le 13 juin dans une prison de l'Etat.

    La romancière de 72 ans devra attendre 20 ans pour déposer une demande de libération conditionnelle. Il est donc fort probable qu’elle finisse ses jours derrière les barreaux.

    Durant les audiences, les jurés avaient pu les témoignages poignants de la famille de la victime. Son fils, Nathaniel, s’était adressé directement à l’accusée :

    « Tu as exécuté mon père de sang-froid, en préméditant son meurtre. Tu as tué l’homme qui faisait tout pour toi, qui cuisinait tes repas, lavais tes vêtements, avait accepté ta nature sédentaire et soutenu tes projets qui ont tous échoué, et qui t’avait introduit dans notre famille chaleureuse. »

    A l’énoncé du verdict, Nancy Crampton Brophy n’a montré aucune émotion. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.