La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
Comment est née l’idée du film Murder Party ?
Nicolas Pleskof : L’idée du film, c’est la conjonction de deux désirs. Le premier désir était de faire un "whodunit" (contraction de l’expression "Who (has) done it ?", en français qui l’a fait, NDLR), c’est-à-dire un film Cluedo. C’est un genre que j’aime beaucoup, car il permet de rassembler tout ce que j’aime au cinéma : un huis-clos, la possibilité de créer des univers pop, des univers antidatés et faire de la comédie. Mon second désir était de faire un film sur la famille (dans le clan Daguerre, NDLR). Une comédie pop et trash sur la famille, de l’enfermement aux secrets sombres rassemblés au même endroit, cela donne ce projet.
Étiez-vous fan de jeux de société durant votre enfance ?
Nicolas Pleskof : J’ai beaucoup joué aux jeux de société dans mon enfance. J’étais évidemment très fan. Aujourd’hui, je suis extrêmement fan des escapes game, qui est vraiment pour moi la forme de jeu ultime. C’est le jeu de société grandeur nature et que ça met les gens dans des états assez fous. Il y a vraiment des questions où tout à coup les gens s’immergent. Il y a une suspension de la crédulité qui fait que, pendant une heure, ça devient gravissime de ne pas trouver le code. Dans les escapes game comme dans les jeux de société, l’humain se met tout à coup dans l’exécution. Il annule tout ce qu’il y a autour de lui, il accepte de changer sa façon de réagir et c’est un peu fascinant.
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Le mélange entre la comédie et l’enquête policière est un genre qui vous plait ?
Nicolas Pleskof : Oui bien sûr. C’est vrai que c’est un équilibre qui est délicat parce que mélanger la comédie au genre policier, c’est comme marcher sur un fil. Il faut décroitre ensuite les histoires tout en en riant. C’est quelque chose de tortueux à tenir mais, c’est définitivement le genre policier. Un genre unique en soi qui inclue le spectateur, l’oblige à jouer. Mais aussi à réfléchir, se poser des questions et à réfléchir sur l’éventuel meurtrier. Ce genre le fait participer et donc, le fait rentrer dans le jeu.
Tourner avec ces comédiens-là était pour moi formidable
Comment s’est passé le tournage avec tous les acteurs ?
Nicolas Pleskof : Le tournage s’est passé pendant le deuxième confinement, entre fin novembre 2020 et début janvier 2021. Donc c’était une période avec les couvre-feux, les attestations… Toute la préparation s’est faite durant le deuxième confinement. C’était compliqué parce que tous les magasins étaient fermés, ne serait-ce que pour les accessoires, la décoration et les costumes. Pour la régie, c’était aussi compliqué parce qu’il fallait trouver des hôtels et se nourrir, mais tout était fermé donc c’était un vrai défi.
Après le tournage en lui-même s’est passé dans une bulle. Il y a beaucoup de contraintes : le port du masque, se laver les mains, la cantine était vitrée, on se faisait tester toutes les semaines. On était à l’affût du moindre cas donc c’était une pression supplémentaire. Après on a eu la chance d’avoir zéro cas pendant tout le film. Dans le rapport avec les comédiens, ils savaient les conditions dans lesquels on allait tourner, ils sont tous venus sans que personne fasse un critère de stress supplémentaire, on fait très attention. Tourner avec ces comédiens-là était pour moi formidable. À partir du moment où je savais qu’ils faisaient le film pour de bonnes raisons et qu’ils avaient envie de le faire, le travail sur le plateau n’était pas plus stressant qu’avec d’autres comédiens. J’étais avec de grands professionnels qui voulaient que le film soit réussi autant que moi. Et, qui travaillaient pour le bien du film autant que moi. C’était une ambiance studieuse et joyeuse, mais le mix entre le covid et la pression de tourner avec les comédiens n’a finalement pas rendu les journées différentes de ce qu’elles auraient été dans d’autres conditions.
Vous connaissiez déjà Sarah Stern (Léna) et vous avez noué une amitié avec Alice Pol (Jeanne) sur le tournage…
Nicolas Pleskof : Sarah Stern est une amie que je connais depuis de nombreuses années. J’ai rencontré Alice sur le tournage et depuis, on est devenus très amis. C’est une vraie relation d’amitié. Quand on s’est rencontrés, on a tout de suite compris que l'on était fait l’un pour l’autre pour ce film. Une affinité particulière s’est liée entre nous. Ce n’est pas pour rien que je lui ai proposé ce rôle-là et qu’elle a accepté. On avait la même façon de voir certaines choses, de vivre ce rôle aussi. On est devenus très amis comme avec Pablo Pauly, Sarah Stern, Pascale Arbillot… Et, pourtant, j’ai pensé à elle plutôt à la fin de l’écriture. J’ai préféré ne pas m’imposer un imaginaire trop précis quand j’écrivais pour ne pas risquer de travailler cinq ans sur un scénario en pensant à quelqu'un de précis, pour finalement être déçu à la fin.
