De nombreux "aidants" ne connaissent pas leur statutIstock
Si le statut d'aidant d'un proche est de plus en plus reconnu dans notre société, à domicile jusqu'en EHPAD, une étude révèle qu'un tiers des Français qui jouent ce rôle ne se reconnaissent pas dans ce terme. Parmi eux, de nombreux retraités.
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Le Collectif Je t'Aide a publié son baromètre 2024, en partenariat avec BVA Xsight, à une semaine de la Journée des aidant.es qui aura lieu dans toute la France le 6 octobre. Relayée par Sud-Ouest, cette étude nous en apprend beaucoup sur cette fonction devenu indispensable à la vie des séniors dépendants, à leur domicile comme en EHPAD.

Les nouvelles sont plutôt bonnes, d'après les 1005 personnes de plus de 15 ans issues d'un panel représentatif de Français et 461 aidants interrogés du 11 au 18 juin derniers : 88 % d'entre eux connaissent le terme "aidant". Mais 61 % estiment qu'ils devront un jour endosser ce rôle, ce qui exprime tout de même une prise de conscience sur les problèmes qu'engendrent le vieillissement - ou l'allongement de la durée de vie - de la population. Ce chiffre est "constante progression avec les années" rapporte le quotidien (contre 57 % en 2022*).

Un aidant sur trois s'ignore encore en tant que tel

Sur tous les aidants de proches interrogés, seuls 68 % ont conscience d'assurer cette fonction (90 % le font pour un membre de la famille, contre 86 % en 2022*).Cela veut dire que près d'un tiers d'entre eux n'ont pas la sensation de l'être et se qualifient plutôt de "fils ou fille de", "mère ou père de"... Une psychologue, responsable de la Plateforme d’accompagnement et de répit des aidants Sud 92, explique cette particularité àSud-Ouest:

"Si les situations d’aidance (sic) sont aujourd’hui variées, on observe néanmoins un point commun ; très souvent, l’aidant ne se perçoit pas, ne s’identifie pas spontanément comme tel. Il se considère avant tout comme le parent, le frère, la sœur ou le conjoint. Il estime 'qu’il est de son devoir' d’aider son proche.

Laure Vezin, Fondation Odilon Lannelongue

Le chiffre : 25 % des Français sont des aidants

Le chiffre est impressionnant, et concerne l'ensemble de la population cette fois (68 373 433 d'individus au 1 er janvier recence l'Insee) :25 % des Français sont des aidants en 2024 (contre 19 % en 2022*). Parmi eux, 28 % sont des séniors entre 50 et 64 ans, 31% des retraités de 65 ans et plus. 

Pour revenir au panel de personnes interrogées pour le baromètre du Collectif Je t'Aide, sur les deux tiers qui se considèrent comme aidants, 39 % en ont pris conscience dès le début, 34 % par l'intermédiaire de leur famille et seulement 20% grâce à un professionnel de santé. Les réseaux sociaux font désormais aussi office de révélateur, ayant contribué à informer 7% d'entre eux.

Corinne Benzekri, présidente du Collectif, àSud-Ouest: "s i la connaissance du terme “aidants” progresse au sein de la population française, il est encore difficile pour les aidant.es, qui se reconnaissent en tant que tels, de parler de leur situation d’aidance à leur entourage. Cela s’explique par une sorte de mélange de pudeur, de volonté de garder ce sujet intime au sein du cercle familial, de peur d’être stigmatisé."

Une situation qui dure et des aides trop méconnues

Quelle que soit la raison qui nécessite qu'une personne soit assistée (53 % pour dépendance due à la vieillesse, 36 % pour la maladie, 23% pour le handicap) et le type d'aide apportée (médicale, domestique, admnistrative, aux déplacements...), la situation dure au moins 3 ans et plus pour 55 % (dont 37 % sont des retraités) des personnes sondées.

Et les dispositifs d'accompagnement restent trop méconnus des aidants, comme par exemple les possibilité de financement des logements séniors. Ainsi ils sont : 

  • 39 % à ne pas connaître les formations pour aidants ;
  • 48 % à ne pas connaître les solutions de répit ;
  • 36% à ne pas connaître les plateformes de répit ;
  • 45 % à ne pas connaître le congé de proche aidant, créé en 2017 et indemnisé depuis 2020.

Or, 40 % des personnes interrogées ont répondu ressentir une fatigue mentale et émotionnelle, 33 % une fatigue physique et 31 % un manque de temps. Après avoir lu cet article, si vous vous reconnaissez dans ces portaits, prenez un maximum de renseignements dès maintenant !

*Sondage BVA pour la Fondation April).