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Méfiez-vous de leur jolie couverture vert émeraude. Ce pigment, le “vert de Paris”, également appelé vert de Schweinfurt, ou encore vert de “Vienne”, était utilisé au XIXe siècle pour teinter les cartonnages, les décorations ou même les tranches des livres (une technique appelée jaspage). Problème : il contient de l’arsenic.
Des bibliothèques fermées
En Allemagne, l’université de Düsseldorf a fermé ses portes pendants plusieurs jours en mars pour vérifier le contenu de sa bibliothèque, comme le rapporte le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Outre-Rhin, plusieurs établissements ont aussi fermé leurs portes pour vérifier si des ouvrages du XIXe siècle ne contiennent pas d’arsenic et des analyses seraient également en cours dans les bibliothèques alsaciennes, rapporte le quotidien les Dernières nouvelles l’Alsace.
Dangereuse manie de lecteurs
Les ouvrages susceptibles de contenir de l’arsenic ne présenteraient pas vraiment de risques en soi “lorsqu’ils sont posés dans les rayonnages, mais cela peut être le cas si l’on humidifie ses doigts avec la langue pour tourner les pages”, prévient l’université dans un communiqué. Autre mode de contamination possible : une inhalation de poudre en manipulant les livres. Dans un cas comme dans l’autre, ce serait surtout l’ingestion répétée qui serait problématique.
Les symptômes d’une intoxication aiguë à l’arsenic sont listés par l’Organisation mondiale de la Santé: “des vomissements, des douleurs abdominales et une diarrhée. Par la suite surviennent des engourdissements et des picotements dans les extrémités, des crampes musculaires et, dans les cas extrêmes, le décès.”
Un dérivé du cuivre en vogue au XIXe siècle
La substance en cause, le fameux “vert de Schweinfurt” provient d’un dérivé du cuivre. Il s’est répandu au XIXe siècle pour son faible coût. Joli et pas cher, il fait alors un tabac et se retrouve en grande quantité dans des livres donc, mais aussi d es vêtements, des tableaux ou encore des papiers peints… A l’époque déjà, on le soupçonne de provoquer des intoxications, comme le détaille cet article universitaire.
Le projet “livres empoisonnés”
Aux États-Unis, depuis 2019, un projet de recherche de l’université du Delaware, le “Poison Book Project” (que l’on pourrait traduire par “projet livre empoisonné”) vise à identifier les ouvrages contenant de l’arsenic et détenus dans les bibliothèques historiques du monde. Sa base de données contient des ouvrages en français.
La responsable de ce projet conseille de ne “pas jeter les ouvrages” potentiellement empoisonnés, mais de les faire parvenir à des conservateurs, comme elle l’a expliqué au National Geographic. De leur côté, les bibliothécaires de l’université de Chicago tenaient à se montrer rassurants :“t ous les livres verts ne contiennent pas d’arsenic”, écrivaient-ils ainsi dans une note publique en 2023.