Affaire Kevin Rouxel : le « jumeau maléfique » et le double-parricideIstock
C'est un procès “maudit” qui s'est ouvert lundi 3 octobre 2022 devant les assises des Landes. Kevin Rouxel, 29 ans, comparaît aux côtés de son ex-femme Sofyia Bodnarchuk pour le meurtre d'Ewa et Pascal Rouxel, les parents du jeune homme. Le drame s'est déroulé en février 2016 à la Bastide-Clarence, un village des Pyrénées-Atlantiques. L'accusé nie : pour lui, le crime serait l'œuvre d'un « jumeau maléfique », Mickaël Alpha Rouxel.
Sommaire

Le 20 février 2016, Kevin Rouxel, 23 ans, se rend à la gendarmerie d’Hasparren, un village du Pays-Basque, couvert de sang. Devant les officiers médusés, il raconte l’impensable : un massacre a eu lieu chez lui, à la Bastide-Clairence.

Sur place, les militaires découvrent les corps sans vie d’Ewa et Pascal Rouxel, les parents de Kevin. Ils ont été abattus de plusieurs balles dans le crâne. Le frère cadet, Yann, est prostré dans la cour de la bâtisse.

Très vite, c’est l’ainé, Kevin, et sa femme, Sofiya, qui sont suspectés du double parricide, sur fond d’héritage et de jalousie.

Six ans plus tard, l’affaire n’a toujours pas connu son épilogue. Car le procès des deux accusés n’a cessé d’être reporté.

Vidéo du jour

Lundi 3 octobre, c’est en effet la sixième fois que Kevin Rouxel et Sofiya Bodnarchuk se présentent devant une cour d’assises.

Affaire Rouxel : le procès « maudit » en 5 dates

Après un premier procès, en décembre 2018, émaillé d’incidents et interrompu après un malaise de Sofyia, un second s’était ouvert en mai 2019. Mais il avait également dû être renvoyé, en l’absence du principal accusé, Kévin Rouxel. Le jeune homme de 27 ans était à l’époque hospitalisé après une tentative de suicide.

Un troisième procès était prévu en mars 2020, reporté à cause de la pandémie. Kevin Rouxel sera finalement condamné en novembre 2020 à 30 ans de réclusion criminelle pour assassinats, tandis que son ancienne épouse écope, elle, écopera de 20 ans d'emprisonnement pour complicité. Mais les accusés avaient fait appel de ce jugement. Un procès en appel s’est donc ouvert mardi 25 janvier 2022, devant les assises des Landes, à Mont-de-Marsan.

Sauf qu’une fois de plus, rien ne s’est passé comme prévu.

Affaire Rouxel : il prétend être le jumeau de l’accusé et demande un test ADN

À l’ouverture des audiences, le principal accusé, Kevin Rouxel, annonce en préambule qu’il vient juste « pour un contrôle d’identité », avant de réclamer des vérifications ADN sur son identité. Car, il l’affirme, il n’est pas « Kevin Rouxel » mais « Mickaël Alpha Rouxel », le jumeau maléfique de ce dernier. Selon lui, Kevin se serait pendu en 2019 à la maison d’arrêt de Pau et il l’aurait simplement « substitué ».

Une situation ubuesque qui a contraint les magistrats à reporter le procès pour demander une expertise psychiatrique.

En août dernier, l’accusé a ainsi confié aux psychiatres qui l’ont examiné en détention que son frère jumeau se trouvait finalement en Russie, où il serait gérant d’un magasin de yaourts. Si ses propos sont jugés incohérentes, Kevin Rouxel est loin d’être considéré comme « fou ».

Il se situerai plutôt « dans la manipulation et dans une forme de jeu comme pour troubler et dérouter ses interlocuteurs », ont noté les experts.

Affaire Rouxel : une querelle d’héritage à l’origine du crime ?

Kevin Rouxel est accusé d'avoir abattu ses deux parents avec un revolver le soir du 20 février 2016, dans leur domicile de la Bastide-Clairence, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il est aussi suspecté d'avoir tenté de tuer son frère Yann, atteint du syndrome d'Asperger

Kevin affirme que c’est avec Sofiya, son épouse rencontrée sur Internet, qu’ils auraient fomenté ce projet d'assassinat à la suite de dispositions testamentaires prises par ses parents en faveur de Yann. Afin de récupérer un pactole estimé entre 1 et 1,5 millions d'euros, ils auraient ainsi décidé de tous les tuer.

Mais Sofia, de son côté, affirme elle qu'elle n'a en rien participé au double assassinat, et que Kevin affabule. Les deux amants « diaboliques », parents d’une petite fille de deux ans à l’époque des faits, avaient divorcé peu de temps après leur mise en cause.

Affaire Rouxel : le profil déroutant de l’accusé

Dans cette affaire, le profil de Kevin est au cœur de l’intrigue. Le jeune homme aurait nourri un vif ressentiment depuis l’enfance à l'égard de ses parents. Il se sentait délaissé par rapport à l’attention dont bénéficiait son frère, qui était atteint d’un syndrome d’autisme asperger.

Surtout, lors d’une perquisition chez Kevin Rouxel, les enquêteurs avaient mis la main sur un élément glaçant… Une « checklist », sur laquelle le jeune homme avait noté scrupuleusement toutes les étapes de son crime. Meurtre, déplacement des corps, nettoyage de la maison… Et pour finir, une virée au McDo. Mis en examen et placé en détention provisoire pour double assassinat, Kevin n’a depuis cessé de se montrer nerveux, inconstant dans ses versions, et psychologiquement instable.

Le 27 octobre dernier, le jeune homme a encore tenté de s’évader des urgences, où il avait été conduit après avoir mis le feu à un matelas dans sa cellule. En 2016, lors de sa détention provisoire à la maison d'arrêt de Bayonne, Kevin avait également tenté de s'évader en prenant en otage une infirmière. Des faits pour lesquels il a écopé de cinq ans de prison supplémentaires.

Le procès en appel de Kevin et Sofiya qui s’est ouvert à nouveau ce lundi viendra-t-il, enfin, clore cette affaire « maudite » ?  Le verdict est attendu le 14 octobre 2022.

Lire aussi :