La fin de semaine et le week-end du 7 décembre seront marqués par un net refroidissement des températures et un risque de chutes de neige sur une bonne partie du pays. Voici, d'après les prévisions de La Chaîne...
Que fait aujourd’hui l’UNA en matière de dépendance, et quel rôle compte-t-elle jouer dans le cadre du débat national sur ce thème ?
Le réseau UNA regroupe 1200 structures en France, aussi bien des associations que des Centre Communaux d'Action Sociale ou des organismes mutualistes. Il prend en charge plus de 650,000 personnes âgées, que ce soit de l’aide à la vie quotidienne ou de l’aide aux actes essentiels, et des soins infirmiers. C’est le réseau le plus important en France, avant les associations d'aide à domicile comme l’ADMR ou Adessa. Il regroupe plus de 145,000 salariés. Les personnes âgées ne sont par ailleurs pas le seul public aidé. Les personnes prises en charge sont également des personnes en situation de handicap, ou bien des familles en difficulté. Nous aidons ces personnes à vivre dans des conditions correctes. En général il s’agit de la réalisation d’actes essentiels (lever, habillage, repas, toilette) mais aussi de l’entretien ménager. Certaines personnes travaillent également à ce que les personnes dépendantes puissent avoir des activités sociales. Elles aident celles-ci à sortir, garder un lien avec leur quartier. Ce sont des choses importantes pour la vie des personnes âgées.
C’est un métier passionnant mais difficile, et il est certain que le secteur est en grand danger car les conditions de financement par les pouvoirs publics, sont devenues inefficaces. Le système actuel est obsolète et périmé, et le gouvernement ne va pour l’instant pas dans le sens d’une amélioration… Par exemple l’article 90 du projet de loi des finances supprime un certain nombre d’exonérations dont bénéficiaient les professionnels de ce secteur, ce qui devrait se traduire par une augmentation des coûts, dans certains cas jusqu’à 15% ! C’est donc un secteur que l’on présente comme créateur d’emploi, mais qui est en réalité extrêmement fragilisé par le contexte politique actuel. Cela fait déjà cinq ans que nous sommes menés en bateau sur cette histoire. C’était notamment une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, mais cette réforme a été jugée non prioritaire.
Alors oui, nous avons l’intention d’intervenir au maximum dans le cadre du débat sur le cinquième risque. Ce n’est pas la première fois que nous le faisons – ni que ce débat a lieu. Nous avons déjà participé à des groupes de travail, diffusé des notes écrites. La dernière fois, c’était en 2008. Cette fois-ci, nous allons intervenir de deux façons :
- Nous avons bien l’intention d’intervenir au niveau national, de manière coordonnée sur le contenu avec d’autres acteurs, et ce auprès des instances nationales (Ministère, Assemblée Nationale…). Nous participons par exemple la semaine prochaine à une table ronde organisée au Sénat…
- Par ailleurs, tout au long du premier semestre 2011, entre mars et juin, nous organiserons des débats publics locaux sur la question de la dépendance et du cinquième risque. L’objectif est d’inviter les personnes concernées et leurs familles, et de leur expliquer les enjeux, ainsi que les propositions de l’UNA. Ce seront des discussion de terrain pour favoriser un débat public, alors qu’habituellement ce sujet reste entre les mains des experts ; mais le sujet mérite le débat public le plus large.
Parmi les pistes envisagées aujourd'hui pour la répartition des coûts de la dépendance (suppression d’un RTT, création d’un système d’assurance, augmentation de la CSG…) lesquelles vous semblent les plus pertinentes/les plus critiquables ?
La mesure la plus pertinente, c’est l’harmonisation et l’augmentation de la Contribution Sociale Généralisée. La CSG est de loin la solution la plus juste. Par ailleurs, il s’agit de mobiliser des milliards d’euros, toutes les autres solutions sont à mon sens secondaires. Le socle doit donc être une augmentation de la CSG (qui s’appuie sur la solidarité nationale). Des formules complémentaires sont envisageables, un peu comme pour la complémentaire santé.
L’assurance, pour nous c’est la cerise sur le gâteau. La mise en place de tels dispositifs reste aléatoire et risque de mettre trop de temps à installer. Néanmoins, les assurances privées obligatoires sont une forme de CSG déguisée.
Quelles différences fondamentales de gestion y a-t-il entre les soins liés à la dépendance promulgués à domicile et en institutions spécialisées ?
Au domicile on est chez la personne, on est sur son territoire, dans ses souvenirs, sa vie quotidienne. Une personne qui est dans un établissement, entre dans une chambre impersonnelle malgré de petits aménagements éventuels. Il y a des règles collectives. C’est une bonne formule quand la personne est dans une situation extrême de dépendance, ou en grand isolement.
Quoiqu’il en soit, plus de 80% des Français veulent vieillir et mourir à domicile. Même s’il est important que les pouvoirs publics encouragent la modernisation des maisons de retraite, aujourd’hui elles ne concernent que 5% des personnes âgées. Il s’agit de ne pas oublier les 95% restants !
Il est important de noter que les soins à domicile sont beaucoup moins chers qu’en établissement ! Le coût est grosso modo moitié moins cher... Mais c’est avant tout une question de volonté des gens concernés. Il y a des cas ou ce n’est pas raisonnable de laisser les personnes chez elles, mais sur 12 millions de personnes âgées en France, il n’y en a que 600,000 en maison de retraite.
Emmanuel VERNY est Directeur général de l’UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des Services à domicile