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Eddy Mitchell en tournage : intimidant ou bon enfant ?
Nicolas Pleskof : Ce n’est pas quelqu’un intimidant Eddy au contraire. C’est quelqu’un de très à l’aise qui met une ambiance sur le plateau. Pour moi évidemment, les premiers pas sur un plateau de long-métrage peuvent être quelque chose d’impressionnant. Alors que c’est quelque chose qui est très habituel pour lui, il a la carrière qu’il a, son quotidien est extraordinaire. Il met plutôt une ambiance très détendue.
L'affiche : "un clin d'œil hyper clair au film À couteaux tirés"
Les décors colorés et la mode vestimentaire des années 50-60 sont une source d’inspiration ?
Nicolas Pleskof : Ce sont des époques qui me plaisent beaucoup. Le scénario est tellement fou, il raconte des choses et des éléments qui ne pourraient absolument pas arriver dans la réalité. Pour moi, pour que le spectateur accepte d’entrer dans cette folie-là, il fallait que l’univers soit adapté à la folie du propos. Donc je crée un univers qui n’a pas trop de références précises à un quotidien ou à un contemporain, qu’il soit le plus antidaté possible. Autant au niveau du temps que de l’espace, on ne le situe ni en France, ni en Angleterre ou nulle part. Je voulais vraiment qu’à travers l’univers du film, on pénètre sur un plateau de jeu qui soit de toutes les époques à la fois. Un peu comme le fait Wes Anderson par exemple. Il fait des films contemporains, mais qui pourraient complètement se passer dans les années 1960 vu leur esthétique. Comme pouvait le faire Alain Resnais dans ses derniers films (Cœurs, Vous n’avez encore rien vu, Smoking / No Smoking…), où on est dans une espèce d’anti-époque totale aujourd’hui mais qui pourrait être tout le 20ème siècle en même temps.
L'affiche du film a été très commenté sur les réseaux sociaux pour sa ressemblance avec la version américaine À couteaux tirés (Knives Out, 2019), notamment par son producteur américain Rian Johnson...
Nicolas Pleskof : Cette histoire d’affiche me fait un peu rire. Évidemment que c’est un clin d’œil hyper clair au film À couteaux tirés et on ne s’en est jamais caché. Mais, pas mal de personnes sur Twitter se sont pris pour des justiciers, qui étaient scandalisés, hurlaient au plagiat et ça m’a fait un peu rigoler. Puis une affiche est un support de communication, mon film est un film Cluedo. Et, quel est le dernier film Cluedo ayant eu de la visibilité et qui a plu aux gens ? À couteaux tirés ! Donc, que disent les codes de l’affiche : si vous avez aimé le genre de film qu’est À couteaux tirés, vous risquez d’aimer ce genre-là qui s’inscrit dans une même mouvance de film. Après la comparaison s’arrête là dans le sens où je n’ai même pas vu À couteaux tirés. J’ai écrit mon film entre 2014 et 2019 tandis que le film est sorti fin 2019. On a les mêmes références qui sont les films d’Agatha Christie, le Cluedo et d’autres films qui reprennent les codes de base du Cluedo.
Quel est le message derrière le film Murder Party ?
Nicolas Pleskof : C’est un film qui parle profondément d’enfance. Ce film dit qu’il est très important de préserver sa part d’enfance pour devenir un adulte réussi, créatif, heureux, ouvert à ses émotions. Et, de jouer comme le font les enfants en suspendant la réalité le temps du jeu. S’évader le plus possible et créer un monde à soi. C’est en cela le parcours de mon héroïne Jeanne.
Un conseil pour inciter les lecteurs de Planet à voir le film ?
Nicolas Pleskof : Murder Party est un film sur le jeu, qui est un jeu de A à Z. Il veut d’abord inviter les gens à jouer, ensuite à prendre part au jeu dans une autre position. Ce film invite à être pion et joueur en même temps. Je l’ai voulu profondément ludique, jouissif et généreux. Je voulais créer une enclave qui sort du monde pendant deux heures. Pendant la tournée des avant-premières, j’ai vu beaucoup de gens très heureux qui en étaient sortis très amusés et qui s’étaient évadés. On vit dans une époque dans laquelle il est important de se changer les idées, de s’évader et de jouer grâce au film.
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