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Voici ce que coûte chaque jour l’incarcération d’un prisonnier en FranceIllustrationIstock
Chaque mois, la population carcérale continue d'augmenter en France, malgré le manque de place. Chaque détenu coûte, chaque jour, très cher à l'État, mais le prix dépend en réalité des conditions de détention et des types d'établissement. On vous explique.

D'après la Cour des comptes, le nombre de personnes incarcérées ne cesse d’augmenter depuis environ vingt ans. Fin 2022, on comptait près de 73 000 détenus, un chiffre qui a grimpé à 81 599 au 1er février 2025. Les places disponibles peinent à suivre cette augmentation et atteignent le nombre de 62 404. En clair, le taux d'occupation dépasse les 130 % et frôlerait même les 140 % selon l'Observatoire international des prisons. Combien coûtent ces détenus au quotidien à la France ? 

Le prix journalier d'un détenu varie entre 10 et 252 euros par jour 

Selon Radio France, reprenant les informations communiquées par l'administration pénitentiaire, le coût d'un détenu est différent d'un profil à l'autre, ou dépend du type de condamnation selon l'étude réalisée par divers organismes. Un détenu incarcéré coûte chaque jour 105 euros, selon un rapport de la Cour des comptes (en date de 2023), tandis que cette somme atteint 130 euros selon l'administration pénitentiaire. Sur une année, cela représente un coût de 46 800 euros par détenu. 

Viennent s'ajouter quelques subtilités, dépendantes notamment du type d'établissement. Un détenu en attente de son jugement coûte en moyenne 117 euros par jour, "contre 252 euros dans les maisons centrales, axées sur la sécurité" est-il précisé. 

Les peines dites "alternatives" (sanctions qui remplacent la prison, souvent pour des délits moins graves et visent généralement à punir tout en favorisant la réinsertion, NDLR) coûtent également, à moindre mesure. 50 euros en moyenne par jour pour un détenu en semi-liberté et 10 euros pour une personne avec un bracelet électronique. 

Des conditions de détention des détenus régulièrement critiquées 

La France fait partie des pires élèves de France concernant les conditions de détention de ses prisonniers, révèle Libération. En termes de surpopulation carcérale et selon une étude du Conseil de l'Europe, l'Hexagone se trouve en 3ᵉ position, juste derrière Chypre et la Roumanie. 

L'actuel ministre de la Justice, Gérald Darmanin, souhaite créer des "prisons de haute sécurité" afin d'y intégrer les détenus les plus dangereux, mais aussi augmenter le nombre de détenus en semi-liberté "d'ici à 2027". Une mesure qui "permettra notamment de lutter contre la surpopulation carcérale et de favoriser la réinsertion" selon ses mots. Par ailleurs, le garde des Sceaux souhaite la mise en place d'infrastructures "modulaires" visant à accueillir des détenus condamnés à des peines de courte durée ou sur le point d'être libérés. En résumé, des prisons "préfabriquées" déjà sujettes aux controverses en raison des risques de vieillissement prématuré de ces établissements, laissant présager des conditions de travail difficiles pour le personnel pénitentiaire.

Des prisonniers qui montrent leur mécontentement 

Chez les prisonniers eux-mêmes, les protestations contre les conditions d'incarcération se multiplient. À Nîmes, le 28 septembre dernier, une centaine de prisonniers "ont refusé de regagner leurs cellules pendant quatre heures (...) pour dénoncer des conditions de détention inhumaines". À l'époque, les syndicats évoquaient la présence de rongeurs et de punaises de lit et un taux d'occupation de 267 % au quartier d'homme, selon l'Observatoire international des prisons