De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
1. Combien sont-ils ?
Les intermittents du spectacle (artistes ou techniciens) étaient 254.394 à cotiser pour ce régime en 2011. Tous ne bénéficient pas de ce statut que le gouvernement entend réformer. Seul 40% des inscrits remplissent les impératifs pour y avoir droit (507h en 10 mois pour les techniciens et 10 mois et demi pour les artistes). Ils représentent 4% des allocataires de l’assurance chômage pour un coût estimé à 1 milliard d'euros par la cour des comptes (370 millions pour l'Unedic).
2. Que contestent-ils ?
Si le plafond du complément salarial et l’augmentation des cotisations sociales pour les intermittents ne leur convient pas outre-mesure, c’est surtout sur le "différé d’indemnisation" que ça coince. Il s’agit d’un délai d'un mois qui était jusque-là imposé à certains intermittents avant le premier versement de leurs indemnités.
Ce "délai de carence" concernait avant la réforme ceux qui avaient les plus hauts revenus, soit 9% des intermittents. Avec la réforme (effective au 1er juillet), ce délai passerait à deux mois et concernera 42% des intermittents (de quoi aggraver la précarité de nombreux professionnels du secteur).
3. Quels sont leurs moyens d’action ?
Outre les actions médiatiques comme celles qui a conduit des intermittents du spectacle à accueillir Aurélie Filipetti nus et les manifestations comme celle de Lille, les professionnels du secteur font pression sur le politique comme n’importe quel autre métier : par la grève.
Ainsi, la CGT spectacle a appelé ce vendredi 20 juin à une "grève massive" pour l’ouverture du Festival d’Avignon.
4. Ce que répond le gouvernement
Comme pour les cheminots, Manuel Valls ne veut pas désavouer la réforme en cours. Au cours de la conférence de presse du jeudi 19 juin, le Premier ministre a confirmé que l'Etat validerait l'accord sur l'assurance chômage et ce, malgré les contestations.
Or, il a expliqué que le différé d’indemnisation sera cette année pris en charge par l’État et donc, que sa mise en œuvre ne se fera pas au premier juillet comme ceci était prévu afin "d'apaiser les craintes". Ceci fait dire à Aurélie Filipetti que le gouvernement est déjà "allé très loin" dans le dialogue.
5. Des festivals menacés cet été ?
"L'été ne se passera pas normalement !" prévient la CGT si ses revendications ne sont pas entendues par le gouvernement. Dénonçant des "mesurettes", le syndicat entend également intensifier la mobilisation pour faire flancher le projet. Et pour cause, la menace est bien réelle. L’été est le moment de l’année où il y a le plus de manifestations culturelles qui dans certains villes, dont Avignon, drainent un nombre très important de visiteurs et génèrent ainsi de fortes retombées économiques dans la région.
En outre, des festivals musicaux ont également fait part de leur mécontentement. Reste à savoir si le report du différé d’indemnisation suffira à contenir la contestation…